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Contes d'ici et d'ailleurs

Démarré par bunni, 18 Septembre 2012 à 00:22:36

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bunni


L'affreuse chenille

Il était une fois... Une petite chenille velue... Celle-ci, perchée sur une haute feuille d'un mûrier, déjeunait avec appétit. Si bien qu'elle n'aperçut pas le merle qui volait dans sa direction avec convoitise. Ce dernier, évidemment, l'avait prise pour cible dans l'espoir d'en faire son repas. L'oiseau fondit sur elle. Heureusement, il la rata de peu et vint planter son bec pointu dans la feuille tendre. Sous le choc, la petite chenille perdit l'équilibre et dégringola jusqu'au sol.

- Ouf ! Pas de mal !, murmura-t-elle.
Soudain, quelques ricanements fusèrent derrière la malchanceuse. Se tortillant de tous ses anneaux, elle parvint enfin à se remettre sur ses pattes. Une punaise, une araignée et une guêpe la regardaient en souriant.
- Regardez-moi cette petite ridicule !, dit la grosse araignée.
- C'est bien fait ! Beuêêêrk ! Un ver avec des poils !, ajouta la guêpe.
- Je... Je ne suis pas un ver, rétorqua la chenille. Je suis une che...
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase ; l'énorme punaise lui coupa la parole :
- Tais-toi ! Les rampants sont nos inférieurs et ils nous doivent obéissance.
- Mais... Mais..., tenta la petite chenille.
- Fiche le camp !, dit l'araignée, ou tu me serviras de dîner.

La petite ne pouvait qu'obéir et fit demi-tour. Depuis lors, chaque fois qu'elle apercevait un insecte, elle se cachait rapidement. Plusieurs jours s'étaient écoulés et la chenille vit pour la première fois son reflet dans la rosée d'une corolle de fleur.
- Mon Dieu ! Que je suis affreuse ! Je veux mourir, murmura-t-elle.
Lorsque le soir tomba, la petite chenille n'avait pas cessé de sangloter. Épuisée, elle s'endormit. Quelques temps plus tard, elle s'éveilla. Une brume épaisse semblait lui coller au corps.

- Où suis-je ? Combien de temps ai-je dormi ? Que m'arrive-t-il ? Je distingue à peine la clarté et je suis à l'étroit dans ma peau...
L'araignée, la guêpe et la punaise qui passaient par là observèrent la petite chenille séchée qui se tortillait faiblement.
- Ne dirait-on pas l'affreuse idiote que nous avons rencontrée il y a quelques semaines ?, dit l'araignée.
- Serait-elle en train de mourir ?, questionna la guêpe.
- Bah ! De toute façon, laide comme elle était, ce n'est pas une grande perte !, ricana la punaise.

Un craquement sinistre retentit, faisant reculer les trois spectateurs. Le bizarre objet séché n'était que la chrysalide de l'affreuse petite chenille. Le cocon, en se déchirant, libéra un énorme papillon. Il déploya toutes grandes ses ailes multicolores et toisa les trois médisants.

Le papillon prit la parole :
- Cancanez et ricanez à votre aise, mes pauvres amis ! A présent, c'est mon tour. Je vous plains, vous, qui toute votre vie devrez fuir devant ceux qui veulent vous exterminer !
A présent, l'affreuse chenille vous salue et s'en va folâtrer...
Sur ces mots, le beau papillon prit son envol. Le déplacement d'air de ses battements d'ailes fit basculer les trois insectes ébahis. L'araignée, la guêpe et la punaise demeurèrent assises sur le sol jusqu'à ce que le papillon ait disparu dans le ciel.
Alors, en promenade, ne chassez pas les papillons. Ils souffrent assez pour naître...




bunni


Il était une fois un paysan

Il était une fois un paysan qui possédait malgré sa pauvreté une petite ferme, un potager et un unique boeuf. Sa ferme très délabrée était faite de vieilles planches de bois qui moisissaient. Elle était constituée de deux pièces. La première était celle où, autrefois, il y avait l'étable qui pouvait accueillir une dizaine de boeufs. Maintenant il n'en reste plus qu'un car les autres, le paysan les avait tous vendus pour quelques sous. La deuxième pièce était celle où le paysan dormait, mangeait et se lavait. Le potager ne donnait pas beaucoup de légumes car la terre n'était pas fertile.


Mais le paysan en vivait en les vendant au bourg voisin. Cette maison était située en plein milieu d'un marécage remplit d'animaux bizarres (On disait que des trolls habitaient dedans) et de trous de vase de six mètres de profondeur ou de sables mouvants qu'on repérait difficilement. Il était lugubre ? surtout la nuit. Le marécage était, en été, asséché et laissait apparaître des algues d'eau douce sèches. Comme c'était l'été, on pouvait voir comment cette ferme flottait sur l'eau. Cette maison et son potager ne flottaient pas, mais étaient aménagés sur un talus de pierres et de terre qui avait été construit par le paysan.

Cette ferme qui ressemblait à une maison retranchée était reliée par un ponton qui aboutissait à un portail grinçant qui faisait office de sonnette. On pouvait voir aussi que les rives du marécage étaient entourées de buissons et d'arbres.

Mais cette maison n'était pas gratuite, il fallait payer beaucoup d'impôts et le paysan se perdait dans ses comptes. Bien que sa ferme soit située sur un terrain peu cher il dépensait presque tout son argent en nourriture. Il ne lui en restait plus pour payer les terres.


Un jour, par un beau temps d'été le roi, accompagné de ses experts comptables et de son escorte, lui rendit visite ; le paysan lui fit part de sa situation financière et de sa pitoyable vie.
- Je vois, je vois.. Mais vous avez oublié quelque chose, comptable, dit le roi.
L'un de ses comptables s'avança vers le paysan et dit :
- En effet vous avez oublié de payer les taxes de nourriture, celles sur le terrain et celles sur le droit de cultiver les terres : ce qui nous donne un total de onze mille écus !!!
- T..t..tant que ça ! ! ! ? S'écria le paysan.
- Oui tant que ça, et même si vous vendez tout ce que vous possédez, mais il reste une dernière chance car j'ai entendu parler d'un objet ou d'un animal qui pourrai vous donner ce que vous désirez... dit le roi d'un ton évasif.
- D'accord j'y cours tout de suite... Mais c'est où ?
- Cela se trouve en plein désert et il faudrait aussi gravir une montagne, mais même le plus insensé des fous ne se risquerait pas à le faire, dit le roi avec un petit rire.
- Eh bien, je suis fou et je vais le faire, dit-il bien déterminé.
- Soit, soit, allez-y mais dépêchez-vous, je commence à m'impatienter.
Sur ce, le paysan décida de partir la nuit même...

Le soir approchait et les heures paraissaient des jours entiers. Cependant il s'était préparé : Il avait attelé sa charrette avec son dernier boeuf. Il avait monté dessus une tente triangulaire et rembourrée de paille et d'herbe sèche. Il s'était habillé chaudement et il avait préparé une tenue d'été ( il ne faut pas croire qu'il fait toujours chaud dans un désert). Il avait pris également un tonneau d'eau qu'il avait rempli de morceaux de glaces volés dans la glacière royale. A l'intérieur de la tente il y avait tout ce qu'il fallait : une couchette, une cheminée en terre cuite, quelques vêtements de rechange, plus les livres qui étaient cachés sous la charrette. "Bon, se dit le paysan, à mon avis tout ce bric-à-brac doit suffire."

Enfin il se décida à partir et ouvrit le portail. Après un long moment, il prit un chemin bordé d'arbres puis tout à coup la lanterne s'éteignit. Lorsqu'il la ralluma, à sa grande surprise, il était en plein désert. En vérifiant sur la carte, il vit que le chemin aboutissait directement au désert. Il rangea sa carte, s'allongea sur sa couchette et s'endormi.

Il se réveilla quelques heures plus tard, il faisait toujours nuit, et en sortant de la tente pour s'asseoir sur le banc du conducteur, il vit une silhouette à quelques mètres de la charrette. Le paysan l'arrêta, puis avança la lanterne pour mieux voir. Deux yeux reflétaient la lumière de la lanterne. Ils s'avancèrent et le paysan s'écria :
- Ha... Un chat ici ?
- Oui un chat mais pas n'importe lequel : je suis Zic-Zac, dit le chat.
- Connaît pas, drôle de nom, mais en tout cas, je suis content d'avoir un invité qui parle. Je suis un peu seul. Puis-je t'inviter pour le repas, tu sembles avoir faim.
- J'allais justement te le demander, cela fais longtemps que je n'ai pas mangé, dit le chat affamé.
- Bon, qu'est-ce que tu veux ? ...

Après un somptueux repas et un bol de lait ? le chat dit :
- Veux-tu que je t'aide dans ta quête ?
- D'accord mais comment ?
Et le chat lui donna une petite clef en or.
- Ton dîner était excellent, et pour te remercier je te la donne : c'est une clef magique, ou si tu préfères, c'est une clef passe partout. Je te donne aussi cette petite boîte (c'était une boîte en forme de pyramide incrustée de pierres précieuses). Elle te transportera là où tu veux à condition que tu sois à l'intérieur du bouclier...
- Et comment fonctionne-t-elle cette boite ?
Le chat ? Le chat ? Mais le chat était déjà sorti de la charrette et salua le paysan, puis disparu dans la nuit sombre.

Le paysan se coucha... Puis, après quelques heures de sommeil, à l'aube le paysan vit une autre charrette mieux équipée que la sienne. "Cela doit être un chevalier du roi qui a du être envoyé pour rapporter l'animal, j'aurais du m'en douter." Pensa le paysan. L'aube se levait et tout à coup, le paysan entendit un petit sifflement et vit un carreau d'arbalète planté dans le sable.
- Mais il est fou ! Il me tire dessus ! S'exclama le paysan. Puis un autre carreau s'abattit sur sa tente. Il se dit qu'il avait bien fait de rembourser sa tente.

C'était l'heure de déjeuner, alors le paysan décida de manger puisque dans sa tente il ne craignait rien. Mais avant de s'y engouffrer, il vit que la charrette de l'autre, qui continuait à avancer, était en flamme, et que son cheval avait disparu. Le garde du roi avait brûlé dans la charrette ! Il se souvint alors de ce que le chat lui avait dit : "La boite te transportera là où tu veux à condition que tu sois à l'intérieur du bouclier..."

En se rappelant de ce que le chat lui avait dit, il arrêta la charrette et descendit sur le sable. Il faisait un soleil de plomb et en essuyant les perles qui ruisselaient sur son front, il prit une poignée de sable brûlant qu'il jeta sur le bouclier invisible qui devait se trouver sans doute devant lui... Et le sable s'enflamma ! Tout devint clair pour le paysan :

Le bouclier dont avait parlé le chat était un bouclier invisible qui protégeait la montagne de verre et ses alentours où se trouvait cet animal merveilleux, et qui ne laissait passer que les animaux. Aussi, le chat lui avait donné une petite clef en or qui devait sans doute ouvrir une porte sur le bouclier... Mais où était la serrure ? Le paysan se dit alors qu'il suffisait d'en faire le tour pour la voir.

Il fit le tour mais il ne vit pas de porte, juste la montagne de verre sous tous ses angles. Le soleil était au plus haut et reflétait sur la montagne ce qui éblouissait le paysan.

Comme il ne voyait pas la porte, il arrêta la charrette et se dit qu'en fait, il n'y avait qu'à mettre la clef dans le bouclier. Le paysan le fit et il entendit un bruit sourd indescriptible. Puis, pour s'assurer qu'il avait bien ouvert une porte, il lança une grosse poignée de sable qui ne s'enflamma pas. Il remonta donc dans sa charrette et remit le boeuf en marche. Tout à coup, le paysage se changea en une belle prairie d'herbe fraîche avec un lac rempli d'animaux qui barbotaient dedans. Il vit aussi une forêt d'où sortaient des animaux. Tous ces animaux avaient l'air très heureux ici, et le climat était frais. Il vit au centre de la prairie la montagne de verre qui semblait surgir du sol ; au sommet trônait un jardin rempli d'arbres et de fleurs.

Le paysan se dit qu'alors le bouclier donnait aussi une fausse image du paysage lorsqu'on était hors du bouclier. Il entendit un bruit sourd comme si la porte s'était refermée.
- Mais comment vais-je faire pour aller là-bas, au pied de la montagne ?
En effet, la montagne était sur un îlot entouré d'eau. Puis il pensa à la boite, il la prit et essaya de l'ouvrir : Il réussit à l'entrebâiller
mais " OUAIIEEE ! ! ! " Il se pinça le pouce car la boite se referma sur son pouce. En poussant ce cri, il fit partir tous les oiseaux qui s'abreuvaient dans le lac et les autres animaux courraient dans tous les sens puis se cachaient dans la forêt. Puis il entendit une voix rauque qui semblait provenir de derrière la charrette :
- Idiot, tu as fait raté mon coup, à cause de toi je n'aurais pas mon festin ! ! !

Le paysan sortit de la charrette et vit un chien tout noir au ventre recouvert de poil rouge orangé qui était fou de rage et qui montrait ses dents. Ses yeux rouges, ardents semblaient transpercer le paysan qui eut un frisson qui parcourut sa colonne vertébrale.
- Qui... qui êtes vous ?
- Je suis Méchantchien la terreur des animaux ? Et si tu te moques de mon nom, je te dévore. Mais je crois que tu as fais fuir les animaux, c'est toi que je vais dévorer !
- Ah..ah ne me touche p..pas, dit le paysan d'un ton fébrile.
Et en un instant le chien lui mordit profondément le bras mais " KCHISSS ! ! ! "
- Kaïïïïï !?! C'était le chat qui était intervenu avant que le Méchantchien ne dévore le paysan.
- Ah... j... je meurs, dit le paysan tout frissonnant.
- Mais non, mais non, tu ne meurs pas, ce n'est qu'une petite blessure, je vais arranger ça, dit une voix familière.
- C'est toi le chat ? On dirait que tu as fait une belle frousse à ce chien. Il est parti en courant la queue entre les pattes, dit le paysan.
Il vit le chat apparaître avec un flacon dans sa gueule et en versa un peu sur sa blessure. Le paysan vit sa blessure disparaître...
- Qu'est-ce que c'est ?
- C'est juste de l'eau du lac où s'abreuvent les oiseaux " dit le chat en lui faisant signe de prendre un objet, une dague, qu'il poussa avec sa patte.
Le chat lui expliqua aussi qu'elle pouvait faire disparaître Méchantchien...
- Bon, maintenant que tu as la dague, va manger le chien, dit le chat. Et le paysan sauta de la charrette et vit que le chien était à l'affût au bord du lac.
- Toutou... petit chienchien... petit petit, cria le paysan et le chien cria à son tour avec rage :
- Grrrr... encore toi ? Cette fois ci s'en est fini !
Et le chien chargeât le paysan... Le paysan ne savait pas manier les armes, mais les lancer ça oui, alors il le fit et d'un tir très bien assuré... Incroyable se dit le paysan car "PLUC" le chien explosa en de milliers de cendres ardentes.

