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Contes d'ici et d'ailleurs

Démarré par bunni, 18 Septembre 2012 à 00:22:36

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bellparole



Aladin et la lampe merveilleuse

Il était une fois, dans le lointain pays du coté ou le soleil se lève, une veuve qui avait un fils du nom d'Aladin. Ils étaient très pauvres, et pendant que sa mère s'éreintait au travail, Aladin passait son temps à vagabonder avec les enfants de son âge.
Un après-midi, alors qu'il jouait avec ses amis sur la place du village, un mystérieux étranger s'approcha de lui. L'homme était richement vêtu ; il portait un turban orné d'émeraudes et de saphirs, et sa petite barbe noire faisait ressortir l'étrange éclat de ses yeux qui étaient plus sombres que le charbon.
- N'es-tu pas Aladin, fils de Mustapha le tailleur ? dit l'homme.
- Oui, monsieur, c'est bien moi, répondit Aladin.
- Mon garçon aimerais-tu gagner beaucoup d'argent... cent roupies ?
- Oh ! oui, monsieur ! je ferais n'importe quoi pour ramener autant d'argent à ma mère !
- Alors écoute Aladin, il te suffira de passer par une trappe trop petite pour moi et me rapporter une vieille lampe.

Aladin suivit donc l'homme à la barbe noire jusqu'en un endroit très éloigné du village. ils soulevèrent une lourde pierre et le garçon svelte et agile, se faufila par l'étroite ouverture. Quelques marches s'enfonçaient dans le sol. L'homme retira l'anneau qu'il portait au doigt et le tendit à Aladin :
- Mets cet anneau, il te protégera du danger.
Au bas des marches, Aladin découvrit une grande caverne. Elle était remplie de coffres, de jarres en or qui débordaient de bijoux, des arbres croulant sous le poids de fruits en pierres précieuses, de grandes coupes pleines de diamants et de perles de nacre : un trésor immense !

Aladin fut soudain tiré de sa stupeur par une voix qui criait :
- La lampe, la lampe Aladin, apporte moi la lampe !
Le garçon regarda tout autour de lui et finit par apercevoir une vieille lampe à huile posée sur un coffre. Elle semblait bien terne au milieu de toutes ces richesses. Pourquoi l'étranger voulait-il cette lampe sans valeur alors que la caverne renfermait un immense trésor ? C'était sans doute un magicien...
Aladin, inquiet, prit la lampe et remonta lentement vers la surface.
- vas-tu te dépêcher ! reprit l'homme, donne-moi la lampe !
- Aider moi à sortir, répondit Aladin.
- Donne-moi la lampe d'abord ! Hurla l'étranger.
Inquiet, Aladin mit la lampe dans sa poche et redescendit les marches sans répondre.
- Et bien puisque tu t'y plait tant, reste ici pour l'éternité !
Et, de rage, l'homme fit rouler la lourde pierre sur l'étroite ouverture.

Perdu, seul dans le noir, Aladin se tordait les mains de chagrin et de désespoir.
Soudain l'anneau qu'il portait au doigt se mit à briller. Une imposante créature apparut, avec des yeux comme des flammes. Il était plus grand qu'un géant. Sa voix fit trembler la caverne :
- Je suis le génie de l'anneau. Parle et j'obéirai !
- Je veux rentrer chez moi, murmura Aladin.
Aussitôt, Aladin se retrouva auprès de sa mère, à qui il raconta son étrange aventure. Comme elle refusait de le croire, le garçon lui donna la vielle lampe. Alors, tout en l'écoutant, elle commença à astiquer la lampe pour lui donner un peu d'éclat pour pouvoir la revendre au marché.

Quand elle eut frotté trois fois, il sortit de la lampe, au milieu d'une épaisse fumée, un autre génie encore plus effrayant que celui de l'anneau.
- Je suis le génie de la lampe, parle et j'obéirai !

A partir de ce jour, Aladin et sa mère ne manquèrent plus de rien. Quels que fussent leurs désirs, le génie les exauçait sur le champs. Ils devinrent même les personnes les plus riches et les plus généreuses de la région.

Les années passèrent. Aladin était maintenant un grand et beau jeune homme. Un matin, au marché, il croisa Badroulboudour, la fille du Sultan. Il en tomba fou amoureux. Après l'avoir mis à l'épreuve, le Sultan finit par accorder la main de la princesse à Aladin. Il y eut un somptueux mariage, puis Aladin et Badroulboudour s'en allèrent habiter un magnifique palais que le génie avait fait surgir dans la nuit. Un jour que la princesse était seul au palais, un étrange marchand s'arrêta sous sa fenêtre.
- J'échange vos vielles lampes contre des neuves criait-il.
- La princesse le prit pour un fou, mais comme il insistait et qu'elle ignorait le secret du génie, elle alla chercher la vieille lampe et l'échangea au marchand.

Celui-ci n'était autre que le mauvais magicien qui ayant appris qu'un ancien mendiant du nom d'Aladin épousait une princesse, il se doutait bien qu'il ne pouvait s'agir que d'une affaire de génie. Aussitôt le magicien frotta la lampe trois fois et, sous le regard effrayée de Badroulboudour, fit apparaître le génie.
- Je suis le génie de la lampe parle et je t'obéirai.
- Je suis le magicien noir, ton nouveau maître. Tu dois m'obéir en tout.
- Oui mon maître, commande que je t'obéisse.
Le magicien ordonna au génie de les transporter, lui, la princesse et le palais dans un pays très lointain au delà des mers.

La disparition de la princesse Badroulboudour, plongea Aladin dans une grande tristesse.

Le sultan voyant que le palais et sa fille avaient disparu commanda que l'on jette Aladin dans un cachot et que l'on lui coupe la tête le lendemain matin. Dans le sombre cachot, en se tordant les mains de désespoir Aladin se souvint de l'anneau. Une fois encore, il eut recours au génie de l'anneau.
- Emmène moi où se trouve ma bien aimée, lui demanda-t-il, je ne peux vivre sans elle.
En un éclair, Aladin se retrouva dans la cuisine de son palais. Devant lui Badroulboudour préparait le repas du magicien.

- Aladin, toi ici ?
- Vite mon amour, prends cette poudre et mets la dans le repas du magicien ! Aie confiance en moi.
Ainsi on entendit bientôt les ronflements du mauvais magicien, vaincu par le somnifère.

Aladin s'empara de la lampe et fit surgir le génie. Il lui ordonna de les ramener au plus vite dans leur pays. Le sultan pleura de joie en retrouvant sa fille et son gendre. Toute la ville célébra le retour d'Aladin et de la princesse par de grandes fêtes qui durèrent tout un mois. Quant au méchant magicien, il fut chassé du royaume et l'on entendit plus jamais parler de lui.
Ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme est un sentiment qui manque à l'amour : la certitude.