Le paysan reprit la dague qui avait traversé le chien sans une trace de sang, puis il se retourna vers le chat toujours assis sur la banquette du conducteur et qui avait assisté au spectacle comme sur une estrade pour regarder les théâtres de plein air. Puis le paysan dit :

- Euh... tu ne me l'as pas dit comment marche ce machin là ... euh... le transporteur.
- Mince c'est vrai, j'ai oublié de te le dire : c'est simple, il suffit de dire l'endroit où tu veux aller, mais juste à l'intérieur du bouclier bien évidemment.
- Merci, je vais essayer cette boite.
Mais lorsqu'il se retourna le chat n'était plus là !
- Impossible d'avoir une discussion avec lui. Mais enfin je vais essayer cette boite.
- Il essaya déjà un endroit assez loin :
- Hum... au bord du lac. Mais une voix couinante sortit de la boite :
- Indiquez un endroit précis !
- Vers les joncs là-bas.
- Avec qui ou quoi ?
- Avec. ( il réfléchit ) - euh... avec mon boeuf, ma charrette et tout ce qu'elle contient enfin.. euh tout ce que je possède.
- Quand ?
- Grrr, mais TOUT DE SUITE ! ! !

Et instantanément la boite s'ouvrit en laissant apparaître une autre pyramide en cristal bleu qui éclata en poussière bleue, ce qui brouilla la vue du paysan , et en se retirant, le paysan vit qu'il était au bord du lac. Mais comme il avait dit " tout ce que je possède ", il était bien avec sa charrette, son boeuf et tout, mais il y avait aussi son talus de pierre, son potager dessus, sa maison aussi, et même son ponton qui faisait office de ponton d'amarrage car il avait les pieds dans l'eau du lac.

Et comme celle-ci était magique le ponton se transforma en un ponton poncé et ciré avec des anneaux. Le talus de pierre se transforma en en une jolie dune de sable bordée de sapin et le jardin se transforma en magnifique jardin avec un coin rempli de fleurs de toutes sortes, avec des allées et des dalles de marbre rose, puis des légumes de toutes sortes et douze arbres fruitiers. Enfin, la maison devint un vrai palace sur plusieurs étages dont une terrasse pour déjeuner et, une cloche de verre qui abritait un jardin avec beaucoup d'outils et de produits (sans doute magiques) pour croiser les végétaux.

Le paysan s'était assis par terre à cause de son bonheur. Il se releva, ouvrit le portail, et entra dans sa maison. Il vit que le rez-de-chaussée était une grande salle avec un plancher tellement bien ciré qu'il faillit tomber. Une grande table était dressée au milieu et débordante de convives. Puis un serveur entra et dit :
- Bonjour Monsieur, je suis votre serviteur : cuisinier, masseur, entraîneur, jardinier, ... enfin je fais tout. Puis-je vous faire une visite des lieux.
- Bon...bonjour j... je veux bien visiter.
- Tant mieux sinon vous risqueriez de vous perdre.

Le paysan suivit le serviteur qui monta par un escalier en colimaçon... Et à la fin de la montée, le serveur ouvrit une porte et un vestiaire se présenta derrière la porte. Le guide dit au paysan de se déshabiller et de prendre une serviette et il ouvrit une autre porte qui menait maintenant à des thermes immenses : bains chauds ou froids, plongeoir, et sauna.

Le serviteur lui dit :
- Si Monsieur veut bien prendre un bain.
- Je n'ai pas le temps de faire la visite des lieux, je dois... Mais le serviteur lui coupa la parole.
- Je suis au courant de votre quête. Vos problèmes sont finis, j'ai réglé vos dettes.
- Ah, mais je n'avais pas assez de sous !
- Je sais, c'est pour ça que j'ai demandé à un animal de la faire à votre place.
- Ah ! Oui, il vous attend dans le jardin.
- Il attend dans... le jardin !
Et il descendit dans le jardin et le serviteur laissa le paysan. Le paysan demanda :
- Une dernière chose : où se trouve l'animal et, votre nom, c'est comment ?
- Il est au fond du jardin à coté de la fontaine, je m'appelle Faitou.
- Merci.
Et le paysan alla au fond du jardin et quand il arriva près de la fontaine, le paysan sursauta :
- Ah ! C'est toi Zic-Zac l'animal merveilleux ?
- Oui c'est moi et je préfère que tu m'appelles le chat. Tu te demandes pourquoi je t'ai aidé ? Car dès que j'ai su que tu avais une intention déterminée : payer tes dettes, alors que d'habitude les gens veulent le pouvoir et la richesse. Et qu'en plus tu aimais les chats ! Et les animaux. Dorénavant ce petit paradis t'appartient !
- Merci, dit le paysan en portant le chat, entre ses bras. Tu seras mon animal de compagnie. Je vais demander à Faitou de mettre un couvert de plus et après on jouera à ton jeu favori : les ENIGMES.

Et ils vécurent heureux pendant des milliers années (compte tenu des produits magiques qui rallongent la durée de la vie ).

bunni


La malle volante

Il était une fois un marchand, si riche qu'il eût pu paver toute la rue et presque une petite ruelle encore en pièces d'argent, mais il ne le faisait pas. Il savait employer autrement sa fortune et s'il dépensait un skilling', c'est qu'il savait gagner un daler. Voilà quelle sorte du marchand c'était - et puis, il mourut.
Son fils hérita de tout cet argent et il mena joyeuse vie; il allait chaque nuit au bal masqué, confectionnait des cerfs-volants avec des riksdalers de papier, et faisait des ricochets sur la mer avec des pièces d'or à la place de pierres plates. A ce train, l'argent filait vite... A la fin, le garçon ne possédait plus que quatre shillings et ses seuls vêtements étaient une paire de pantoufles et une vieille robe de chambre.

Ses amis l'abandonnèrent puisqu'il ne pouvait plus se promener avec eux dans la rue. Mais l'un d'entre eux, qui était bon, lui envoya une vieille malle en lui disant: Fais tes paquets!

C'était vite dit, il n'avait rien à mettre dans la malle. Alors, il s'y mit lui-même.

Quelle drôle de malle! si on appuyait sur la serrure, elle pouvait voler.

C'est ce qu'elle fit, et pfut! elle s'envola avec lui à travers la cheminée, très haut, au-dessus des nuages, de plus en plus loin. Le fond craquait, notre homme craignait qu'il ne se brise en morceaux, il aurait fait une belle culbute! Grand Dieu! ... et puis, il arriva au pays des Turcs. Il cacha la malle dans la forêt, sous des feuilles sèches,

Quand nous étions parmi les rameaux verts, soupiraient-elles, on peut dire C'était la belle vie. C'était matin et soir thé de diamants - la rosée - toute la journée le soleil quand il brillait - et les oiseaux pour nous raconter des histoires.

Et nous nous sentions riches! Les arbres à feuillages n'étaient vêtus que l'été. Nous, nous avions les moyens d'être habillées de vert été comme hiver. Mais les bûcherons sont venus et ça a été la grande révolution: notre famille fut dispersée.

Notre père le tronc fut placé comme grand mât sur un splendide navire qui pouvait faire le tour du monde, s'il le voulait; les autres branches furent utilisées ailleurs, et notre sort, à nous, est maintenant d'allumer les lumières pour les gens du commun. C'est pourquoi nous, gens de qualité, avons échoué à la cuisine.

- Mon histoire est toute différente, dit la marmite. Depuis que je suis venue au monde, on m'a récurée et fait bouillir tant de fois! je pourvois au substantiel et suis réellement la personne la plus importante de la maison. Ma seule joie c'est, après le repas, de m'étendre propre et récurée sur une planche et de tenir la conversation avec les camarades. Mais à l'exception du seau d'eau qui, de temps en temps, descend dans la cour, nous vivons très renfermés. Notre seul agent d'information est le panier à provisions, mais il parle avec tant d'agitation du gouvernement et du peuple! Oui, l'autre jour, un vieux pot, effrayé de l'entendre, est tombé et s'est cassé en mille morceaux - il a des idées terriblement avancées, vous savez!

- Tu parles trop, dit le briquet. Son acier frappa la pierre à fusil qui lança des étincelles. Tâchons plutôt de passer une soirée un peu gaie.

Oui, dirent les allumettes. Cherchons qui sont, ici, les gens du plus haut rang. -Non, je n'aime pas à parler de moi, dit le pot de terre, ayons une soirée de simple causerie. je commencerai. Racontons quelque chose que chacun a vécu, c'est bien facile et si amusant.

- Au bord de la Baltique, sous les hêtres danois ...

- Quel charmant début! interrompirent les assiettes. Nous sentons que nous Baignerons cette histoire!

Oui, j'ai passé là ma jeunesse dans une paisible famille. Les meubles étaient cirés, les parquets lavés, les rideaux changés tous les quinze jours.

Comme vous racontez d'une manière intéressante! dit le balai à poussière. On se rend compte tout de suite que c'est une femme qui parle; il y a quelque chose de si propre dans votre récit.

- Oui, ça se sent, dit le seau d'eau. Et, de plaisir, il fit un petit bond et l'on entendit "platch" sur le parquet.

Le pot de terre continua son récit dont la fin était aussi bonne que le commencement. Les assiettes s'entrechoquaient d'admiration, et le balai prit un peu de persil et en couronna le pot parce qu'il savait que cela vexerait les autres, et aussi parce qu'il pensait: "Si je le couronne aujourd'hui, il me couronnera demain." Maintenant, je vais danser pour vous, dit la pincette.

Et elle dansa. Grand Dieu! comme elle savait lancer la jambe! La vieille garniture de chaise, dans le coin, craqua d'intérêt devant ce spectacle.

- Est-ce que je serai couronnée ? demanda la pincette. Et elle le fut.

- Comme elle est vulgaire, pensèrent les allumettes.

C'était au tour de la bouilloire à thé de chanter, mais elle prétendait avoir un rhume et ne pouvoir chanter qu'au moment de bouillir. Ce n'était qu'une poseuse qui ne voulait se produire que sur la table des maîtres.

Sur la fenêtre, il y avait une vieille plume dont la servante se servait pour écrire. Elle n'avait rien de remarquable sinon qu'elle avait été plongée trop profondément dans l'encrier ce dont elle tirait grande vanité.

- Si la bouilloire à thé ne veut pas chanter, dit-elle, elle n'a qu'à s'abstenir. Il y a là dehors, dans une cage, un rossignol. Lui sait chanter quoiqu'il n'ait jamais appris. Il nous suffira pour ce soir.

- Je trouve fort inconvenant, dit la bouilloire qui était la cantatrice de la cuisine, qu'un oiseau étranger se produise ici. Est-ce patriotique ? J'en fais juge le panier à provisions.

- Je suis vexé, dit le panier à provisions, plus que vous ne le pensez peut-être! Est-ce une manière convenable de passer la soirée? Ne vaudrait-il pas mieux réformer toute la maison, mettre chacun à sa place! je dirigerais le mouvement. Ce serait autre chose.

Oui, faisons du chahut ! s'écrièrent-ils tous.

A cet instant, la porte s'ouvrit, la servante entra. Tous devinrent muets. Personne ne broncha plus, mais il n'y avait pas un seul petit pot qui ne fut conscient de ses possibilités et de sa distinction.

- Si j'avais voulu, pensaient-ils tous, cela aurait vraiment pu être une soirée très gaie.

La servante prit les allumettes et les gratta. Comme elles crépitaient et flambaient!

- Maintenant, tout le monde voit bien que nous sommes les premières. Quel éclat! Quelle lumière

Ayant dit, elles s'éteignirent.

- Quel charmant conte, dit la reine. je croyais être à la cuisine avec les allumettes. Oui, tu auras notre fille.

- Bien sûr, dit le roi, tu auras notre fille lundi.

Ils le tutoyaient déjà puisqu'il devait entrer dans la famille.

Le mariage fut fixé. La veille au soir toute la ville fut illuminée, les petits pains mollets et les croquignoles volaient de tous côtés, les gamins des rues se tenaient sur la pointe des pieds, criaient "Bravo! " et sifflaient dans leurs doigts. Une belle soirée !

Il faut aussi que je fasse quelque chose de bien, pensa le fils du marchand.

Il acheta des raquettes, des fusées, des pétards et tous les feux d'artifices imaginables. Il les mit dans sa malle et s'envola dans les airs.

Pfutt ! Quelles gerbes et quels crépitements tombaient du ciel !

Tous les Turcs sautaient en l'air, leurs pantoufles volant par-dessus leurs oreilles. Ils n'avaient jamais rien vu de si beau. Ils étaient bien persuadés que c'était le dieu des Turcs lui-même qui allait épouser la princesse.

Aussitôt que le fils du marchand fut redescendu dans la forêt, il se dit :

- Je vais aller en ville pour savoir comment tout s'est passé en bas, et ce qu'on a pensé de mon feu d'artifice.

Et c'était assez naturel qu'il fût curieux de le savoir. Non ce que les gens pouvaient en dire! chacun avait vu la chose à sa façon, mais tous l'avaient vivement appréciée.

- J'ai vu le dieu des Turcs en personne, disait l'un, il avait des yeux brillants comme, des étoiles et une barbe comme l'écume de la mer.

- Il portait un manteau de feu, disait l'autre, les anges les plus ravissants montraient leur tête dans ses plis. Tout cela était fort agréable! - et le lendemain, le mariage devait avoir lieu.

Il retourna dans la forêt pour remonter dans sa malle. Où était-elle donc? Elle avait brûlé; une étincelle du feu d'artifice y avait mis le feu et la malle était en cendres. Il ne pouvait plus voler, il ne pouvait plus se présenter devant sa fiancée.

Elle l'attendit toute la journée sur le toit de son palais. Elle l'y attend encore, tandis que lui court le monde en racontant des histoires, mais elles ne sont plus aussi amusantes que celle des allumettes.


bunni


Le dauphin intrépide

Il était une fois un Dauphin que rien n'effrayait et qui mourait d'ennui dans le château de son père. Un jour il déclara :
-"Je vais parcourir l'immensité du monde pour ne plus sombrer dans l'ennui et la mélancolie, ainsi je découvrirai d'innombrables merveilles."
Aussi prit-il congé de ses parents et s'en alla à la découverte, jour après jour, infatigablement, du matin au soir. Là où ses pas le menaient tout lui paraissait singulier.

Il arriva un beau jour face à la demeure d'un géant. Aussi en profita -t-il pour faire une pause, il s'assit donc près de l'entrée. Tandis que ses yeux exploraient minutieusement les lieux, il aperçut dans la cour un gigantesque jeu, c'était un jeu de quilles et il était aussi grand qu'un homme. Après quelques instants, l'envie le saisit de jouer, il pénétra dans le parc et il se mit à jouer. Il releva donc les quilles et se mit à les culbuter avec les boules, à chaque coup gagnant il poussait des cris de joie lorsque les quilles qui tombaient, c'était une vraie griserie. Le géant entendant ce vacarme, passa la tête par la fenêtre et aperçu le Dauphin, celui-ci n'était pour lui en fait qu'un petit homme pas plus grand que ses congénères et qui jouait avec ses quilles.
-"Eh ! bambin, que fais-tu avec mes quilles et qui t'a donné tant de force ?"
-"Eh bien titan, voudrais-tu dire que tu serais le seul à avoir un bras assez fort ? Je peux faire tout ce que bon me semble du moment que j'en ai l'envie et le plaisir."
Le géant descendit, regarda le jeu de quille éparpillé et dit :
-"Fils d'homme, si tu en as la force alors vas et ramène moi une Pomme de l'Arbre de la Vie."
-"Et que veux-tu donc en faire ?" rétorqua le Dauphin.
-"Je ne veux pas le fruit pour moi !" répondit le géant,
-"Mais pour ma fiancée qui le réclame ; j'avais parcouru le monde de long en large à sa recherche et je n'avais pu trouver cet arbre."
-"Je te le trouverai !" annonça le Dauphin, "et je ne vois pas, ce qui m'empêcherait de te ramener la Pomme."
Le géant s'exclama
-"Voudrais-tu dire que cele te serait si aisé ? Le jardin où pousse l'arbre est entouré d'une grille de fer, et devant cette grille se tiennent côte à côte, des bêtes sauvages, elles montent la garde et ne laissent passer personne."
-"Elles me laisseront passer" dit le Dauphin.
-"Oui, lorsque tu atteindras le jardin et que tu verras la Pomme suspendue dans l'arbre, elle ne sera pas encore à toi. Un anneau est pendu devant, au travers duquel tu devras tendre le bras, si tu veux atteindre et cueillir la pomme. Et ce ne sera pas de tout repos."
-"Pour moi, ce sera une broutille !" se vanta le Dauphin.

Il prit donc congé du géant et parcourut monts et vallées, champs et forêts jusqu'à ce qu'il trouve le jardin merveilleux. Les bêtes étaient là, mais elles dormaient, leurs têtes inclinées. Elles ne se reveillèrent point tandis qu'il approchait. Il les contourna, escalada la grille et se retrouva dans le jardin. Là se dressait au beau milieu, l'Arbre de la Vie, ses pommes rouges resplendissaient, comme pour le narguer. Il grimpa sur le tronc et tandis qu'il voulait atteindre une pomme, il vit un anneau pendre devant, il passa sans difficulté son bras au travers et attira à lui le fruit. L'anneau se referma sur son bras et il sentit soudain une force sauvage envahir son sang. Un fois redescendu de l'arbre, il évita de repasser par dessus la grille, et empoigna le portail et n'eût qu'à l'ébranler pour qu'il s'ouvrît à grand fracas. Il sortit mais le lion qui montait la garde devant était soudain devenu docile. Il suivi le Dauphin, humblement comme son maître.
Le dauphin ramena au géant la pomme promise et déclara :
-"Vois-tu, je te l'ai rapportée sans coup-férir !"
Le géant était heureux de voir son voeux si promptement assouvi. Il se précipita chez sa fiancée et lui donna la pomme qu'elle avait demandée. C'était une belle et intelligente femme, et vit qu'il ne portait pas au bras l'anneau. Elle lui dit alors :
-"Je ne crois pas que tu aies cueilli le fruit, puisque je ne vois pas l'anneau à ton bras."
Le géant dit :
-"Il suffit que je retourne chez moi pour le chercher."
Il pensa qu'il serait facile de prendre au petit Dauphin ce que celui-ci ne voudrait pas lui donner de bonne grâce. Il alla donc lui réclamer l'anneau, mais le Dauphin protesta :
-"Là où la pomme se trouve, doit aussi se trouver l'anneau." tonna le géant.
-"Si tu ne veux pas le donner, alors tu devras m'affronter."

Comme le Dauphin ne voulut pas lui céder, la lutte s'engagea donc. Ils s'affrontèrent très longtemps, mais le géant ne pouvait pas vaincre le Dauphin qui bénéficiait de la force de l'Anneau. Alors le géant imagina une ruse et proposa :
-"Je suis en nage d'avoir combattu et toi aussi. Allons nous baigner à la rivière pour nous rafraîchir puis nous reprendrons la lutte promptement."
Le Dauphin, qui manquait d'expérience et ne connaissait rien à la rouerie des êtres humain, accepta d'aller avec lui se baigner. Arrivé à la rivière, il se dévêtit, ota son Anneau et plongea dans la rivière.
Aussitôt, le géant bondit sur l'Anneau et disparu avec. Mais le lion, qui avait vu le larcin, se jetta sur ses talons, et le rejoignant lui arracha l'Anneau des mains et pour le ramener à son maître. De dépit le géant, se dissimula derrière un chêne, et attendit que le Dauphin se rhabille pour se précipiter sur lui. Et quand cela fut fait, il se jeta sur lui et lui creva les yeux.

Pauvre Dauphin, aveugle impuissant, il restait debout, paralysé. Le géant revint vers lui, le saisit par le bras comme on le fait pour quelqu'un que l'on veut guider. Il l'entraina sur le sommet d'un rocher. Puis le laissa debout là en pensant :
-"Encore un pas et il fera un saut mortel et je pourrai lui prendre l'Anneau".
Mais le fidèle lion n'avait pas abandonné son maître, il le saisit par son pourpoint et le tira petit à petit en arrière. Quand le géant revint pour dépouiller le mort, il vit que sa ruse avait échoué.
-"N'est-il pas possible d'éliminer un si faible petit humain ?" se dit-il rageusement, il empoigna le Dauphin et le mena par un autre chemin sur le surplomb : mais le lion qui avait remarqué le méchant dessein, aida à nouveau son maître à se sortir de ce nouveau danger. Alors qu'ils furent arrivés au bord, le géant lâcha le bras de l'aveugle et voulut le laisser seul, mais à cet instant le lion bouscula brutalement le géant qui partit s'écraser au fond du précipice.

Le fidèle animal, tira son maître à nouveau en arrière et le mena vers un arbre près duquel coulait un ruisseau à l'eau cristaline. Le Dauphin, s'assit, mais le lion s'allongea et lui arrosa le visage avec sa crinière. A peine quelques gouttes eurent-elles mouillées ses yeux qu'il put à nouveau distinguer quelque chose. Il remarqua un oiselet qui voleta tout près de lui, mais brusquement il se heurta à un arbre : il se laissa alors tomber dans l'eau. Après s'y être baigné, il s'envola d'un trait entre les arbres sans les toucher, comme s'il avait retrouvé une autre tête. Alors le Dauphin reconnut un signe de Dieu. Il se pencha sur l'eau et y plongea le visage. Quand il se releva, ses yeux étaient de nouveau clairs et purs, comme jamais auparavant ils n'avaient été.

Le Dauphin, remercia Dieu pour cette grande grâce et accompagné de son lion repartit parcourir le monde. Il parvint à un château qui était envoûté. A l'entrée se trouvait une jeune femme à l'allure gracieuse et au visage fin, mais elle avait été noircie. Elle lui adressa la parole et lui dit :
-"Hélas, pourras-tu me libérer du méchant sort qui m'a été jeté ?"
-"Que dois-je faire ?" répondit le Dauphin.
La jeune femme, expliqua :
"Tu devras passer trois nuits dans la grande salle du château maudit, mais tu ne devras pas avoir peur. Si en dépit de tout elle te tourmente et que tu y résiste sans gémir alors je serais libérée ; elle ne pourra pas te prendre la vie.
Alors le Dauphin annonça ;

-"Je ne crains rien, et je veux avec l'aide de Dieu essayer."
Il s'avança gaiement vers le château, et lorsque la nuit vint il s'assit dans la grande salle et attendit. Tout resta calme jusqu'à minuit. A ce moment là, un bruit fracassant retentit, et de chaque coin et recoin, vinrent de petits démons. Ils firent comme s'ils ne l'avaient pas vu, s'assirent dans la pièce firent du feu et commencèrent à jouer. Lorsqu'un d'entre eux perdait, il disait :
-"Ce n'est pas juste, il y a quelqu'un ici qui n'est pas des nôtres, et qui fait que je perds."
-"Attends, je viens, toi derrière le poêle" dit un autre. Les cris étaient toujours plus forts, et personne n'eût pu les entendre sans en être effrayé. Le Dauphin, resta de marbre, assit paisiblement et n'avait aucune crainte : finalement, les démons sautèrent sur le sol et se jetèrent sur lui. Il y en avait tant qu'il ne pouvait plus leur résister. Ils le tirèrent sur le sol, le pincèrent, le piquèrent le frappèrent et le cognèrent mais il ne poussa aucun cri. Au matin ils disparurent mais il était tellement courbattu qu'il ne pouvait plus plier une seule de ses articulations ; alors que le jour se levait, il vit approcher la jeune femme, elle tenait dans ses mains un flacon dans lequel se trouvait l'élixir de la Vie avec laquelle elle le nettoya. Aussitôt, ses douleurs disparurent et il sentit une force nouvelle irriguer son sang. Elle dit :
-"Une nuit, tu as eu de la chance de pourvoir tenir, mais deux sont encore à affronter." Puis elle partit, et il remarqua alors que ses pieds étaient devenus blancs. La nuit suivante, les démons revinrent et recommencèrent leur sarrabande : ils se jetèrent de nouveau sur le Dauphin et le frappèrent plus violemment que la veille, si bien que son corps ne fut plus que douleurs et blessures. Il resta si calme qu'ils durent le quitter alors que l'aube s'avançait, la jeune femme apparut et le soigna à l'élixir de la Vie. Et tandis qu'elle s'éloignait, il vit avec joie, qu'elle était devenue blanche jusqu'aux extrémités de ses doigts. Maintenant il devait tenir encore une nuit, mais elle serait la pire. Les démons revinrent encore :
-"Es-tu encore là ?", hurlèrent-ils, "tu seras tellement affligé que tu ne pourras plus respirer."
Ils le piquèrent, le frappèrent, le projetèrent ici et là en le tirant par les membres comme s'ils voulaient l'écarteler : mais il fit front à tout et ne poussa ni mots ni cris. Enfin les démons disparurent, mais il resta inconscient sans bouger : il ne pouvait pas non plus ouvrir les paupières pour voir la jeune femme qui vint à lui avec l'élixir de la Vie pour l'en asperger. Alors, d'un coup, il fut libérer de toutes ses douleurs et blessures et se sentit frais et vif comme après un sommeil réparateur et quand il ouvrit les yeux, il vit la jeune femme, qui se tenait debout près de lui, d'une blancheur immaculée et d'une beauté resplendissante.
-"Lève-toi !", lui dit-elle, "et passe ton épée au dessus de l'escalier et tout sera désenvoûté."
Lorsqu'il l'eut fait, le château fut libéré de l'envoûtement, et la jeune femme redevint une riche Dauphine. Les serviteurs vinrent pour annoncer que la table était dressée dans la grande salle. Ensemble ils mangèrent et burent, et le soir festoyèrent à leurs noces.