(Honoré de Balzac)

bunni


Le petit cheval bossu

Il était une fois un vieil homme qui vivait avec sa vieille femme. Ils n'avaient pas eu d'enfants, mais ils en avaient adopté un. Quand leur fils adoptif fut devenu grand, les gens l'obligèrent à partir de chez eux. Il alla par les routes et les chemins, et il rencontra un vieil homme qui lui demanda:
- Où vas-tu, bon gaillard?
- Je vais là où mon regard se porte, sans le savoir moi-même. Je vivais chez de bons vieux, j'étais comme leur fils, mais je n'ai pas eu le choix, on m'a forcé à les quitter.
- Je te plains, bon gaillard! - répondit le vieux - Mais prends cette bride et va vers ce lac. Là-bas, tu verras un arbre, escalade-le et cache-toi dans son feuillage. Soixante-dix sept juments accourront, elles boiront, elles mangeront, elles se rouleront dans l'herbe et ensuite elles repartiront. Et un petit cheval bossu viendra. Marche alors tout autour de lui, mets lui la bride, puis va où il te plaira.

Le fils adoptif prit la bride. Comme on lui avait dit, il fit le tour du petit cheval puis il s'assit sur son dos et se mit en chemin. Il alla par ci, il alla par là. Il alla de ci, il alla de là. Et il aperçut sur une haute montagne quelque chose qui étincelait, comme un feu qui brûle. Il monta là-haut et découvrit une plume merveilleuse. Il descendit de cheval et voulut ramasser la plume. Le petit cheval bossu lui dit:
- Ne prends pas cette plume, bon gaillard, par elle tu auras du malheur!
Mais le bon gaillard n'écouta pas. Il prit la plume et continua sa route vers un autre royaume. Il y arriva, et s'engagea au service d'un ministre. Le tsar vit l'enfant adoptif, lui fit louange de son adresse et de son agilité. Là où il en fallait dix, il faisait tout seul. Le ministre ajouta:
- Et savez-vous, Votre Altesse Royale, quelle merveilleuse plume il possède ?

Le tsar ordonna d'aller chercher la plume et de la lui montrer. Il tomba en admiration devant cette plume, et se prit d'affection pour le fils adoptif. Il le prit auprès de lui et le fit ministre. Et on mit le petit cheval dans les écuries du tsar.
Mais voilà, les autres dignitaires ne comprenaient pas pourquoi le tsar avait une telle bienveillance pour lui. C'était un simple serviteur, et il était soudain devenu ministre! Le secrétaire du tsar passa à côté d'eux et leur demanda:
- Mes frères, à quoi réfléchissez-vous? Si vous voulez, je vous donne un conseil. Restez tous ensemble, et baissez le nez. Le tsar va passer près de vous et demandera: "Qu'est-ce qui vous rend si pensifs? Avez-vous entendu parlé de quelque adversité?". Alors vous, répondez: "Non, Votre Majesté, nous n'avons rien entendu de mal, mais nous avons seulement appris que votre jeune ministre se fait fort de capturer l'oiseau à la plume merveilleuse."
Et ils firent ainsi. Le tsar convoqua alors son jeune ministre, lui dit ce qu'il avait entendu à son sujet et lui ordonna de lui ramener l'oiseau. Le bon gaillard, alla vers son petit cheval, tomba à genoux devant lui et lui dit:
- J'ai promis au tsar de lui ramener cet oiseau.
- Voilà, je t'avais dit: "Ne prends pas cette plume, ... il y aura du malheur!" Bon, ce n'est pas encore un malheur, ce n'est qu'un petit ennui. Va-voir le tsar, et dis-lui qu'on te fasse une cage. Certaines de ses portes s'ouvriront et les autres se fermeront. Et qu'il y ait deux coffrets dans cette cage, l'un plein de grosses perles et l'autre rempli de petites.

Le bon gaillard transmit cette demande au tsar, et tout fut réalisé sur-le-champ.
- Bien - dit le petit bossu - maintenant nous allons nous rendre vers cet arbre.
Le fils adoptif parvint à l'endroit indiqué. Il installa la cage dans l'arbre et lui-même se cacha dans l'herbe. L'oiseau arriva, il vit les perles et pénétra dans la cage. Les portillons se refermèrent sur lui. Le fils adoptif prit la cage, l'apporta au tsar et la lui remit:
- Voilà, Majesté, l'oiseau à la plume merveilleuse.

Le tsar le chérit encore plus. Et les dignitaires du royaume le détestèrent, encore plus qu'avant. Ils se réunirent et se mirent à chercher une idée pour s'en débarrasser. Passa le secrétaire du tsar qui leur dit:
- Si vous voulez, je vais vous donner un conseil. Dans un instant le tsar passera à coté de vous, il vous demandera: "A quelle idée réfléchissez-vous? Avez-vous entendu parler de quelque mauvaise chose?". Et vous, dites: "Nous avons appris que votre jeune ministre prétend dénicher en trois mois cette fiancée magnifique, que votre Majesté recherche en mariage depuis trente trois ans sans pouvoir y parvenir".

Le tsar écouta ces paroles, et éprouva une joie immense. Aussitôt, il envoya chercher son jeune ministre, et lui ordonna de lui amener sans faute cette magnifique fiancée. Celui-ci en fit la promesse. Et il alla voir le petit cheval bossu, se mit à genoux devant lui, et lui demanda son aide. Le petit bossu répondit:
- Je t'avais dit "Ne prends pas cette plume, ... il y aura du malheur!" Bon, ce n'est pas encore un malheur, ce n'est qu'un petit ennui. Va voir le tsar, dis-lui qu'il ordonne de construire un navire, de le recouvrir de velours rouge, de le charger d'or et d'argent et de toutes sortes de pierreries. Et il faudra que ce navire aille aussi bien sur l'eau que sur la terre ferme.
Le fils adoptif transmit la demande au tsar, et tout fut terminé en peu de temps. Il s'installa sur le navire, et emporta le petit bossu avec lui. Le navire traversa les terres et les mers et, finalement, accosta dans le royaume de Demoiselle-tsar.

A ce moment-là, Demoiselle-tsar s'apprêtait à se marier avec un quelconque roi. Elle avait envoyé ses gouvernantes et ses nourrices acheter ce qui lui était nécessaire pour ses noces. Ses gouvernantes et ses nourrices aperçurent le navire. Elles accoururent vers Demoiselle-tsar et lui annoncèrent que des marchandises venaient d'arriver de lointaines contrées. Demoiselle-tsar se rendit là-bas, monta dans le bateau, et ne put détacher ses yeux des raretés venues d'au-delà des mers...et elle ne remarqua pas que, depuis un moment déjà, le bateau repartait en l'emportant. Quand elle revint à elle, c'était trop tard.
- Jusqu'à maintenant - se dit-t'elle - personne n'avait jamais pu me tromper. Je n'avais jamais connu personne de plus sage que moi. Mais voilà, il s'est trouvé un tel roublard, qui a pu me jouer un pareil tour !