bunni


Les présents des gnomes

Un tailleur et un forgeron voyageaient ensemble. Un soir, comme le soleil venait de se coucher derrière les montagnes, ils entendirent de loin le bruit d'une musique qui devenait plus claire à mesure qu'ils approchaient. C'était un son extraordinaire, mais si charmant qu'ils oublièrent toute leur fatigue pour se diriger à grands pas de ce côté. La lune était déjà levée, quand ils arrivèrent à une colline sur laquelle ils virent une foule de petits hommes et de petites femmes qui dansaient en rond d'un air joyeux, en se tenant par la main ; ils chantaient en même temps d'une façon ravissante, et c'était cette musique que les voyageurs avaient entendue. Au milieu se tenait un vieillard un peu plus grand que les autres, vêtu d'une robe de couleurs bariolées, et portant une barbe blanche qui lui descendait sur la poitrine. Les deux compagnons restaient immobiles d'étonnement en regardant la danse. Le vieillard leur fit signe d'entrer, et les petits danseurs ouvrirent leur cercle. Le forgeron entra sans hésiter : il avait le dos un peu rond, et il était hardi comme tous les bossus. Le tailleur eut d'abord un peu de peur et se tint en arrière; mais, quand il vit que tout se passait si gaiement, il prit courage et entra aussi. Aussitôt le cercle se referma, et les petits êtres se remirent à chanter et à danser en faisant des bonds prodigieux; mais le vieillard saisit un grand couteau qui était pendu à sa ceinture, se mit à le repasser, et quand il l'eut assez affilé, se tourna du côté des étrangers. Ils étaient glacés d'effroi; mais leur anxiété ne fut pas longue : le vieillard s'empara du forgeron, et en un tour de main il lui eut rasé entièrement les cheveux et la barbe; puis il en fit autant au tailleur. Quand il eut fini, il leur frappa amicalement sur l'épaule, comme pour leur dire qu'ils avaient bien fait de se laisser raser sans résistance, et leur peur se dissipa. Alors il leur montra du doigt un tas de charbons qui étaient tout près de là, et leur fit signe d'en remplir leurs poches. Tous deux obéirent sans savoir à quoi ces charbons leur serviraient, et ils continuèrent leur route afin de chercher un gîte pour la nuit. Comme ils arrivaient dans la vallée, la cloche d'un monastère voisin sonna minuit : à l'instant même le chant s'éteignit, tout disparut, et ils ne virent plus que la colline déserte éclairée par la lune.
Les deux voyageurs trouvèrent une auberge et se couchèrent sur la paille tout habillés, mais la fatigue leur fit oublier de se débarrasser de leurs charbons. Un fardeau inaccoutumé qui pesait sur eux les réveilla plus tôt qu'à l'ordinaire. Ils portèrent la main à leurs poches, et ils n'en voulaient pas croire leurs yeux quand ils virent qu'elles étaient pleines, non pas de charbons, mais de lingots d'or pur. Leur barbe et leurs cheveux avaient aussi repoussé merveilleusement. Désormais ils étaient riches; seulement le forgeron, qui, par suite de sa nature avide, avait mieux rempli ses poches, possédait le double de ce qu'avait le tailleur.
Mais un homme cupide veut toujours avoir plus que ce qu'il a. Le forgeron proposa au tailleur d'attendre encore un jour et de retourner le soir près du vieillard pour gagner de nouveaux trésors. Le tailleur refusa, disant : « J'en ai assez, et je suis content; je veux seulement devenir maître en mon métier et épouser mon charmant objet (il appelait ainsi sa promise) ; et je serai un homme heureux. » Cependant pour faire plaisir à l'autre, il consentit à rester un jour encore.
Le soir, le forgeron prit deux sacs sur ses épaules pour emporter bonne charge, et il se mit en route vers la colline. Comme la nuit précédente il trouva les petites gens chantant et dansant ; le vieillard le rasa et lui fit signe de prendre des charbons. Il n'hésita pas à emplir ses poches et ses sacs, tant qu'il y en put entrer, s'en retourna joyeux à l'auberge et se coucha tout habillé. « Quand mon or commencera à peser, se dit-il, je le sentirai bien ; » et il s'endormit enfin dans la douce espérance de s'éveiller le lendemain matin riche comme un Crésus.
Dès qu'il eut les yeux ouverts, son premier soin fut de visiter ses poches; mais il eut beau fouiller dedans, il n'y trouva que des charbons tout noirs. « Au moins, pensait-il, il me reste l'or que j'ai gagné l'autre nuit. » Il y alla voir; hélas! cet or aussi était redevenu charbon. Il porta à son front sa main noircie, et il sentit que sa tête était chauve et rase ainsi que son menton. Pourtant il ne connaissait pas encore tout son malheur : il vit bientôt qu'à la bosse qu'il portait par derrière s'en était jointe une autre par devant.
Il sentit alors qu'il recevait le châtiment de sa cupidité et se mit à pousser des gémissements. Le bon tailleur, éveillé par ses lamentations le consola de son mieux et lui dit : « Nous sommes compagnons, nous avons fait notre tournée ensemble ; reste avec moi, mon trésor nous nourrira tous deux. »
Il tint parole, mais le forgeron fut obligé de porter toute sa vie ses deux bosses et de cacher sous un bonnet sa tête dépouillée de cheveux.


bunni


Un conte de fées pas ordinaire

Il était une fois dans un royaume très très lointain, comme tout vrai royaume qui se respecte, un roi. Ce roi avait un fils -qui était prince donc- que l'on appelait le prince Thomas. Un jour, le roi appela son fils en ces termes :
- Mon fils,,. voici qu'approche le jour de ton vingtième anniversaire et tu n'es toujours pas marié. J'ai su dès ta naissance que tu étais un incapable, mais là, tu pousse le bouchon un peu trop loin, mon fils. C'est pourquoi j'ai trouvé pour toi une occasion en or. La princesse Rose Fleur de Violaine a été faite prisonnière par le vilain méchant sorcier Saurorg. J'aimerai que tu ailles la délivrer, et alors, pour te récompenser, elle sera bien obligée de t'épouser, comme le veut la coutume. Le prince Thomas se récria :
- Mais je la connais même pas, moi, cette princesse ! Qu'est-ce que tu veux que j'aille l'épouser ?
- Tu sais, mon fils, en plus d'être très belle, elle est très riche !

Alors, en entendant cet argument qu'il trouva plus que convaincant, le jeune prince s'empressa d'enfourcher sa monture. Une monture, c'est bien sûr un animal sur lequel on peut monter. La plupart du temps c'est un cheval, ce peut être même parfois un âne (Sancho Pança ne se serait jamais passé du sien) mais dans le cas de Thomas, c'était un mouton. Il faut dire que notre prince était très pauvre et que pour dix pistoles, il n'avait pu trouver autre chose, à part peut-être une autruche en très mauvais état qu'un cirque avait déposé en occasion, mais notre prince n'était pas si ridicule que ça, il ne faut quand même pas exagérer !
Bref, un beau matin, (parce que les matins sont toujours beaux dans les contes de fées), notre prince se met en route sur sa monture qui portait le doux nom de Timoléon, Tim pour les intimes. (Ça ne s'invente pas...). Il rencontra en chemin maints obstacles qu'il brava avec courage, comme par exemple une colonie de fourmis rouges qui ne voulait pas passer par le passage piéton (euh, fourmilier, pardon). Il tomba soudain nez à nez avec une petite créature qui gesticulait, prise au piège dans une toile d'araignée. Le prince Thomas ajusta ses lunettes pour regarder de plus près le petit prisonnier. Il ne mesurait pas plus de dix centimètres, avait la peau bleue et de gigantesques oreilles pointues.
- Au lieu de me regarder planté là à ne rien faire, cria le petit bonhomme d'une petite voix suraiguë (tout était petit chez lui), tu ferais mieux de me sortir de là ! Le prince s'exécuta et décolla l'elfe en le tirant par un pied, puis le posa dans sa main.
- Eh ! Je ne suis pas un jouet, moi ! Me secoue pas comme ça ! Le prince s'excusa.
- Je suis Fleen, un elfe, reprit la créature d'une voix trop solennelle pour lui. Je suis le denier de ma race. Puisque tu m'as sauvé la vie, je me dois de te suivre jusqu'à ce que j'aie épongé ma dette d'honneur ! Et puis de toute façons, je n'ai rien d'autre à faire en ce moment...
- Mais bien sûr ! Moi je dois aller délivrer une princesse d'un affreux sorcier, et toi, minus comme tu es, tu crois que tu peux m'aider ?
- Ne m'insulte pas ! La taille ne compte pour rien, et puis, j'ai des pouvoirs magiques ! Le prince leva un sourcil sceptique. Et puis, susurra-t-il, je sais où se trouve le château de ta princesse !
- Tu ne sais même pas laquelle c'est !
- Des princesses emprisonnées, y en a pas trente-six !
- Bon, d'accord... allez, viens !
Le prince mit Fleen sur son épaule et tous deux (euh, tous trois, n'oublions pas Tim) se remirent en route. Quelques temps après, au détour d'un bosquet, ils virent se dresser devant eux les gigantesques tours du château de Saurorg. C'était un immense château plein de sculptures biscornues et de gargouilles. Quand ils approchèrent, ils s'aperçurent que les douves étaient remplies de lave en fusion et que l'on ne pouvait accéder que par un pont-levis brinquebalant. Tremblants, ils franchirent le pont-levis et arrivèrent devant une grande porte en bois de chêne. Mais elle était fermée, comme de bien entendu, et ils ne purent jamais l'ouvrir. Alors ils se mirent de profil pour faire le tour du château, sur une avancée qui ne faisait pas plus de vingt centimètres. Vous me direz que Fleen n'avait pas besoin, lui, de se mettre de profil vu qu'il était tout petit, mais son cerveau était tout petit aussi...
En avançant ainsi comme des crabes, certes, ils avaient l'air ridicule (surtout Tim), mais ils trouvèrent une petite ouverture creusée dans la roche. Ils s'y faufilèrent, et rampèrent dans le boyau à quatre pattes. Fleen aussi qui – rappelons-le -avait le cerveau tout petit. Ils débouchèrent alors sur une immense caverne. De là ou ils étaient, ils pouvaient voir la princesse qui était ligotée à un mât. Malheureusement, ils pouvaient voir aussi un immense dragon noir qui montait la garde devant. Alors, soudain, on entendit de gros sanglots. C'était le prince Thomas qui pleurait de désespoir.
- Mais, on n'y arrivera jamais ! Je retourne chez moi !
- T'as bien une épée ? Béla Tim (oui, dans les contes de fées, les animaux savent parler.)
- Même pas, je l'ai oubliée...
- On est bien alors... Fleen intervint :
- Je t'avais dit que je pouvais t'aider !
- Je vois pas comment tu peux faire...pleurnicha Thomas.
- Arrête de pleurer et laisse moi faire, tu veux ?

Alors Fleen se mit à gonfler ses joues, des joues aussi larges que ses oreilles. Et il souffla, souffla encore, des milliers de bulles multicolores. Thomas et Tim étaient ébahis, c'était bien joli, mais à quoi ça pouvait servir ? Alors, les bulles allèrent se coller une à une sur les luisantes écailles noires du dragon. Celui-ci, quand il vit que les écailles noires qu'il avait mit si longtemps à lustrer et dont il était si fier étaient de toutes les couleurs, s'écria :
- Mon dieu ! Quelle horreur ! Regardez moi ce travail ! Et mon standing maintenant ? Comment je vais tenir ma réputation ? Je ne suis plus un vrai dragon maintenant ! Et il courut loin, très loin, pour aller se nettoyer dans la mer. On en était débarrassé, enfin une bonne chose de faite ! Nos trois héros descendirent près de la princesse. Le prince tira sur les cordes, mais comme il n'arrivait pas à défaire les nœuds, et qu'il avait oublié son épée, il se remit à pleurnicher.
- A mon tout maintenant ! Bêla Tim. Le prince Thomas le regarda d'un air circonspect.
- Et en quoi tu peux m'être utile, s'il te plait ? Tu vas faire des bulles multicolores ? Sans répondre à cette méchanceté, Timoléon se mit à brouter les cordes à toute vitesse et en moins de temps qu'il en faut pour le dire, la princesse fut libérée.
- Mm mm mum muum, dit-elle.
- Il faudrait peut-être lui enlever son bâillon, non ? suggéra Fleen, qui pour une fois une grande idée. Aussitôt dit, aussitôt fait ! La princesse se jeta au cou du prince :
- Oh, mon sauveur !
- On se marie, ma belle ? Histoire que j'enrichisse mon royaume ?
- Le mariage, je veux bien, mais les sous, c'est une autre histoire...
- Comment ça ?!
- Il se trouve...euh, que j'ai fait...de mauvais placements en bourse et comment dire... : je suis ruinée.
- Quoi ? Alors plus question de mariage ! A ce moment très précis le vilain Saurorg entra en trombe (oui, on aurait bien dit une trombe) dans la caverne.
- J'ai entendu tout ce que vous avez dit ! On se prétend prince et on refuse les faveurs d'une si jolie princesse sous prétexte qu'elle est pauvre ! Mais c'est une honte !

A partir de ce moment là la princesse ne regarda plus Saurorg -qui n'était pas si vilain que ça- du même œil.

Le prince Thomas, Tim et Fleen rentrèrent alors penauds au château du roi. Quand Thomas raconta son échec à son père, celui-ci se mit à crier :
-Bon à rien, fainéant ! Et pour ses remonter, il commanda un verre de cognac à ses domestiques. La porte s'ouvrit alors sur la plus jolie servante que Thomas n'eut jamais vue...

Le mois suivant, on feta en grandes pompes trois mariages en même temps ; Oui, trois !! Celui de la princesse Rose Fleur de Violaine et de Saurorg, celui de Thomas et d'Héloïse (car c'est comme cela que le servante s'appelait) et ... celui de Fleen. Avec qui, me direz-vous, puisqu'il était le dernier de sa race ? Et bien avec la dernière de sa race, Aïnoha, ravissante petite elfe qui travaillait en secret pour Saurorg depuis des années.

Et comme dans tout conte de fées qui se respecte, ils se marièrent tous et eurent beaucoup d'enfants, euh...et d'elfes !


bunni


LES 2 AMOURS DE PETITES HIRONDELLES

Il était une fois, deux petites hirondelles inséparables au royaume des oiseaux. Elles étaient libres et insouciantes, unie comme le peuvent être les deux meilleures amies du monde.
Leur jeu préféré était de s'élancer élégamment dans l'atmosphère en criant, afin de dessiner au crayon noir et blanc de magnifiques arabesques dans le ciel immense.
Elles volaient très haut dans l'air tout en se souriant et leurs gracieuses silhouettes étaient semblables à des notes de musique que l'on aurait posées sur une partition. Parfois, elles formaient une ronde en se tenant par le bout des ailes, légères tel du coton, puis se laissaient griser par le vent. Elles tournaient jusqu'à l'ivresse en riant, et de les voir toutes deux s'amuser dans les cieux était un enchantement. Elles coulaient des jours heureux, ainsi donc passait le temps...
Les deux petites hirondelles étaient très gentilles et aimaient rendre service. Tantôt en apportant des miettes de pain à une hirondelle âgée, tantôt en prenant grand soin du petit d'une jeune maman, ou bien encore en se rendant à  la chasse aux vers pour un convalescent.
Tous les appelaient des amours d'hirondelles et leur bonne réputation parvint aux oreilles du roi des oiseaux. Un jour, celui-ci les convoqua en son grand nid afin de leur parler. En fait, il voulait les mettre à l'épreuve afin de tester la solidité de leur dévouement.
Il leur dit : "cui-cui, mes chères enfants, cui-cui, ouvrez grandes vos oreilles ! J'ai, par mégarde, laissé tomber sur la terre la clé de l'horloge du temps. Je suis désolé par cette histoire car le printemps ne pourra pas se faire. Vous devez absolument la retrouver et revenir immédiatement.
Nous n'avons que très peu de temps, allez mes chères enfants, partez à sa quête sur le champ. Surtout n'oubliez pas votre mission en cours de route ! J'offrirais une belle récompense à celle qui me rapportera la clé la première.
Les petites hirondelles ne savaient pas trop par où commencer car elles n'avaient pas eu beaucoup de renseignements. Elles comprenaient bien que c'était très urgent et qu'elles ne devaient pas se détourner de leur objectif.
Alors, afin de multiplier leurs chances, elles se sont concertées :
"Ma douce amie, si tu es d'accord, partageons la terre en deux continents. Je volerais sur le nord en pensant très fort à toi. Je te souhaite bonne chance et bon voyage, que la meilleure gagne.
"Je suis d'accord et je te remercie. Je volerais sur le sud en pensant très fort à toi. Amie, je te souhaite pleins de merveilleuses aventures, que la meilleure gagne !".
Elle se sont embrassées en pleurant puis elles sont parties chacune de leur côté. Elles étaient très courageuses et ont volé par tous les temps. elles ont d'abord fouillé les océans et ce n'était pas facile du tout.
En chemin, l'une d'entre elle a fait connaissance avec un petit dauphin triste qui avait perdu sa maman. La petite hirondelle a tout de suite pris le petit sous son aile en le réconfortant. Puis ils sont tous deux partis confiants à la recherche du parent.
Ils sont cherché pendant longtemps avec l'aide, bien sûr, de tous les animaux de l'océan. La petite hirondelle parlait un langage universel et c'était vraiment très pratique pour faire avancere les recherches. Elle tenait bonne compagnie au petit et le rassurait souvent en l'embrassant. Elle parlait sans arrêt de son amie la douce hirondelle et lui contait ses mérites, en ajoutant de temps en temps : "Haaaa si tu la connaissais ! tu sais, elle mérite vraiment la récompense !".
Puis, au bout d'un très long périple, ils ont enfin retrouvé la maman dauphin. Celle-ci attendait son fils depuis plus d'un an et les retrouvailles ont été très émouvantes. Elle a remercié mille fois l'oiseau et le ciel, et lui a dit en souriant : "Tu es vraiment un amour d'hirondelle, rentre vite le roi t'attend !".
Ainsi, sur le continent Africain, la deuxième petite hirondelle entreprenait de nombreuses recherches. Elle voyageait en compagnie du vent et elle était infatigable.
En chemin, elle a fait la connaissance d'une gazelle blessée. Celle-ci s'était brisée une patte et ne pouvait plus marcher. Sans réfléchir, elle a tout de suite décidé de s'occuper de la malade immédiatement.
Elle l'a aidé à s'installer confortablement, vu son état, dans une petite caverne - histoire d'être à l'abri des prédateurs et des feux de brousse.
Chaque jour, la courageuse petite hirondelle parcourait des kilomètres afin de ramasser de l'herbe pour nourrir suffisamment sa protégée.
Souvent le soir pour passer le temps, elle contait à la gazelle ses aventures vécues avec sa grande amie l'hirondelle. Elle disait : "Haaaa, si tu la connaissais ! Tu sais, elle mérite vraiment la récompense !".
Au bout de quelques mois, la gazelle a retrouvé forces et vitalité. Elle a mille fois remercié l'oiseau et lui a dit en souriant : "Tu es vraiment un amour d'hirondelle, rentre vite le roi t'attend !".
Elles se sont alors retrouvées toutes les deux au royaume des oiseaux. Cela faisait vraiment plaisir à voir ! Puis elles se sont rendues chez le roi, la tête basse car elles n'avaient pas retrouvé la clé.
Le roi leur dit : "Cui-cui, relevez la tête mes chères enfants, cui-cui ! La clé est sans importance car elle n'existe pas. Je suis, bien au contraire, ravi de vous revoir. Vous pouvez être fières de vous ! On m'a narré vos nobles aventures sur la terre ! Vous êtes vraiment des amours d'hirondelles et méritez toutes deux une récompense".
Je vous fais chevalières de la légion d'honneur des oiseaux ! Dorénavent, vous serez chargé d'annoncer le printemps ensemble et d'un même coeur. Soyez les dignes messagères de l'amour universel et répandez-le sur la terre partout où vous irez ....



bellparole




Le retour des fleurs

Conte australien


Comme il ne pouvait plus supporter les hommes et leur méchanceté, le plus puissant de tous les sorciers avait décidé de quitter son pays et de se réfugier tout au sommet de la plus haute des hautes montagnes. Aussitôt dit, aussitôt fait... Il s'en alla.

Un grand malheur s'abattit sur la nature ; toutes les fleurs, celles des bois, celles des prairies, celles des collines, celles des bords de mer, celles du long des rivières et celles de lacs moururent instantanément. Il n'y en eu pas une seule qui survécut. Le pays, jadis si beau et si fleuri devint rapidement un désert. Tous les animaux, les oiseaux, les papillons, les insectes s'enfuirent après la mort des fleurs. Pour voir les fleurs, les habitants ne pouvaient user que de leur imagination. Mais les enfants, qui n'avaient jamais connu ces merveilles, ne voulaient pas croire les anciens.

- Vous ne racontez que des histoires, leur disaient-ils et ils s'en allaient tristes dans le décor triste d'un pays sans fleurs.
Parmi tous ces enfants, il en était un qui ne pouvait imaginer que tout eut disparu pour toujours. Lorsque sa mère, lassée de raconter l'ancien temps, se taisait, il réclamait encore et encore d'autres histoires car il aimait entendre parler de la beauté des fleurs.
Il pensait que lorsqu'il serait un homme, il partirait à la recherche du grand sorcier et lui demanderait de redonner de la couleur au pays. 

Les années passèrent.   

Un jour, il fut grand. Son amour des fleurs avait grandi avec lui. Il s'en alla donc trouver sa mère et lui dit :
- Mère, je vais m'en aller à la recherche du grand sorcier et lui demander de nous rendre les fleurs.
Sa mère le regarda avec des yeux remplis d'effroi.
- Mais fils ! s'écria-t-elle, tout ce que je t'ai raconté n'était que des histoires. Il ne faut jamais croire aux histoires. Je te disais ce que ma mère me racontait parce qu'elle l'avait entendu raconter par sa mère qui le tenait de sa mère. Malheur à toi ! Les fleurs n'ont probablement jamais existé. Tu aurais beau marcher mille ans, jamais tu ne trouverais le sorcier qui vit tout en haut de la plus haute montagne.
Mais le fils ne l'écouta même pas, il prit son baluchon et s'en alla. Les gens du pays qui le voyaient passer se moquaient de lui :
- Ce garçon est fou ! disaient-ils. Il n'y a que les fous qui croient aux histoires.

Le jeune homme se dirigea vers le nord. Il marcha longtemps, longtemps, longtemps et arriva au pied d'une montagne, si haute, si haute que son sommet était invisible.
Il tourna autour de la montagne, mais ne vit aucun sentier, seulement de la roche et des cailloux. Il tourna encore et encore. Las de tourner, il se dit :
- « Il faudra bien que je découvre un chemin. Le sorcier a dû le prendre pour atteindre le sommet. »
Il inspecta avec attention les rochers et finit par découvrir une petite marche. En regardant de plus près, il aperçut une autre petite marche et puis encore une autre. Lorsqu'il leva les yeux vers le sommet de la montagne, il aperçut un escalier et il se mit à grimper sans jamais regarder en bas pour ne pas avoir le vertige. 

A la fin du premier jour, il s'arrêta sur une terrasse. Le sommet de la montagne n'était pas visible. Il en fit de même le deuxième, puis le troisième, puis le quatrième puis le cinquième puis le sixième jour.  Il commençait à se décourager quand, au soir du septième jour, il aperçut enfin le sommet. A force de courage et malgré la fatigue accumulée depuis 7 jours, il parvient à l'atteindre juste au moment où le soleil avait complètement disparu et que la nuit avait recouvert le monstre de pierre. Arrivé tout en haut, il aperçut une source. Il se pencha pour y boire un peu d'eau. Au premier contact de l'eau sur ses lèvres, toute sa fatigue s'évapora. Il se sentit fort et heureux comme jamais dans sa vie. Tout à coup, derrière lui, il entendit une voix qui lui demanda ce qu'il était venu chercher sur la plus haute des hautes montagnes.
- Je suis venu, dit-il, pour rencontrer le grand sorcier et lui demander de nous rendre des fleurs et des insectes. Un pays sans fleurs, sans oiseaux et sans abeilles, est triste à mourir. Seule le beauté peut rendre les gens bons et je suis certain que les gens de mon pays cesseraient d'être méchants, si le sorcier leur redonnait les fleurs.

Alors, le jeune homme se sentit soulevé par des mains invisibles. Il fut transporté délicatement vers le pays des fleurs éternelles. Les mains invisibles le déposèrent sur le sol au milieu d'un tapis de fleurs multicolores. Le jeune homme ne pouvait en croire ses yeux. Il y en avait tant et jamais il n'avait imaginé que les fleurs puissent être aussi belles ! Dans l'air, un délicieux parfum flottait et les rayons du soleil dansaient sur le sol multicolore comme des milliers et des milliers d'arcs-­en-ciel. La joie du jeune homme fut si grande, qu'il se mit à pleurer.
La voix lui dit de cueillir les fleurs qu'il préférait. Il s'exécuta et en cueillit de toutes les couleurs. Quand il en eut plein les chargés, les mains invisibles le reconduisirent doucement au sommet de la montagne.
Alors, la voix lui dit :
- Rapporte ces fleurs dans ton pays. Désor­mais, grâce à ta foi et à ton courage, ton pays ne sera plus jamais sans fleurs. Il y en aura pour toutes les régions. Les vents du nord, de l'est, du sud et de l'ouest leur apporteront la pluie qui sera leur nourriture, et les abeilles vous donneront le miel qu'elles cherchent dans les fleurs.

Le jeune homme remercia et commença aussitôt la descente de la montagne qui, malgré la quantité de fleurs qu'il portait, lui parut bien plus facile que la montée.

Quand il revint dans son pays, les habitants, en apercevant les fleurs et en respirant leur parfum, ne voulurent pas croire à leur bonheur. Puis, quand ils surent qu'ils ne rêvaient pas, ils dirent :
- Ah ! nous savions bien que les fleurs existaient et que ce n'étaient pas des histoires inventées par nos ancêtres.

Et leur pays redevint un grand jardin. Sur les col­lines, dans les vallées, près des rivières, des lacs et de la mer, dans les bois, dans les champs et dans toutes les prairies, les fleurs crûrent et se multiplièrent. Tantôt c'était le vent du nord qui amenait la pluie, tantôt le vent du sud, de l'est ou de l'ouest. Les oiseaux revinrent, ainsi que les papillons et tous les insectes, et surtout les abeilles. Désormais, les gens purent man­ger du miel, et la joie revint sur la terre.

Quand les hommes virent leur terre transformée grâce au jeune homme qui avait osé ce que personne n'avait cru possible, ils lui demandèrent d'être leur roi. II accepta et il devint un roi bon, courageux et intelligent.
-Rappelons-nous, disait-il, que c'était la méchan­ceté des hommes qui avait entraîné la disparition des fleurs de notre pays.

Et, comme personne ne voulait recommencer à habiter un désert et à être privé de miel, chacun s'efforça désormais d'être aussi bon que possible pour ne pas fâcher le grand sorcier

Ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme est un sentiment qui manque à l'amour : la certitude.

(Honoré de Balzac)