On l'amena au tsar. Celui-ci se la destina comme épouse, mais elle lui dit:
- Rapporte moi le coffre qui contient mes parures, et alors je serai à toi!
Le tsar donna ses ordres à son jeune ministre. Celui-ci l'écouta, alla voir le petit cheval et lui raconta l'affaire. Le petit bossu dit:
- Va maintenant tout seul par cette route. Tu auras une faim terrible, mais ce qui te tomberas sous la main, tu ne dois pas le manger.

Le fils adoptif se mit en chemin. Il tomba sur une écrevisse. Une faim violente s'empara du bon gaillard :
- Et si je mangeais cette écrevisse!
L'écrevisse répondit:
- Ne me mange pas, bon gaillard! Dans peu de temps, je te serai utile.
Il alla plus loin et trouva un brochet échoué sur le sable.
- Et pourquoi pas manger ce brochet ?
- Ne me mange pas, bon gaillard! - lui dit le brochet - Dans peu de temps, en personne, je te serai utile.
Il s'approcha d'une rivière et regarda. L'écrevisse portait des clefs, et le brochet traînait un coffre. Il prit les clefs et le coffre, et les apporta au tsar.
Alors Demoiselle-tsar dit:
- On a su m'apporter mon trousseau, sachez ramener ici mes soixante-dix sept juments, qui paissent par les vertes prairies au milieu des montagnes de cristal.


Le tsar confia cette affaire à son jeune ministre et celui-ci, à genoux devant son petit cheval, lui fit ses demandes.
- Je t'avais dit "Ne prends pas cette plume, ... il y aura du malheur!". - lui dit le petit bossu - Bon, ce n'est pas encore un malheur, ce n'est qu'un petit ennui. Va voir le tsar, dis-lui qu'il ordonne de construire une écurie dont certaines portes s'ouvrent et d'autres se ferment. Ainsi fut-il demandé, ainsi fut-il fait, au plus vite. Le bon gaillard se rendit à cheval vers l'arbre où il avait trouvé autrefois le petit cheval bossu, et il se cacha dans la verdure. Les juments accoururent, elles burent, mangèrent et se roulèrent dans l'herbe.
- Bon, - dit le petit cheval - monte vite sur moi, et éperonne tant que tu peux, pour que je galope de toutes mes forces et que les juments ne nous dévorent pas.

Le petit cheval bondit avec le bon gaillard sur le dos et il galopa de tout son souffle. Il galopa un peu, il galopa longtemps, et pénétra comme une flèche tout droit dans l'écurie avec les juments à ses trousses. Dès qu'il en sortit par l'autre côté, les portes claquèrent. Et les juments restèrent enfermées dans l'écurie.

On fit le rapport au tsar. Il alla annoncer la nouvelle à Demoiselle-tsar, mais celle-ci répondit:
- Je me marierai avec toi, quand on aura trait toutes les soixante-dix sept juments!

Le tsar donna ses ordres au jeune ministre. Celui-ci se rendit une nouvelle fois auprès du petit cheval bossu, et, en larmes, il implora son aide:
- Va voir le tsar, et dis-lui qu'il ordonne de fabriquer un chaudron qui puisse contenir soixante-dix sept seaux.
On construisit le chaudron. Le petit cheval dit à son maître:
- Enlève ma bride, va faire le tour de l'écurie, ensuite mets-toi sans crainte sous chaque jument, trais-lui un seau de lait et verse-le dans le chaudron.
Le bon gaillard fit ainsi.
On informa le tsar que le lait des juments était trait. Celui-ci se rendit auprès de Demoiselle-tsar qui répondit:
- Ordonne de faire bouillir ce lait, et baigne-toi dedans.

Le tsar fit appeler son jeune ministre et il lui ordonna de prendre le bain en premier. Le bon gaillard versa des larmes amères. Il alla vers le petit bossu et tomba à genoux:
- Maintenant, ma fin est arrivée.
Et le petit cheval en réponse:
- Je t'avais dit: "Ne touche pas à cette plume, ... il y aura du malheur". Et voilà, c'est arrivé! Bon, rien à faire, il faut te tirer d'embarras. Monte sur moi, allons au lac, cueille la même herbe que les juments mangent, fais-en une décoction et barbouille-toi de la tête aux pieds.

Le bon gaillard fit tout ce que lui avait ordonné le petit bossu. Puis, il revint, se jeta dans le lait bouillant, nagea au milieu du chaudron, prit son bain... cela ne lui faisait rien. Demoiselle-tsar ordonna de réchauffer le lait. Lorsque le lait se remit à bouillir, le petit cheval plein d'entrain se précipita vers le chaudron , par trois fois il but, et il bouscula le bon gaillard. En sortant de son bain de lait brûlant, celui-ci était devenu un homme superbe, d'une telle beauté qu'on ne peut ni la raconter dans un conte, ni la décrire de sa plume. Le tsar vit que son ministre était sain et sauf, il prit son courage à deux mains et se jeta lui-même dans le chaudron... et à la minute même, il fut cuit.

Demoiselle-tsar sortit de ses appartements prit le bon gaillard par la main et dit:
- Je sais tout. Ce n'est pas le tsar, mais toi qui as fait mes volontés. Je me marierai avec toi!

Et le lendemain, ils firent des noces mémorables.