bunni


Pois-Verts

Il était une fois un homme appelé Pois-Verts qui était tout à la fois le serviteur et l'homme de confiance du curé de son village. Un jour, il se mit à jouer des tours à son maître. Le curé s'en accommoda pendant quelques années mais, à la fin, excédé, il dit à son engagé :
- Pois-Verts, ramasse tes guenilles et va-t'en ! Je n'ai plus besoin de toi.
- Je ne demande pas mieux que de m'en aller, répond Pois-Verts, j'en ai assez de vous servir.
Et sur ce, il s'en va et s'achète une petite propriété, près de celle de son ancien maître.
Pois-Verts était très intelligent. Un bon matin, il s'invente un plan. Il prend deux gros morceaux de fer qu'il fait bien rougir au feu. Puis, il dépose son chaudron près de lui et se fabrique un petit fouet ; ensuite, il envoie chercher le curé, son voisin.
Quand le curé est sur le point d'arriver, Pois-Verts prend les morceaux de fer rouge et les jette dans sa soupe. Il met son chaudron entre ses jambes et, avec son petit fouet, il claque sur le chaudron disant :
- Bouille, ma soupe !
Le curé entre, aperçoit son ancien serviteur fouettant son chaudron et la soupe bouillant.
- Pois-Verts, quel secret as-tu pour ainsi faire chauffer ton repas ?
- Ce secret est dans mon fouet, répond Pois-Verts qui fouette tranquillement son chaudron, tout en parlant, tandis que la soupe bout de plus belle.
Le curé, enchanté de voir bouillir la soupe et d'apprendre le secret du fouet dit :
- À moi qui ai des servantes pas trop vives, ce fouet serait bien utile. Toi qui es tout seul, Pois-Verts, tu n'en as pas besoin.
- On a toujours besoin d'un bon article, monsieur le curé. Mais pour vous rendre service je suis prêt à vous le vendre. Mon fouet vaut cent piastres.
- Il n'est pas cher, reprend le curé, voilà cent piastres. Donne-moi le fouet.
Pois-Verts prend l'argent et remet le fouet.
Une fois l'entente conclue, le curé ne tient pas un long discours, mais il s'en retourne au presbytère et dit à ses servantes :
- Je n'ai plus besoin que d'une servante. Les deux autres, je les mets à la porte.
Les servantes deviennent pensives. À celle qu'il garde, le curé dit :
- Va chercher la théière, mets-y le thé dans de l'eau froide.
« Qu'est-ce que le curé a envie de faire ? » se demande la servante en obéissant à son maître.
- La théière est-elle prête ? demande le curé.
- Oui, monsieur le curé, tout est bien prêt.
Monsieur le curé va chercher le fouet ; il prend la théière, la met sur la table et commence à la fouetter en disant:
- Bouille, théière !
Rien ne bout.
Le curé claque le fouet à nouveau. Rien ! Découragé, il dit :
- Je ne m'y prends pas bien. Pois-Verts était assis à terre, le chaudron entre ses jambes. Je vais faire comme lui.
Il s'assoit à terre, il met la théière entre ses jambes et la fouette de son mieux. Après avoir fouetté tranquillement, il se met à la fouetter à grands coups. Il n'est pas plus avancé. La servante demande :
- Monsieur le curé, où avez-vous eu ce fouet-là ?
- Je viens de l'acheter à Pois-Verts.
- C'est encore un tour qu'il vous a joué, comme au temps où il restait ici.
Furieux, le curé jette le fouet au feu en disant :
- Demain, Pois-Verts aura de mes nouvelles !
Le lendemain, Pois-Verts fait venir sa vieille mère, lui demandant de passer la journée chez lui. Ayant rempli une vessie de sang il l'accroche au cou de sa mère et commence à se promener dans sa maison, en regardant d'une fenêtre à l'autre. Il s'attendait à voir bientôt le curé arriver en fureur. Tout à coup, il l'aperçoit approcher de la maison. Faisant un grand vacarme, Pois-Verts se met à renverser la table et les chaises et à tout casser. Comme le curé entre, il saisit sa vieille mère et lève son canif en criant :
- Vieille garce ! il y a assez longtemps que le monde vous connaît. C'est fini !
Pour le calmer, le curé dit :
- Pois-Verts, que fais-tu ? Que fais-tu ?
- C'est mon affaire, fait Pois-Verts, je ne veux pas voir de curieux chez moi.
Et de son couteau il perce la vessie pleine de sang qui pend au cou de sa mère. Le sang coule et la vieille tombe comme mourante. Ceci dégoûte le curé qui commence à lancer des injures à Pois-Verts et à le menacer.
- Cette fois ton temps est arrivé ! je vais te mettre entre les mains de la justice et ta tête tombera sur l'échafaud !
- Je viens de vous dire que je ne veux pas voir de curieux chez moi, répond Pois-Verts en prenant son sifflet. Ma mère est morte, mais elle va revenir à la vie !
Et le voilà qui se met à siffler avec son instrument :
- Tourlututu ! Reviendras-tu ?
La vieille commence à bouger.
- Tourlututu, reviendras-tu ? répète-t-il.
Et Pois-Verts ajoute :
- La troisième fois, je ne manque jamais mon coup. Tourlututu, reviendras-tu ? ou ne reviendras-tu pas ?
Il n'a pas sitôt prononcé « Tourlututu » que la vieille est debout.
Étonné de voir ce sifflet si merveilleux, le curé demande :
- Pois-Verts, où as-tu pris ce sifflet ?
- Une vieille magicienne me l'a donné, avec ce sifflet, je peux faire tout ce que je veux, répond Pois-Verts.
- Ah ! voilà ce qu'il me faut pour mes paroissiens.
- Un bon article fait l'affaire de tout le monde.
- Veux-tu me le vendre ? demande le curé. Combien veux-tu pour ton sifflet, Pois-Verts ?
- Pour vous rendre service, je vais vous le vendre, monsieur le curé.
- Combien veux-tu ?
- Deux cents piastres, monsieur le curé.
- Il n'est pas cher, Pois-Verts, je le prends et je vais commencer par ma servante.
- Sachez bien vous en servir, monsieur le curé. Vous avez vu comment je m'y suis pris pour ma vieille mère.
- Sois sans crainte, dit le curé.
Le curé part et arrive au presbytère pas trop de bonne humeur. Il commence à brasser la table, le pupitre, la vaisselle.
- Monsieur le curé ! dit la servante, vous n'êtes pas à votre place dans mon armoire.
- Comment ça, je ne suis pas à ma place ? Ah ! je vais t'en faire une place !
Il prend le couteau à pain et tranche le cou de la servante. La servante est morte et le curé est fier d'essayer son sifflet. Il fait la même chose que Pois-Verts. Il siffle :
- Tourlututu ! reviendras-tu ?
La servante ne bouge pas.
- Tourlututu, reviendras-tu ? siffle-t-il à nouveau.
Rien.
« C'est curieux, pense le curé, la première fois que Pois-Verts a sifflé la vieille avait bougé ; et la deuxième fois elle s'était presque levée. Ici, c'est la deuxième fois et elle ne bouge pas. Pourtant j'ai fait comme Pois-Verts. »
Il essaie encore.
- Tourlututu ! reviendras-tu ? Ou ne reviendras-tu pas ?
Mais la servante est morte et le reste. Le curé devient pensif. « Depuis longtemps, Pois-Verts me joue des tours. Cette fois-ci, c'est le dernier ! Je vais faire prononcer un jugement contre lui en justice et le faire disparaître. »
Le curé dénonce alors Pois-Verts et Pois-Verts est condamné à être mis dans un sac et jeté à la mer. Pois-Verts est satisfait. Le soir, les deux serviteurs du curé viennent le chercher, le mettent dans un sac et partent pour la mer.
- Non ! je ne veux pas y aller ! Non, je ne veux pas y aller ! crie Pois-Verts tout le long du chemin.
Passant devant une auberge, les serviteurs entrent boire un verre et laissent le sac dehors sur le perron.
- Je ne veux pas y aller ! Je ne veux pas y aller ! crie toujours Pois-Verts, pour se désennuyer.
Pendant que les serviteurs boivent, un pauvre passe et, curieux, écoute Pois-Verts crier dans le sac : « Je ne veux pas y aller ! »
Approchant du sac, le pauvre homme y touche et demande :
- Où ne veux-tu pas aller ?
- On m'emmène coucher avec la princesse ; mais jamais ils ne m'y feront consentir, dit Pois-Verts.
- Veux-tu me donner ta place ? demande le pauvre homme.
Pois-Verts accepte avec plaisir.
- Détache le sac et prends ma place.
Pois-Verts sort et le pauvre s'y fourre. À peine Pois-Verts est-il en fuite que les serviteurs arrivent, saisissent le sac et pendant qu'ils marchent le pauvre homme crie comme faisait Pois-Verts :
- Je ne veux pas y aller ! Je ne veux pas y aller !
- Veux, veux pas, répondent les serviteurs, c'est au large que tu vas aller.
Et tenant le sac à chaque bout, ils comptent un, deux, trois et vlan ! ils lâchent le sac qui tombe au large.
Le lendemain, le curé demande à ses serviteurs :
- L'avez-vous jeté au large ?
- Soyez tranquille monsieur le curé, répondent-ils, Pois-Verts a joué assez de tours ; il ne reviendra jamais.
« Enfin, je serai bien débarrassé ! » pense le curé en se promenant comme d'habitude sur le large perron de sa maison.
Plus tard, après le repas, il voit venir un troupeau de bêtes à cornes. Plus le troupeau approche, plus il voit que celui qui le mène ressemble à Pois-Verts. Appelant l'un de ses serviteurs le curé dit :
- Voilà un beau troupeau de bêtes à cornes. Mais regarde donc en arrière, ça ressemble à Pois-Verts.
- Ça ne se peut pas, répond l'autre, hier au soir nous l'avons jeté à l'eau.
- Regarde comme il faut, serviteur ; ça m'a l'air de Pois-Verts !
De fait, Pois-Verts, le bâton à la main, menait le troupeau et de temps en temps criait :
- Ourche, mourche !
Le curé se hissa sur le bout des pieds pour mieux voir et s'écria :
- C'est Pois-Verts !
- Bonsoir, monsieur le curé, bonsoir ! dit Pois-Verts en passant devant le presbytère.
- Comment, Pois-Verts, mais c'est bien toi ?
- Oui, monsieur le curé, c'est bien moi.
- Mais d'où viens-tu avec toutes ces bêtes à cornes ?
- Ah ! monsieur le curé, ne m'en parlez pas ! Si vos serviteurs m'avaient seulement jeté dix pieds plus loin, je vous ramenais les deux plus beaux chevaux noirs qu'on n'ait jamais vus dans la province. Mais ils m'ont jeté au milieu de ce troupeau de bêtes à cornes que j'ai ramené avec moi.
Le curé tombe encore dans le panneau et croit Pois-Verts.
- Si j'y allais moi-même, Pois-Verts ? Toi, qui connais la distance exacte... ?
- Je vous garantis, monsieur le curé, que je ne manquerais pas mon coup ! Si un de vos serviteurs m'aide ce soir, je vous jetterai en plein milieu des beaux chevaux.
- Accepté !
Pois-Verts mène son troupeau sur sa ferme. Quand il revient le soir, il aide le curé à entrer dans le sac et s'en va avec un serviteur le porter au bord de la mer.
- Jetons monsieur le curé au large, dit Pois-Verts.
Et monsieur le curé s'en va rejoindre le pauvre homme au fond de la mer où il est resté.
Avec tous les tours qu'il avait joués, Pois-Verts devint un gros commerçant.

bunni


Une vie de lapin

Juillet arrive.
Voici l'été, la saison des jeux et des longues promenades pour les petits enfants, les petits chats ou les petits hérissons. Partout, c'est la même chose. Pour tous les petits, l'école est terminée.
Quelle joie ! Les cahiers au feu et le maître au milieu. Un ballon vole dans le jardin du voisin emportant au passage le massif de fleurs de sa femme. Les tables de multiplications sont rangées tout au fond de la mémoire jusqu'à la rentrée prochaine...si on s'en souvient encore !
Vivent les vacances !
Mais les jours passent, volent, filent. Août déjà se termine. Septembre pointe le bout de son nez.
Ding dong ! c'est l'heure de la rentrée... Toutes les bonnes choses ont une fin. Beaucoup ont le coeur gros de quitter les nouveaux amis de vacances. Il est temps de ranger son cartable : livres, cahiers et plumier sans oublier le bonbon pour la récréation.

- Sèche tes larmes ! Tu vas retrouver tes amis, dit maman.
Et elle a bien raison. Ce matin, dans la cour de l'école, ils sont tous présents.
Comme Julie a grandit. Elle est plus jolie encore que l'an passé. Tiens, Maxime a un nouveau petit frère.

Un peu à l'écart, les petits lapinots regardent, craintifs. Ils sont curieux et très fiers de leur sac mais ils ont tellement peur de quitter leur maman. Pour eux, une nouvelle vie commence. Les plus vieux ont amené un ballon et des billes. Le premier jour, c'est encore un peu les vacances...Les lapins parlent, bavardent, gesticulent. Ils sont dissipés en classe. Le maître a bien des difficultés à avoir le silence.
- Méfiez-vous, dit-il ! Si vous continuez, vous n'apprendrez jamais rien et je devrai vous punir.
A la première rangée, les tout petits se tiennent bien droits, sans bruit. Ils veulent tout apprendre, tout savoir, tout connaître.

Les jours passent. Les lapins apprennent chaque jour des choses nouvelles. Ils viennent en classe avec plaisir. A présent, ils peuvent compter sans se tromper : additionner, soustraire, multiplier, diviser ; écrire leur nom et beaucoup d'autres mots pour faire des phrases et des textes. Ils lisent des histoires et chantent des chansons. A la récréation, ils inventent mille activités et s'amusent comme des petits fous...

L'automne remplace l'été. Les feuilles des arbres prennent des teintes féeriques puis se mettent à tomber en recouvrant le sol d'un tapis très doux et craquant sous les pas. Mais bien vite, la pluie change le sol en boue et les lapinots rentrent chez eux, le soir tout crottés au grand désespoir des mamans lapines.

Puis un matin, c'est le calme total. Pas un bruit au dehors mais une grande lumière qui entre par les fenêtres.

L'hiver est arrivé sans bruit pendant la nuit. Il a recouvert la terre d'une épaisse couche de ouate blanche. Pour partir en classe, les lapins enfilent leurs gros manteaux, leurs moufles et leurs bonnets. Il ne faudrait pas qu'ils attrapent une otite... La récréation est encore plus joyeuse que d'habitude. Ils organisent une énorme bataille de boules de neige.
- Attention !
Trop tard. Blanchet vient de la recevoir la boule en plein sur le bout de son nez.

Un matin, Louiset découvre la première perce-neige. La neige s'en va doucement. Elle fond et le printemps revient. Les jours s'allongent chaque jour un peu plus. Les arbres retrouvent leur couleur verte. Les jardins se parent de fleurs odorantes.

Les cloches reviennent de leur voyage à Rome chargées d'oeufs en chocolat qu'elles déversent dans les jardins, les prés et les parcs. Il y en a partout. Les jeunes lapins courent dans tout les sens, leur panier sous la patte. Il ne faudra pas trop en manger pour éviter d'être malade et manquer des jours de classe car les derniers jours sont importants.

La température augmente. Les leçons deviennent de plus en plus difficiles à apprendre. La fatigue s'installe. Il faut revoir tout le contenu des cahiers pour les tests de la fin d'année. Encore un mauvais moment à passer mais après... Après, à nous les grands espaces, les courses dans les bois et les grasses matinées ! L'été est revenu.

Aujourd'hui, c'est le dernier jour de classe. Tous les parents sont présents pour la remise des bulletins. Le maître semble satisfait et un grand sourire illumine son visage. Ses élèves ont bien travaillé et ils méritent une grosse botte de carottes toutes fraîches cueillies du matin.
- A bientôt les petits lapins ! Passez de bonnes vacances et reposez-vous pour être en forme, en septembre.

Ici ou ailleurs, la vie suit son cours imperturbable. Les saisons font place aux saisons ; les années au années. Les lapins, les chats, les hérissons et nous faisons partie de ce cercle magique de la vie.

BONNES VACANCES !!!!!!!!


bunni


La légende d'arc-en-ciel

Un jour, toutes les couleurs du monde se mirent à se disputer entre elles, chacune prétendant être la meilleure, la plus importante, la plus belle, la plus utile, la favorite.

Le vert affirma :
Je suis le plus essentiel, c'est indéniable. Je représente la vie et de l'espoir. J'ai été choisi pour l'herbe, les arbres et les feuilles. Sans moi, les animaux mourraient. Regardez la campagne et vous verrez que je suis majoritaire.

Le bleu prit la parole :
Tu ne penses qu'à la terre mais tu oublies le ciel et l'océan. C'est l'eau qui est la base de la vie alors que le ciel nous donne l'espace, la paix et la sérénité. Sans moi, vous ne seriez rien.

Le jaune rit dans sa barbe :
Vous êtes bien trop sérieux. Moi j'apporte le rire, la gaieté et la chaleur dans le monde. À preuve, le soleil est jaune, tout comme la lune et les étoiles. Chaque fois que vous regardez un tournesol, il vous donne le goût du bonheur. Sans moi, il n'y aurait aucun plaisir sur cette terre.

L'orange éleva sa voix dans le tumulte :
Je suis la couleur de la santé et de la force. On me voit peut-être moins souvent que vous mais je suis utile aux besoins de la vie humaine. Je transporte les plus importantes vitamines. Pensez aux carottes, aux citrouilles, aux oranges aux mangues et aux papayes. Je ne suis pas là tout le temps mais quand je colore le ciel au lever ou au coucher du soleil, ma beauté est telle que personne ne remarque plus aucun de vous.

Le rouge qui s'était retenu jusque là, prit la parole haut et fort :
C'est moi le chef de toutes les couleurs car je suis le sang, le sang de la vie. Je suis la couleur du danger et de la bravoure. Je suis toujours prêt à me battre pour une cause. Sans moi, la terre serait aussi vide que la lune. Je suis la couleur de la passion et de l'amour, de la rose rouge, du poinsettia et du coquelicot.

Le pourpre se leva et parla dignement :
Je suis la couleur de la royauté et du pouvoir. Les rois, les chefs et les évêques m'ont toujours choisie parce que je suis le signe de l'autorité et de la sagesse. Les gens ne m'interrogent pas, ils écoutent et obéissent.

Finalement, l'indigo prit la parole, beaucoup plus calmement que les autres mais avec autant de détermination :
Pensez à moi, je suis la couleur du silence. Vous ne m'avez peut-être pas remarquée mais sans moi vous seriez insignifiantes. Je représente la pensée et la réflexion, l'ombre du crépuscule et les profondeurs de l'eau. Vous avez besoin de moi pour l'équilibre, le contraste et la paix intérieure.

Et ainsi les couleurs continuèrent à se vanter, chacune convaincue de sa propre supériorité. Leur dispute devint de plus en plus sérieuse. Mais soudain, un éclair apparut dans le ciel et le tonnerre gronda. La pluie commença à tomber fortement. Inquiètes, les couleurs se rapprochèrent les unes des autres pour se rassurer.

Au milieu de la clameur, la pluie prit la parole :
Idiotes ! Vous n'arrêtez pas de vous chamailler, chacune essaie de dominer les autres. Ne savez-vous pas que vous existez toutes pour une raison spéciale, unique et différente ? Joignez vos mains et venez à moi. Les couleurs obéirent et unirent leurs mains.

La pluie poursuivit :
Dorénavant, quand il pleuvra, chacune de vous traversera le ciel pour former un grand arc de couleurs et démontrer que vous pouvez toutes vivre ensemble en harmonie. L'arc-en-ciel est un signe d'espoir pour demain. Et, chaque fois que la pluie lavera le monde, un arc-en-ciel apparaîtra dans le ciel, pour nous rappeler de nous apprécier les uns les autres.

bunni


Le cerf merveilleux

Il y a bien longtemps dans le lointain Orient, à l'endroit où deux grands fleuves se jetaient dans la Mer bleue-comme-le-ciel, s'étendait une ville pleine de richesse et d'une merveilleuse beauté. Sa renommée s'était répandue jusqu'à la limite des terres connues. Nimrod, le roi de cette ville, avait une réputation de sage et de juste. Il allait très souvent à la chasse. Il avait deux fils dont il était très fier. L'aîné s'appelait Hunor, le cadet Magyar. Dès leur plus jeune âge, ils accompagnaient leur père dans toutes ses sorties. Avec le temps, ils devinrent de forts et vaillants gaillards et d'excellents chasseurs. A l'image de leur père, ils adoraient cet art. Ils maîtrisaient à la perfection l'arc et dans les combats leur supériorité écrasante terrassait leurs adversaires à tous les coups.

Un jour, les deux frères décidèrent d'aller à la chasse sans leur père. Chacun choisit cinquante jeunes soldats et tous partirent jusqu'à la frontière du royaume de Nimrod. Ils abattirent avec leurs flèches une centaine d'oiseaux et du gibier. Alors qu'ils s'apprêtaient à rebrousser chemin, devant eux apparut à la lisière de la forêt un cerf d'une beauté merveilleuse. Ils n'en avaient jamais vu de pareil : le cerf était blanc comme neige, ses yeux brillaient comme le diamant, ses deux bois étaient enlacés comme une couronne. Tous étaient fascinés par la beauté du cerf. Le cri tonitruant de Hunor rompit le profond silence.

«A cheval! Abattons-le!»

Rapides comme l'éclair, ils sautèrent en selle et partirent à la poursuite du gibier. Leurs chevaux coururent plus vite que l'ouragan, mais le cerf était toujours plus rapide. Les flèches volèrent , mais le cerf était toujours le plus rapide. Toute la journée, ils le poursuivirent par monts et par vaux. Au coucher du soleil, soldats et chevaux étaient tous épuisés. Ils perdirent complètement de vue le cerf merveilleux. Les deux frères et leurs soldats montèrent le camp et firent un grand feu sur lequel ils préparèrent un savoureux dîner avec le gibier fraîchement abattu.
Autour du feu de camp, ils bavardèrent longuement car ils ne parvenaient pas à oublier le cerf merveilleux.

A l'aube, Hunor et Magyar, déjà levés, s'apprêtaient à rebrousser chemin. Au moment du départ, le cerf merveilleux, comme s'il était sorti de terre ou descendu du ciel, réapparut devant eux.

«Soldat! A cheval! Je donne cent pièces d'or à celui qui l'abat», cria Magyar.

«Allez! Allez!»  crièrent les soldats qui reprirent en chasse le gibier par monts et par vaux. Ils poussèrent des cris de guerre et le tonnerre des  sabots troubla le silence de la région. Ils lancèrent des milliers de flèches, mais à chaque fois le cerf échappa aux vaillants soldats.

Cette chasse sans relâche épuisa hommes et bêtes. Après le dîner, l'humeur n'était pas aussi joyeuse que la veille. Seuls quelques soldats avaient envie de chanter et de danser. Ils pensaient sans cesse à l'animal merveilleux, si bien qu'ils se parlaient peu.

«Demain matin, nous reprendrons le chemin du retour», dit Hunor.
«Qu'il en soit ainsi!» approuva Magyar.
«Nous ne nous laisserons pas séduire par cette bête même si elle est de toute beauté», murmurèrent la plupart d'entre eux.

Le lendemain, tous étaient à cheval quand réapparut devant eux le cerf merveilleux. Il était d'une beauté céleste, il était fier, irrésistiblement beau.

Les deux frères échangèrent un regard, se comprirent sans dire un traitre mot et acquiescèrent. Les éperons enfoncés dans les flancs de leurs chevaux, les cent-deux cavaliers se lancèrent sur leurs cent-deux montures dans une poursuite infernale.
Le cerf attira et mena ses poursuivants toujours plus loin du royaume de Nimrod. Personne ne saurait dire combien de montagnes, de rivières et de plaines ils laissèrent derrière eux.

Au soleil couchant, la troupe fit halte à la lisière d'une immense forêt. Ils mangèrent sans faim la viande fraîchement cuite. Ils n'avaient envie ni de danser, ni de chanter, leur regard se perdait dans le vague. Les hommes, les uns après les autres rejoignirent leur couche. Hunor et Magyar firent de même. Vers minuit, réveillés par une brise qui traversa la forêt, les deux frères croyaient entendre des bribes de conversation.

Magyar partit en direction du bruit, Hunor lui emboîta immédiatement le pas. Arrachés au sommeil, les soldats se levèrent promptement, et à pas de loup suivirent les princes.Ils arrivèrent bientôt dans une clairière où ils virent chanter et danser cent-deux jeunes filles. Sans hésiter, ils approchèrent.

Hunor et Magyar choisirent parmi elles les deux princesses et se partagèrent le pays. La province du soleil couchant fut attribuée à Hunor. Ses enfants devinrent les Huns. La province du soleil levant fut attribuée à Magyar. Ses enfants devinrent les Magyars.

bunni


Les braises magiques

Il était une fois deux frères. L'un était très riche, l'autre était très pauvre. Le riche avait beaucoup de terres, un grand troupeau de chevaux et de bovins. Le pauvre n'avait même pas une chèvre maigre, par contre il avait beaucoup d'enfants. Le riche, quant à lui, n'avait ni fils, ni fille.
Un jour, le pauvre envoya un de ses enfants chez son frère riche pour demander un peu de farine et de petit-lait. Le riche ne lui donna rien du tout et l'enfant rentra à la maison en pleurant.
Le pauvre homme fut affligé par le comportement de son frère. Les enfants pleuraient de faim. Le pauvre homme se mit alors en route et alla travailler dans le village voisin.
Le soir, en rentrant à la maison, il aperçut du feu dans la forêt. Il faisait tellement froid qu'il pensa s'en approcher pour se réchauffer un peu. Quand il fut tout près du feu, il vit qu'un vieil homme était assis là.                   
« Bonsoir, vieil homme, dit le pauvre.
« A toi aussi, mon fils. Que fais-tu par ici? »

Le pauvre raconta son chagrin, ensuite salua poliment le vieux et rentra. A la maison les enfants pleuraient davantage : toute la journée, ils n'avaient mangé qu'un peu de patates et ils avaient très froid.
Le pauvre homme dit à sa femme : « Va chez mon frère et dis-lui qu'il nous donne au moins un peu de braise sinon les enfants vont mourir de froid! »

La femme partit mais revint vite en pleurant car le riche ne lui avait rien donné.
« Bon, d'accord, je vais chercher la braise moi-même, dit le pauvre, mais je la trouverai ailleurs. »

Il retourna dans la forêt. Le vieux était toujours à côté du feu. Il lui demanda de la braise.
« Prends-en, mon fils, une bonne pelletée. Ce qui ne rentrera pas dans ton fourneau, tu pourras l'étaler dans ta cour. »

Le pauvre le remercia et rentra à la maison avec la braise. Elle réchauffa bien toute la maison à tel point que le pauvre mit la moitié des braises dehors.
Le lendemain, au réveil, ils virent que le fourneau était rempli de pièces d'or. Il y en avait dans la cour également. Ils les ramassèrent et voulurent les peser mais ils n'avaient pas de boisseau. Le pauvre alla chez son frère demander un boisseau.
« Je te le prête à condition que demain tu fasses tes heures de travail chez moi. »

Le pauvre le lui promit. Une fois à la maison, ils pesèrent les pièces d'or : sept boisseaux en furent pleins. Quand l'un des enfants rendit le boisseau, le riche vit briller une pièce d'or au fond. Dans sa grande précipitation, le frère pauvre ne s'était pas aperçu qu'une pièce y était restée. Quand il la trouva, le frère riche arriva en courant chez lui comme s'il avait été mordu par un chien. Il resta bouche bée quand il vit la quantité d'or.
« D'où vient cet or? », demanda-t-il avec envie.

Le pauvre lui raconta qu'il avait reçu de la braise d'un vieil homme, et qu'il avait étalé le surplus dans la cour. C'est comme cela qu'il avait eu les pièces d'or. Le riche s'en réjouit, alla tout de suite dans la forêt et prit de la braise non pas avec une pelletée mais avec un chaudron. Il rentra en courant tellement il était heureux!
« Mon frère est fou, pensa-t-il, il est vrai qu'il a toujours été comme ça. Je vais lui montrer que j'aurai plus d'or que lui. »

A la maison, il n'étala pas le surplus uniquement dans la cour mais il en mit dans la grange et au grenier. Il était incapable d'attendre le matin et il se leva à l'aube pour ramasser les pièces d'or. Ce fut sa chance, car s'il était resté au lit plus longtemps, il serait mort dans l'incendie de sa maison. Toute la maison fut réduite en cendres et il perdit tous ses biens.

bunni


Pourquoi le renard est-il roux?

Il était une fois un petit ruisseau qui coulait lentement. Des écrevisses nageaient gaiement dans son eau. Tout près de ce ruisseau se trouvait un terrain broussailleux habité par des renards.

Par une belle journée d'été bien chaude un renard eut très soif. Il descendit boire au bord du ruisseau. En buvant tranquillement, gorgée après gorgée de l'eau fraîche, il aperçut tout à coup une écrevisse. Elle ne nageait pas comme les autres animaux, vers l'avant, mais bien vers l'arrière. Le renard dit:

«Dis donc, heureusement que le bon Dieu n'a pas créé d'autre animal aussi incapable que toi, qui n'avance jamais vers l'avant mais vers l'arrière!»
L'écrevisse s'approcha du bord de l'eau et lui répondit:

«Peut-être, mais je cours quand même plus vite que toi, espèce de crâneur! Regarde là-bas, il y a un vieux chêne. Celui qui y arrivera le premier, gagnera la course. En plus, je te permets de commencer avec trois pas d'avance. Quand je dirai un, deux, trois, partez! cours autant que tu le peux, car de toute façon j' arriverai avant toi.»

Le renard rit de bon cœur.

«Marché conclu! dit-il en souriant. On verra qui sera le vainqueur!»

Pendant ce temps, sans se faire remarquer, l'écrevisse s'accrocha à la queue du renard avec ses pinces. Puis, elle donna le signal du départ:
«Un, deux, trois ... Partez!»

Le renard s'élança. Après avoir fait un bon bout de chemin, il se dit:

«Elle m'a bien eu, celle-là. Il se peut qu'elle ne soit même pas sortie de l'eau et qu'elle m'ait quand même bien fait courir. Tant pis, je vais continuer le chemin qui me reste encore à parcourir!»