bunni


Le génie de la forêt

Il était une fois dans un pays très lointain qu'on appelle le Paraguay, un pauvre fermier et sa femme qui travaillaient très dur sur leur lopin de terre. La sol était tellement sec que leurs outils se cassaient souvent et qu'à chaque coup, un nuage de poussière s'élevait de la terre. Ils gagnaient donc juste de quoi vivre mais quand on dit juste de quoi vivre, c'était juste de quoi vivre. Jamais de superflus chez José et Anina mais malgré tout c'étaient des gens très gentils, heureux de vivre.
Un jour, Anina reçut la visite d'un voisin qui lui dit qu'à une journée de marche de chez eux, un riche fermier ne pouvait trouver suffisamment de travailleurs pour l'aider à la récolte. Elle proposa à son mari :
- Pourquoi n'irions-nous pas aider ce fermier? Ici, nous mourons presque de faim. Chez lui, nous pourrions gagner suffisamment d'argent pour vivre décemment.
Son mari la regarda, préoccupé et lui dit sur le ton de la confidence :
- Je ne dis pas non mais ne sais-tu pas que cette région est habitée par le grand génie de la forêt? C'est un ogre immense, poilu, à la barbe rouge sang et aux yeux de jais qui lancent des éclairs. Il dévore tous les hommes qu'il rencontre et ramène les femmes chez lui afin qu'elles travaillent pour lui. Le danger n'est écarté que l'après-midi, car c'est à ce moment qu'il dort. Je n'ai pas tellement envie d'y aller. Ca ne m'étonne pas que ce fermier ne trouve plus suffisamment de gens pour rentrer la récolte. Tout le monde a peur. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée d'aller habiter aussi près d'un tel monstre.
- Moi je n'ai pas peur ! dit Anina, en riant. Je resterai à l'intérieur et je n'irai faire les courses que l'après-midi. Je t'en prie, allons-y. Je pense que c'est la meilleure chose qui puisse nous arriver !
Fatigué d'entendre sa femme lui dire tous les bénéfices qu'ils pourraient tirer de leur nouvelle situation, José finit par accepter. Ils emballèrent leurs maigres affaires et quittèrent leur misérable chaumière en quête d'une vie meilleure.
Après un jour de marche, ils arrivèrent chez le riche fermier. Celui-ci possédait une magnifique ferme située loin de la forêt du génie. En outre, de nombreux hommes faisaient des rondes afin d'empêcher le génie d'entrer.
On donna immédiatement du travail à José aux champs et le fermier leur indiqua une maisonnette à l'orée de la forêt, où ils pourraient habiter.
- Vous pourrez vivre ici en toute tranquillité, dit le fermier à Anina. Veille toutefois à rester à l'intérieur. Ne sors que l'après-midi, car c'est le moment où le génie de la forêt se repose. Je vous ferai apporter de la nourriture tous les jours par mes hommes afin que vous ne couriez aucun danger.
Et c'est ce qui se passa. Chaque jour, les hommes de la ferme leur apportaient des vivres. José gagnait bien sa vie en travaillant aux champs et ils étaient très très heureux. Ils n'avaient pas aperçu le génie de la forêt et Anina en venait à douter de son existence. Mais elle se trompait! Caché dans la forêt, il l'avait déjà observée à plusieurs reprises. Il en était même tombé un peu amoureux. Toutefois, il ne pouvait s'approcher d'elle, car elle restait toujours aux alentours de la maison. Un jour, il y avait tellement de travail à la ferme que le fermier avait complètement oublié d'envoyer ses hommes porter de la farine et des haricots à la maisonnette. Anina se tracassait. Quand vint l'après-midi, elle voulut se rendre à la ferme elle-même pour aller chercher de quoi manger.
Reste donc ici, lui dit José, inquiet. Imagine que tu rencontres le génie et qu'il t'emmène. Que ferais-je sans toi ?
Mais Anina se moqua de lui.
C'est l'après-midi, répondit-Anina. Le génie est en train de dormir. Il n'y a aucun danger. Je rentrerai bien avant la tombée de la nuit. Ne t'inquiète pas. A tout à l'heure. Elle prit son grand panier et partit.
Elle suivit gaiement le long chemin qui menait à la grande ferme. Le fermier sursauta lorsqu'il la vit arriver.
- Ne m'en veux pas, dit-il à Anina. Il y avait tellement de travail! Je vais te donner le repas tout de suite. Tu ferais peut-être bien de dormir chez nous, car si tu pars maintenant, tu ne seras de retour chez toi que le soir tombé. Pense au génie de la forêt, petite!
Mais Anina ne voulut pas passer la nuit chez le fermier. Elle avait peur que José ne s'inquiète. Elle prit rapidement le chemin du retour. Soucieuse, elle regardait parfois le soleil qui descendait à l'horizon. Alors qu'elle était presque arrivée, le génie de la forêt jaillit de derrière un gros arbre et l'attrapa. Anina résista de toutes ses forces, mais ce fut peine perdue. Le génie l'emmena dans sa cabane au fin fond de la forêt. Là, Anina dut lui faire la lessive et la cuisine.
José était déjà rentré de son travail et attendait avec inquiétude le retour de sa femme. La nuit tombée, il partit à sa recherche. Près de l'orée de la forêt, il découvrit son panier à provisions rempli de vivres. Il eut très peur, car il était désormais sûr qu'Anina avait été enlevée par le génie de la forêt. Tristement, il ramassa le panier et retourna chez eux. Il faisait bien trop noir pour encore partir à sa recherche.
Sur le chemin du retour, il rencontra un vieux mendiant qui marchait à l'aide d'un bâton et qui lui demanda un peu de nourriture.
- Je n'ai rien sur moi, répondit José gentiment, mais accompagnez-moi, je vous préparerai quelque chose à manger.
Pendant que le vieux mendiant se restaurait, José lui raconta ses mésaventures.
Si vous m'autorisez à dormir ici, je vous aiderai demain à trouver la cabane du génie, proposa le mendiant.
José le regarda d'un air incrédule.
- Ne craignez-vous pas qu'il nous dévore? lui demanda-t-il, inquiet.
Le mendiant secoua la tête en riant.
- N'ayez pas peur, répondit-il. Je suis peut-être vieux, mais je ne suis pas encore tout à fait inutile Patientez un peu.
Le lendemain matin, les deux hommes partirent de bonne heure. Ils s'enfoncèrent dans la forêt. Après de longues recherches, ils découvrirent enfin la cabane du génie de la forêt. Ils se dissimulèrent derrière quelques buissons. José aperçut Anina sortir de la cabane et vider un seau d'eau. Elle était donc bien là. Quant au génie, il restait invisible.
- Il est peut-être parti chasser, dit José et il se dirigea vers la cabane pour aller chercher Anina.
Soudain, le génie jaillit de derrière la cabane en poussant un cri assourdissant. Il s'était caché afin de surprendre José.
- Ah, je vais me régaler doublement! s'exclama le génie. Enfin, pas tout à fait : l'un des deux est tout rabougri.
Il saisit les deux hommes de ses mains poilues. José cria, mais le vieux mendiant n'avait pas peur du tout.
- Si tu ne nous lâches pas, je te fais mordre par un serpent, dit-il fâché.
Le génie libéra immédiatement les deux hommes et regarda autour de lui.
- Je ne vois aucun serpent. Tu me prends pour un imbécile! maugréa-t-il. Viens ici, que, je te mange le premier. Je garde le savoureux jeune homme pour la fin.
Il tendit la main vers le vieil homme, mais au même moment, ce dernier jeta son bâton sur le sol. Le bâton se changea immédiatement en un gros serpent sifflant. Le génie eut très peur et n'osa plus bouger, car rien ne lui faisait plus peur que les serpents. Il mit ses grandes mains devant ses yeux. A présent, il ressemblait plus à un enfant effrayé qu'à un redoutable génie de la forêt.
- Eloigne ce serpent ! Eloigne cet affreux serpent! s'écria-t-il effrayé.
- Je ne le ferai que si tu promets de partir d'ici, répondit le vieux mendiant. Tu dois partir au-delà des montagnes et ne plus jamais revenir. Si tu le promets, je changerai à nouveau le serpent en bâton.
- D'accord! D'accord! Je partirai! répondit le génie de la forêt d'une voix tremblante.
Le vieux mendiant sourit.
- N'oublie pas! le prévint-il. Dès que tu reviendras importuner ces pauvres gens, je t'enverrai dix de ces serpents. Il prit le serpent par la queue et celui-ci se changea immédiatement en bâton. Le génie fit rapidement son baluchon tout en pleurnichant.De temps en temps, il jetait un coup d'oeil effrayé au vieux mendiant, mais celui-ci se contentait de l'observer calmement. Un peu plus tard, le génie partit en direction des hautes montagnes que le vieil homme lui avait indiquées. Contente et soulagée, Anina tomba dans les bras de son mari. Sans attendre, le mendiant mit le feu à la cabane du génie. S'il se retourne et voit la fumée, il saura qu'il n'a plus de maison et qu'il ne peut donc plus dormir ici, expliqua-t-il. Heureux, ils se dirigèrent vers leur maison. Le vieil homme resta encore quelques jours chez José et Anina. Mais un beau matin, il partit sans raison aucune et nul ne le revit jamais. José et Anina coulèrent des jours heureux. Depuis le départ du génie, de plus en plus de gens venaient travailler dans cette région du pays. On construisit plus de fermes, des magasins et des écoles. Le fermier offrit à José un meilleur emploi: il devait diriger le travail de tous les nouveaux travailleurs. Le fermier le payait bien, car depuis qu'il avait suffisamment de personnes pour cultiver la terre, il gagnait assez d'argent pour payer à ses employés un bon salaire.
José et Anina étaient donc très heureux et lorsqu'ils eurent un enfant l'année suivante, ils furent au comble du bonheur. Ils vécurent longtemps et heureux à l'orée de la forêt.