Il arriva au chêne, se retourna et à ce moment-là l'écrevisse lâcha rapidement la queue du renard. Elle se planta devant lui et dit:

«Ce n'est que maintenant que tu arrives? Moi, je suis là depuis longtemps. Qu'est-ce que tu as fait jusqu'ici? Tu vois, tu étais présomptueux et finalement c'est moi qui ai dû t'attendre!»

Le renard eut honte et devint tout rouge. C'est depuis ce temps-là que le renard a un pelage roux.

bunni


Yanco Grain-d'orge

Il était une fois un tailleur qui avait un fils. Il était si petit que,  parvenu à l'adolescence, il devint à peine plus grand qu'un grain d'orge. Son corps était petit mais son courage était grand. Un beau jour il se mit devant son père, se redressa de toute sa taille et dit:
«Mon cher père, je veux parcourir le monde.
-Très bien. Que la chance t'accompagne sur ton chemin.»

Son père prit une aiguille, alluma une bougie et forma une petite boule de cire fondue qu'il piqua comme une poignée sur la tête de l'aiguille. Il remit alors cette arme minuscule à son fils.
«Tiens, maintenant tu as au moins une épée pour la route», dit le tailleur.
«Merci, mon père! Je vais bientôt partir mais avant cela je voudrais partager un dernier repas avec vous», dit le fils.

Sur ce, il bondit dans la cuisine pour regarder ce que sa mère préparait. Sur le feu, dans une grande marmite quelque chose mijotait.
«Qu'est-ce que nous allons manger, ma chère mère ?» demanda-t-il, se mêlant de ce qui ne le regardait pas.

La vieille dame n'aimait pas être dérangée pendant qu'elle faisait la cuisine.
«Regarde toi-même puisque tu es si curieux», lança-t-elle.

Bien sûr qu'il était curieux puisqu'il aimait les bons plats. Il sauta sur le poêle, bascula un peu le couvercle et jeta un coup d'oeil à la marmite d'où la vapeur jaillit. Celle-ci souleva le petit bonhomme et l'emporta par la cheminée. Yanco, c'était son nom, chevauchait pendant un bon moment le petit nuage frisé. Puis, il redescendit sans difficulté sur terre, regarda autour de lui et dit:
«Ça alors, je suis dehors, c'est donc ça le vaste monde!»

Il partit à la recherche d'un travail. Puisque son père l'avait formé à son métier, il se fit embaucher comme aide chez un tailleur. Le maître était content de son travail et Yanco de sa place. Il n'avait qu'une objection : il n'appréciait décidément pas les plats servis à table. Au bout d'un certain temps, il perdit son calme, alla dans la cuisine et dit:
«Écoutez moi, Madame! Si vous ne nous faites pas une meilleure cuisine, demain matin je m'en vais, mais avant j'écrirai à la craie sur votre portail:

En ce lieu que des patates,
de la viande tu n'as pas le bénéfice !
Adieu, Roi des patates !
Que Dieu te bénisse !»

La femme fut saisie de colère et donna un coup de torchon au petit bonhomme qui se réfugia sous un dé d'où il lui tirait la langue.
«Attends un peu, tu vas voir ce que tu vas voir!» dit la femme.

Le temps qu'elle soulève le dé, Yanco s'était déjà caché dans le pli du torchon. Quand la maîtresse de maison secoua le torchon, Yanco, d'un seul bond bien dirigé, sautait dans une fente de la table.
«Coucou, me voilà!» dit-t-il avec moquerie tantôt sortant de la table, tantôt jaillissant du tiroir, tantôt sautant sur le dossier d'une chaise.

La maîtresse de maison finit par attraper Yanco et le jeta brusquement à la porte.

Après un long vol, le petit aide tailleur s'écrasa par terre avec fracas. Il se remit debout promptement, se débarrassa de la poussière et reprit son chemin. Il marcha et marcha longtemps jusqu'à atteindre une immense forêt. La nuit tombait. Yanco regarda autour de lui. Il cherchait un endroit pour dormir. Il trouva quelque chose qui ressemblait à un tronc d'arbre parfaitement convenable pour y passer la nuit. Il s'apprêtait à s'allonger au pied du tronc quand celui-ci bougea. En effet, ce n'était pas un arbre mais l'un des pieds d'un homme qui attrapa Yanco par le col et le souleva. Yanco eut beau se démener, mais l'homme lui serrait très fort le cou. L'ascension l'étourdit pendant quelques secondes. Quand il reprit ses esprits, il se retrouva dans le creux de la main de l'homme. En regardant autour de lui, il vit une foule de visages mal rasés. Tous le dévisageaient et haletaient si fort que le pauvre Yanco Grain-d'orge croyait sentir un ouragan passer près de ses oreilles.

«Regarde ce Goliath!» dit d'un ton moqueur l'un des hommes.
«Il vaut plus que tous les passe partout du monde entier. Il n'est pas au monde un trou de serrure si petit où il ne pourrait entrer», dit un autre.
«Écoute, mon gars! Viendrais tu avec nous dans la trésorerie du roi? Tu vas te faufiler par le trou de la serrure et tu vas nous jeter par la fenêtre tout l'argent que tu trouveras. D'accord?» demanda le troisième.

Yanco hésitait un peu, et finalement il accepta. Il comprit qu'il se retrouvait en compagnie de voleurs et en cas de refus ils l'auraient tout de même emmené de force. Il s'installa donc dans la poche de l'un des voleurs et ils allèrent à la trésorerie royale. Mais celle-ci était bien gardée. Deux soldats à baïonnette se tenaient devant la porte. Après avoir débattu entre eux un bon moment, les voleurs finirent par trouver plus judicieux de contourner la trésorerie. Ils se cachèrent dans les buissons sous la fenêtre, laissant Yanco tenter de pénétrer dans la pièce en espérant que la garde ne le remarque pas.
«Tout ira bien! Pourvu que vous ramassiez tout ce que je vais jeter par la fenêtre!» ainsi approuva-t-il le projet.

Sur ce, avec fierté et témérité, il s'approcha de la porte en fer de la chambre du trésor. Il chercha un espace en bas de la porte pour s'éviter la peine de grimper jusqu'au trou de la serrure. En un rien de temps il en trouva un suffisamment large pour s'y faufiler. Il s'avéra qu'il avait sur estimé sa petitesse et il n'avait pas été assez prudent car l'un des gardes l'aperçut.

«Tiens! Quelle vilaine araignée, là, par terre. Je vais l'écraser.» dit-il à l'autre.
«Laisse la vivre, la pauvre! Elle ne t'a pas fait de mal!» répondit son compère.

Ainsi Yanco parvint à la chambre du trésor. Il ouvrit la fenêtre et siffla doucement pour que voleurs sortent des buissons. Yanco se mit à jeter les thalers d'or (1) par la fenêtre.

Alors qu'il était en pleine action, il entendit tout à coup des pas approcher, puis la clé grincer dans la serrure. Le roi arriva pour passer en revue son trésor. Aussitôt, Yanco se cacha derrière une pile de pièces. Le roi comprit tout de suite que bien des thalers d'or manquaient. Il ne pouvait imaginer que cela soit possible: qui serait donc le voleur? Le roi gardait toujours la clé sur lui. Ni le cadenas, ni la serrure n'avaient le moindre défaut, de plus la garde était à sa place. Il médita pendant un bon moment. Ne trouvant aucune explication, il retourna dans ses appartements. En passant près des gardes, il leur dit quand même :

«Soyez plus vigilants, faites attention au trésor! Quelqu'un pille les pièces d'or!»

Les soldats prirent peur et tendirent l'oreille. Le roi parti et le silence revenu. Ils entendirent soudain le cliquetis des pièces d'or, Yanco s'était remis à la tâche. Les gardes coururent vite récupérer la clé, la glissèrent dans la serrure, l'ouvrirent et se précipitèrent dans la chambre du trésor pour surprendre le voleur la main dans le sac.

Mais Yanco fut plus rapide qu'eux. Il courut le long du mur et se cacha dans un coin, derrière une pièce d'or. On ne voyait même pas le bout de ses oreilles.
«Où suis je? Je suis ici!» cria Yanco malicieusement.

Le temps que la garde arrivât, il s'était déjà caché dans un autre coin derrière une autre pile de thalers.
«Où suis je? Je suis ici!» cria t il.

Pendant un bon moment, les pauvres soldats coururent de gauche à droite dans la chambre du trésor; mais ils se lassèrent de cette veine poursuite.
«Eh bien, soit!» pensèrent ils.

Ils fermèrent à clé la chambre du trésor, s'assirent de part et d'autre de la porte de fer et ils s'endormirent épuisés. Pendant qu'ils dormaient, Yanco jeta par la fenêtre toutes les pièces d'or. Il sortit par la fenêtre en chevauchant le dernier thaler.

Les voleurs ne cessèrent pas de le complimenter:
«En un mot: tu es un vrai héros! Voudrais tu être notre chef?»

Yanco n'avait aucune envie de le devenir.
«Que je finisse à la potence, sûrement pas!» pensa-t-il.

Néanmoins, il répondit poliment aux voleurs.
«Merci de cet honneur, mais je me dois de décliner votre offre car j'aimerais voir le monde.»
«D'accord, mais partageons au moins le butin!», répondirent les voleurs.

Mais Yanco n'en voulut pas la moindre pièce. Il attacha son épée autour de sa taille, fit ses adieux aux voleurs et reprit sa route. Il travailla ici et là mais il fut vite renvoyé de partout parce qu'il ne tolérait pas l'immobilité.

Après une longue errance, il se fit enfin embaucher par un aubergiste comme serviteur. Mais bientôt, les serveuses ne le supportèrent plus. En effet, le petit bonhomme avait surpris tous leurs secrets.
«Depuis que ce chenapan est ici, nous ne pouvons même pas chaparder une bouteille de vin dans la cave», se disaient-elles. Elles l'auraient volontiers fait disparaître de la surface de la terre.

Mais comment faire? Il fallait juste attendre que l'occasion se présente. Un jour, l'une des serveuses fut envoyée faucher l'herbe dans le jardin. Yanco s'agitait autour d'elle en gambadant d'un brin d'herbe à l'autre.
«Attends, je vais te montrer de quel bois je me chauffe, petit vaurien», pensa-t-elle.

Sur ce, elle lança sa faux et du même coup coupa l'herbe là où Yanco était assis. Il n'eut même pas le temps de dire ouf que la fille le ramassa avec le foin frais. Elle attacha le tout dans une grande toile qu'elle jeta devant le troupeau, où une grosse vache noire avala Yanco avec l'herbe d'un seul trait.

Dans la panse de la vache, régnait une obscurité dense, même pas une petite lueur de bougie. Le petit garçon se sentait très mal dans cette nuit noire. Il attendait impatiemment l'occasion de s'échapper.
Bientôt, celle-ci se présenta car l'heure de la traite arriva. Yanco cria:

«Hopp la ho! Hopp la ho!
Il est temps d'apporter les seaux!»

Mais sa voix se perdit dans le beuglement des vaches. Après la traite, l'aubergiste descendit à l'étable, s'arrêta devant la vache noire et dit:
«Demain, il faudra abattre cette bête.»

Yanco fut effrayé et se mit à hurler à pleins poumons.
«Laissez moi sortir! Je suis à l'intérieur!»
«Où?», demanda l'aubergiste, qui entendait la voix sans savoir d'où elle venait.
«Dans la vache noire!», cria Yanco.
«Tu plaisantes?», demanda avec colère l'aubergiste en croyant à une farce de son domestique. Et il s'en alla.

Le lendemain matin, on abattait la vache et on en fit des petits morceaux. Par chance, Yanco ne fut pas blessé, on le mélangea à la chair à saucisse : salé, poivré et pimenté si bien qu'il ne cessait d'éternuer. Encore une poignée de lard à la recette et le boucher fit les saucisses.

Dans le boyau Yanco manquait de place. Puis, on accrocha les saucisses dans le fumoir où Yanco aurait pu rester et sécher jusqu'à la fin des temps.
Par chance, en plein hiver un hôte arriva à l'auberge et voulut à tout prix manger de la saucisse au petit déjeuner.
«Va chercher une saucisse!» dit la patronne à la fille de cuisine qui décrocha celle où Yanco passait l'hiver.

Ainsi, Yanco descendit du fumoir mais il n'était pas encore hors de danger. La femme de l'aubergiste se mit à couper la saucisse en tranches. Le couteau coupa sec, les tranches tombaient les unes après les autres tandis que Yanco agitait la tête de droite et de gauche afin d'éviter la lame. Quand avec une tranche il tomba sur la planche, il n'hésita plus et se sauva. Il avait déjà eu dans cette maison tant de malheurs qu'il ne voulait plus y rester. Il prit ses jambes à son cou, et sauve qui peut, il ne s'arrêta pas jusqu'à ce qu'il ne soit arrivé aux champs.
«Enfin, je suis au grand air», soupira t il.

Il était sur le point de prendre une grande bouffée d'air frais quand par étourderie un renard errant l'avala avec une sauterelle.
Le petit aide tailleur rassembla toutes ses forces, se campa sur ses jambes et s'accrocha bien fort à la gorge du renard pour ne pas y glisser. Il se mit à crier.
«Ecoute moi, Compère Renard! Je suis le petit Yanco Grain-d'orge, laisse moi sortir!
-Tu as bien raison! Pourquoi j'avalerais un petit de rien du tout? Si tu me promets de me donner les poules de ton père, tu pourras sortir», dit le renard.

Yanco promit. Sitôt dit, sitôt fait, le renard le laissa sortir, et le ramena chez ses parents qui se réjouirent de le revoir. En échange de leur fils, ils donnèrent au renard toute la basse cour. Mais le vieux tailleur avait de la peine car il était attaché à ses magnifiques poules blanches et noires. Voyant sa tristesse, Yanco prit place devant son père et lui dit:
«Ne pleurez pas, mon cher père, je vous ai apporté quelque chose en échange des poules.»

Avec une grande fierté, Yanco donna à son père les quelques thalers gagnés pendant son aventure.

(1) Le thaler ou taler est une pièce de monnaie, existant à partir de 1518 en Bohème.