bunni


Caresse du vent

Il y a bien longtemps, si longtemps que nul ne se souvient du moment où c'était, vivait sur la terre un peuple en communion totale avec la nature. Ils chassaient, pêchaient, construisaient des embarcations dans des troncs d'arbres brûlés ou fabriquaient des mocassins pour ne pas avoir mal aux pieds. L'organisation de cette société était parfaite à bien des égards et les nombreuses tribus qui composaient ce peuple vivaient en harmonie.
Dans une de ces tribus, il y avait un chaman appelé "Celui-qui-Sait-Tout". Il avait le pouvoir de guérir les maladies et de communiquer avec le monde de l'au-delà et les forces spirituelles qui habitent chaque élément de la nature : les animaux, les plantes, les astres, la pluie... Celui-qui-Sait-Tout avait une fille très belle prénommée "Caresse-du-Vent". Tous les guerriers de la tribu rêvaient de l'épouser parce qu'elle était pourvue de nombreuses qualités. Elle ne regardait aucun des guerriers qui lui faisaient la cour. Tout le jour, elle rangeait, nettoyait, faisait mille corvées pour elle mais aussi pour ses voisins. Jamais elle ne refusait de rendre un servie. Son tepee était le mieux rangé de la tribu et tout le jour, elle était affairée.

Une nuit, pendant la saison des fruits bien mûrs, Caresse-du-Vent a fait un songe. Un Manitou lui est apparu.
Le Manitou est un personnage qui possède des dons surnaturels - c'est la représentation vivante d'une des forces de la nature.
Celui qui vient dans son rêve est le Manitou de l'Air. Il lui apprend qu'il l'aime depuis le premier jour où il l'a vue et que jamais elle ne trouvera sur la terre aucun homme qui réussira à la rendre aussi heureuse que lui.

Le matin, lorsqu'elle se réveille, elle se souvient très bien de son rêve et elle en est troublée. Elle sort de son tepee pour aller chercher de l'eau fraîche et trouve juste devant l'entrée une superbe paire de mocassins brodés de perles multicolores. Sa jeune sœur "Perle-d'Orage" qui sort en même temps qu'elle trouve les mocassins fort à son goût et les lui demande. Caresse-du-Vent les lui donne et toutes les deux partent vers la rivière.

Chaque nuit, le rêve se reproduit. Chaque matin, lorsqu'elle sort de son tepee, Caresse-du-vent trouve un nouveau présent devant l'entrée : un collier, une tunique de peaux, un bandeau, une ceinture. A chaque fois, elle donne les cadeaux à sa jeune sœur qui est bien heureuse d'avoir une sœur aussi généreuse.

Mais à force de mal dormir la nuit, Caresse-du-Vent perd sa gaieté naturelle et ses forces semblent d'amenuiser. Elle reste souvent songeuse pendant de longs moments. Son père qui l'observe depuis plusieurs lunes se résout à lui parler un soir car il a bien compris d'où venait le tourment de sa fille.

- Dis moi, Caresse-du-Vent, tu sembles bien triste depuis la lune des cerises rouges. T'est-il arrivé quelque chose ? Si tu as du souci, je peux certainement t'aider.

Caresse-du-Vent ne détourne pas les yeux. Elle s'assied à côté de son père et lui raconte l'objet de son trouble.

- Père, je suis jeune et il est grand temps que je prenne un époux mais nul guerrier de la tribu ne me plaît. Chaque nuit, dans mes songes, le Manitou de l'air me demande de devenir son épouse. Je ne sais pas quoi faire et surtout, je ne sais pas comment le rencontrer car je sens que je l'aime un peu plus chaque jour. Chaque matin, lorsque je m'éveille, je trouve un présent devant le tepee. Je l'offre à Perle-d'Orage car je ne peux accepter de si beaux présents.

Celui-qui-Sait-Tout n'est pas étonné. Il se met à réfléchir et demande à ne pas être dérangé durant trois jours. Il entonne alors un chant magique qu'il psalmodie. Au bout des trois jours, il appelle sa fille :

- Caresse-du-Vent, j'ai parlé au Grand-Esprit. Tu dois maintenant décider de ton avenir. Si tu veux trouver le Manitou de l'Air, il te faut quitter la tribu et entreprendre un long voyage pour retrouver celui que ton cœur aime. Le Grand-Esprit y met cependant une condition : jamais tu ne pourras revenir parmi nous car tu vas subir une métamorphose.

Caresse-du-Vent sent très bien ce qu'elle doit faire. Elle aime son père, sa jeune sœur et sa tribu mais elle est certaine aussi qu'elle aime plus que tout le Manitou de l'Air. Elle n'a pas peur d'une métamorphose. Elle rassemble quelques affaires et se met en chemin dès le matin du jour suivant après avoir serré longuement son père et sa sœur dans ses bras.

Elle marche tout le jour sans prendre le temps de s'arrêter. Au moment où le soleil est se couche, la faim commence à la tenailler. Elle s'installe dans le creux d'un gros rocher non loin d'un cours d'eau, mange quelques galettes de maïs et boit un peu d'eau. La fatigue l'enveloppe et elle s'endort bientôt. En rêve, elle voit à nouveau le Manitou qui lui dit qu'ils seront très bientôt réunit. Au matin, Caresse-du-Vent s'éveille. Au moment de se mettre debout, elle ne peut utiliser ses bras ; ceux-ci sont devenus de grandes ailes, ses pieds, des serres et son nez, un bec.

Avec beaucoup de difficultés, elle arrive sur le bord de la rivière et voit son reflet dans l'eau. D'une belle jeune femme, elle est devenue un aigle royal. Le choc est si grand, qu'elle se met à pleurer. Soudain, à côté de son reflet, elle voit un second reflet - un second aigle royal.

- Bonjour Caresse-du-Vent, je suis le Manitou de l'Air et le Manitou plus heureux du monde. En la regardant, il s'aperçoit de ses larmes qui ruissellent et tombent sur le sol. Pourquoi pleures-tu ? Ton père et ta sœur te manquent ? Es-tu malade ?

- Ce n'est rien répond-elle en essuyant ses larmes d'un coup d'aile. J'ai été surprise par mon apparence. Je suis moi aussi bien heureuse de te rencontrer enfin. Il y a si longtemps que je t'attends.

- Partons, dit le Manitou de l'Air. Les chasseurs ne vont pas tarder à arriver dans la plaine et il ne faudrait pas qu'il t'arrive quelque chose.

Si le Manitou de l'Air s'envola sans problème, Caresse-du-Vent éprouva bien plus de difficultés. Elle prit de l'altitude avec difficultés, manqua de retomber sur le sol mille fois mais finit par s'affranchir. Ils passèrent tous deux au-dessus de la tribu où vivait Caresse-du-vent juste au moment où le chaman sortait de son tepee. Celui-ci leva la tête et sourit. Il avait reconnu sa fille qui s'envolait vers son destin. Il ne fit cependant aucun signe et Caresse-du-vent poursuivit sa route avec un petit pincement de cœur.

Ils volèrent très longtemps et arrivèrent dans l'antre du Manitou de l'Air. Un désordre indescriptible y régnait. Tout était sans dessus-dessous. Le manitou de l'Air raconta à Caresse-du-Vent qu'il ne parvenait pas à remettre de l'ordre chez lui car le vent du Nord, le vent de l'Est, le vent de l'Ouest et le vent du Sud ne faisaient pas attention lorqu'ils rentraient de leurs voyages. Il avait beau leur demander de respecter sa demeure mais à chaque fois, au lieu de l'écouter, ils se mettaient à souffler plus fort encore.

Nullement découragée, Caresse-du-Vent entreprit de ranger sa nouvelle demeure. Sans doute précédée de sa réputation, aucun des vents n'osa jamais souffler à l'intérieur et la demeure resta propre et bien rangée.

Caresse-du-Vent et le Manitou de l'Air vivent depuis très heureux. De leur histoire, une expression est née : " L'air ne fait pas la chanson " évidemment, puisqu'il fait les grandes histoires d'amours.

bunni


L'étoile

Une nuit, alors que tout était calme et froid dans le désert, une nouvelle étoile apparut dans le ciel de notre pays.
Aussitôt, le sultan déclara qu'elle lui appartenait, et que lui seul pouvait décider de ce qu'il fallait en faire. Contemplant les ténèbres du haut de la plus grande tour de son palais, il pointa sa fine barbe noire vers le ciel, et dit :
« C'est moi qui l'ai vue le premier ! C'est donc à moi et à nul autre que revient le privilège de posséder ce nouvel astre ! À compter de ce jour, il fait partie intégrante de mon empire ! »
Comme personne n'avait envie de s'attirer des ennuis inutiles, on ne discuta pas.
Le sultan a toujours aimé les choses merveilleuses. Il a, paraît-il, une vie onirique fort chargée. Il a en outre un orgueil de belle taille. C'est dire si l'idée de se retrouver soudain en possession d'une des étoiles du ciel avait tout pour le séduire, et le rendre encore plus enclin à la folie des grandeurs qu'à l'ordinaire.
Après avoir bien réfléchi à ce qu'il convenait de faire de cette nouvelle partie de son empire, il annonça de sa voix haute et claire qu'il avait l'intention de s'y rendre au plus vite, et fit en conséquence mander auprès de lui ses meilleurs astrologues afin qu'ils lui apprennent ce qu'ils savaient de cette mystérieuse étoile, et qu'ils le conseillent quant aux moyens qu'il lui faudrait employer pour monter jusqu'à elle. Lorsque ces vénérables hommes de science, vêtus de leurs plus beaux ornements à vocation occulte de type chapeaux pointus et robes de soie couvertes de croissants de lune arrivèrent auprès du sultan, ils durent avouer à leur grande honte que cette apparition soudaine leur était parfaitement incompréhensible.
-Rien de tel n'était prévu dans nos almanachs, dirent-ils en présentant à leur maître des mines abasourdies, devant un tel phénomène nous ne pouvons que faire part de notre étonnement. La nuit dernière encore nous les avons tous comptés, et nous n'avons trouvé aucun astre supplémentaire. Cette apparition est aussi récente que curieuse.
-Vraiment ? Vous n'avez rien vu venir ? demanda le sultan un peu surpris par l'aveu d'incompétence de ses astrologues.
Tout rougissant, l'un des savants répondit la tête baissée :
-Non, vraiment, rien du tout.
-C'est étrange, poursuivit le sultan, je vous paye pourtant fort cher pour que vous puissiez mener à bien vos travaux... Mais enfin, passons sur ce détail, et contentons-nous pour l'instant d'admirer le fait accompli. Les raisons de l'apparition de cette étoile n'ont après tout que peu d'intéret, le plus important à l'heure actuelle est que vous puissiez répondre à mes questions.
-Nous ferons de notre mieux, dit le plus vieux des astrologues d'une voix chevrotante.
-Très bien, alors dites-moi quelle est selon vous la nature de cet astre ?
-Selon toute probabilité il s'agit d'une étoile.
-Oui, j'entends bien, mais est-ce une étoile intéressante ? Pourrais-je y trouver assez de féerie pour satisfaire mes besoins ? En un mot, est-elle digne d'appartenir à un homme tel que moi ? Car voyez-vous, je n'ai pas l'intention de me contenter de petites choses sans importance. Il me faut du grandiose et du merveilleux.
-D'après nos premières informations, cette étoile semble être de belle taille, mais nous n'avons pas encore pu recueillir un nombre suffisant d'informations à son sujet pour être tout à fait sûrs de notre opinion. Le ciel est une chose si vaste, et l'astronomie un art si périlleux...
-Cela est un peu vague, dit le sultan l'oeil noir et le menton fuyant, mais j'ose espérer que vous pourrez tout de même me conseiller de façon satisfaisante au sujet des moyens qu'il me faudra employer pour me rendre sur mon étoile. Allez, faites-moi profiter de votre science, je suis impatient.
-Vous y rendre sultan ? répondit l'un des astrologues à la fois inquiet et surpris, n'est-ce pas une décision un peu précipitée ?
-Absolument pas ! Cette étoile m'appartient, je veux la visiter, et le plus tôt sera le mieux. Je ne veux pas qu'on me la vole !
-Vous la voler ? Non, de ce côté-là vous ne risquez rien. Une étoile, ça ne se vole pas comme ça.
-On n'est jamais trop prudent. Tant de gens de par le monde me veulent du mal. Il faut se méfier de tout et de tout le monde.
Certains des astrologues se chuchotèrent quelques mots à l'oreille, puis l'un d'entre eux dit :
-Hélas grand sultan, selon nous votre idée n'est pas très sage. Avant de mettre les pieds sur votre étoile il serait préférable de l'observer au moins durant quelques nuits afin de savoir si elle est bien accrochée au ciel, et si elle est aussi solide que les autres astres du firmament.
-Messieurs, je vous trouve bien insolents ! dit le sultan dont l'irritation était de plus en plus perceptible. Pourquoi voulez-vous que mon étoile ne soit pas bien accrochée au ciel ? Je finirai par croire que quelqu'un vous paye pour m'incommoder. On dirait que cela vous dérange de voir le pays s'enrichir d'une nouvelle colonie ?
-Pas du tout, mais vous venez vous-même de rappeler comme il est préférable de faire preuve de prudence...
-De prudence, oui, pas de frilosité ! Quel qu'en soit le coût, j'irai sur mon étoile. J'en ai assez d'être privé d'astres dignes de ce nom. Tous mes collègues possèdent des comètes, des étoiles, et des planètes à ne plus savoir qu'en faire, et moi, qui ne suis pourtant pas le dernier des imbéciles, je devrais me contenter des quelques étoiles filantes depuis longtemps éteintes que mon pauvre père a bien voulu me laisser en héritage ? Tous les gens puissants, tous les maîtres des États qui nous entourent vont quand ils le veulent se promener dans leurs célestes colonies, et moi, je devrais me contenter de rester cloué au sol à regarder briller la lune et grandir les palmiers de mon oasis ? Il n'en est pas question !
Les astrologues se sentaient bien embêtés. Le sultan savait se faire craindre, et ses terribles colères avaient tout pour faire trembler son peuple. La moindre petite contrariété pouvait lui donner le goût de violentes représailles, et contredire ses opinions pouvait avoir des conséquences désastreuses. C'est donc avec la plus extrême prudence que le plus vieux des astrologues dit :
-Les moyens de se rendre dans le ciel sont fort nombreux, mais lorsqu'on n'est pas habitué aux espaces infinis, et lorsqu'on ne sait même pas quelle est la nature exacte de l'objet céleste que l'on convoite, une telle aventure n'est pas sans présenter certains dangers, cela d'autant plus...
-Cela suffit ! dit le sultan, interrompant sèchement son interlocuteur. Peut-être faites-vous comme on le dit partie des personnages les plus savants de mon empire, mais il n'en reste pas moins que votre discours m'ennuie plus qu'il n'est permis. Et puisqu'il en est ainsi, je me passerai bien volontiers de vos conseils. Messieurs, vous pouvez rentrer chez vous.
Quelques heures plus tard, les astrologues du palais furent livrés au chef des bourreaux, et décapités en place publique. On en déduit que le sultan était sujet à un léger agacement.
Les jours passèrent, et chaque nuit le sultan observait son étoile. Il ne parlait, pour ainsi dire, plus que de son projet de voyage dans le ciel, et consultait à présent les meilleurs ingénieurs du pays qui, ne voulant prendre aucun risque inutile, affirmaient tous que son projet était facilement réalisable, et que d'ici peu son rêve de faire paître ses chameaux dans le ciel deviendrait réalité.
Certains lui proposèrent de s'y rendre en tapis volant, mais il trouva cela quelque peu démodé. D'autres lui conséillèrent d'apprendre lui-même à voler, ce qu'il trouva tentant, et assez poétique, mais par trop compliqué et hasardeux, mais la plupart des personnes qu'il consulta lui affirmèrent que la meilleure solution pour mener à bien son projet était sans doute de construire une sorte de grand échafaudage muni d'un escalier qui, s'il était fabriqué avec soin, le mènerait sans peine vers sa nouvelle colonie.
Très enthousiasmé par cette idée qu'il trouva majestueuse à souhait, il ordonna aussitôt à tous les hommes valides du pays de se mettre à l'ouvrage, et promit à chacun une double ration de dattes si les travaux étaient achevés avant son anniversaire qui devait être célébré quelques semaines plus tard. En cas d'échec, il prévoyait bien entendu quelques cruelles et pénibles punitions. (Écartèlement, supplice du pal, découpage en petits morceaux, etc...)

Pendant que ses sujets travaillaient comme des bêtes sous le fouet de terribles gardes-chiourmes, le sultan, qui trouvait le temps bien long, tâchait de se divertir en compagnie de ses nombreuses épouses, toutes plus impatientes les unes que les autres de lui offrir une descendance de qualité. Dans le calme de ses riches appartements, il se faisait enduire le corps d'huiles odoriférantes, et rêvait à son futur voyage dans le ciel :
-Mes très chères femmes, leur dit-il un jour, vous savez combien il m'est agréable de palper vos seins langoureux et de goûter au poison de vos lèvres molles, mais hélas, durant quelques jours, aucune d'entre vous n'aura la chance d'être honorée par mes soins. Comme vous le savez, une tâche importante m'attend au royaume de la nuit, et je ne peux, à mon grand regret, vous emmener avec moi. Mais je vous promets qu'à mon retour je vous ferai participer à la plus belle orgie que l'on ai vue de ce côté-ci du désert. Nous fêterons dans le stupre et l'allégresse l'entrée dans mon empire de ma première colonie céleste. Je vous promets bien de l'amusement, et les plus dociles d'entre vous recevront peut-être un jour ou l'autre en cadeau une petite résidence de campagne remplie d'eunuques serviles et de parfums capiteux que je ferai construire sur mon étoile.
Les épouses du sultan furent un peu tristes lorsqu'elles apprirent qu'il allait devoir les abandonner quelques temps, car elles avaient toutes une haute idée du devoir conjugal, et aimaient caresser la peau rugueuse de leur maître vénéré, mais elles lui souhaitèrent tout de même bon voyage, et promirent de rester sages durant son absence.
C'est au cours d'une de ces petites réunions privées qu'un de ses serviteurs vint un jour informer le sultan qu'un étrange personnage s'était présenté à la porte du palais en affirmant avoir une chose très importante à lui dire.
-Vous voyez bien que je suis occupé, avait répondu le sultan qui était en train de se faire masser les pieds par une lascive malabaraise.
-Oui grand sultan, avait dit le serviteur, mais le visiteur insiste, et affirme surtout que sa venue à un rapport avec votre étoile.
Le sultan leva les yeux. Il paraissait fort surpris et intrigué.
-Faites entrer cet homme, dit-il calmement, mais d'un air très concentré.
Le serviteur se retira à reculons, et quelques instants plus tard fit entrer un vieillard vêtu d'une longue cape noire et d'un turban poussiéreux qui s'inclina devant le sultan avec assez de politesse pour paraître respectueux.
-Sois le bienvenu, vieillard, dit le sultan qui s'était assis sur un riche siège en velours, je t'écoute, qu'as-tu à m'apprendre ?
-Voilà grand sultan, je passais dans la région, lorsque j'appris au hasard de l'une ou l'autre conversation venue à mes oreilles que vous revendiquiez la propriété d'une nouvelle étoile récemment apparue dans le ciel.
-C'est exact. C'est moi qui l'ai vue le premier, elle m'appartient donc de plein droit.
-Je crains hélas que cette opinion soit fort contestable, continua le visiteur d'une voix très calme et assurée.
-Que veux-tu dire ? répondit le sultan pas encore tout à fait agacé.
-Ce que je veux dire, c'est que cette étoile m'appartient, et que je n'ai l'intention de la céder à quiconque.
Le sultan ne prit pas cette remarque très au sérieux. Se frottant la barbe, il dit :
-Gardes ! Évacuez cet insolent ! Je n'ai pas envie de rire.
-Ce n'est pas la peine de faire appel à la force armée, dit l'étrange vieillard, si vous ne voulez pas m'écouter, je m'en vais. Mais je vous aurai prévenu...
Et il disparut aussitôt dans les couloirs du palais.
Le sultan ordonna qu'on le rattrape, et qu'on le décapite pour lui faire passer l'envie de se moquer de lui, mais bien que plusieurs hommes en armes se soient rapidement mis à sa poursuite, il fut étrangement impossible de lui remettre la main dessus. On trouva cela bien mystérieux, mais on était alors si préoccupé par la construction de l'escalier céleste que l'on n'y pensa bientôt plus.


Le temps passa. Le sable du désert s'égraina lentement dans les sabliers de l'empire, et petit à petit les sujets du sultan assemblaient le grand échafaudage qui devait bientôt le mener vers le ciel. Le travail était harassant, et chaque jour un peu plus compliqué. Souvent des gens tombaient du haut de cette curieuse construction de cordes et de bambous venus de quelque royaume vassal perdu dans l'humidité des tropiques. C'était bien triste de voir tous ces morts, mais on n'avait pas beaucoup de temps pour les pleurer, et l'on promettait de leur ériger un joli monument fleuri dans le cimetière des martyrs de la nation.
Chaque jour le sultan visitait les travaux en compagnie de ses ingénieurs dévoués qui toutes les nuits priaient le ciel pour que leur improbable construction ne s'écroule pas trop vite. Beaucoup étaient inquiets, mais jusqu'alors ils arrivaient encore à cacher leurs véritables sentiments.
-Je vous félicite, leur dit un jour le sultan la mine fort satisfaite, vous faites un excellent travail. Si cela continue ainsi, vos noms entreront à jamais dans l'histoire de notre peuple. Vraiment, je suis fier de vous. Votre oeuvre ressemble en tout point à ce que j'espérais.
Ces mots furent suivis des quelques courbettes et remerciements de rigueur.
Ensuite, tout en continuant la visite de son échafaudage, le sultan se mit à expliquer aux nombreux thuriféraires qui l'entouraient ce qu'il comptait faire lorsqu'il aurait pris possession de son étoile :
-Tout d'abord, j'en chasserai tous les habitants, dit-il très sûr de lui.
-Quels genre d'habitants trouve-t-on selon vous sur cette étoile ? demanda, très obséquieux, l'un de ses ministres les plus lèche-bottes.
-Peu importe, ils devront me céder la place.
-Et s'ils refusent de s'en aller ?
-Je leur donnerai quelques bons coups de pied au cul, et j'en décapiterai quelques milliers pour l'exemple et pour le plaisir avant de les précipiter dans le vide qui, dit-on, entoure les astres du firmament.
-Quel riche idée ! dirent les personnes présentes en se frappant les mains d'allégresse.
-Et après, que ferez-vous sur votre étoile ?
-Je contemplerai l'univers, dit le sultan, l'air pensif. De ces hauteurs le point de vue doit être formidable. Ensuite, je me ferai construire un palais que j'incrusterai de diamants ou d'autres babioles dans le genre. Je pense en effet que si cette étoile brille si fort dans le ciel, et nous envoie une si belle lumière, c'est sûrement que la surface est couverte d'innombrables pierreries. Il serait dommage de ne pas en profiter.
Les commentaires orgueilleux du sultan durèrent jusqu'à la nuit tombée. On l'écoutait avec vénération, et lorsque le ciel fut bien obscur, on leva la tête pour observer encore la nouvelle colonie de l'empire qui scintillait aux abords de la grande ourse. La satisfaction était générale, et l'on se laissait aller à mille rêves merveilleux. Le sultan était assis sur le sable, à côté de lui se trouvait son chameau préféré, on se gavait de loukoums, et le calme du désert emplissait l'oasis.
Mais soudain, une voix se fit entendre :
-Cher sultan, je crains que vous ne m'ayez pas bien compris.
La voix venait d'un petit buisson d'épines, et laissait percevoir une certaine sévérité.
-Qui dit cela ? cria le sultan, plutôt surpris.
-C'est moi, dit le vieil homme au turban et à la cape noire qui lentement sortait de l'ombre. Il semblait toujours aussi calme, et ne laissait entrevoir aucun sentiment sur son visage couvert de rides.
-Encore vous ! Il m'avait pourtant semblé vous avoir dit que je ne souhaitais plus vous voir !
-Je le sais, mais vous ne m'avez pas écouté. Ce n'est pas bien, j'étais très sérieux. Cette étoile que vous convoitez m'appartient réellement, vous n'avez par conséquent aucun droit sur elle. Et non seulement elle m'appartient, mais en outre, c'est moi qui l'ai créée.
Le sultan ricana dans sa barbe, et lui jeta un regard méprisant.
-Ne riez pas, d'ailleurs, vous allez bientôt constater que ce que je vous dis n'est que la pure vérité. Regardez cher sultan :
le vieillard glissa alors sa main dans sa poche, en tira une petite gomme qu'il agita vers le ciel à l'endroit où se trouvait la nouvelle étoile, et l'effaça comme un trait de craie sur un tableau noir.
-Puisque vous m'y forcez, dit-il, j'irai en dessiner une autre ailleurs.
Puis il disparut comme il était venu, avec le plus grand mystère.
Devant cet évènements des plus inattendu, le sultan ne se montra vraiment pas très courageux. Il cria, il pleura, il frappa du poing sur le sol, et demanda que l'on rattrape au plus vite le vieil homme pour qu'on le mette à mort. Ce souhait, bien sûr, ne put être réalisé. Toute la nuit il laissa parler sa rage en se frappant la tête contre le tronc d'un palmier qui en perdit toutes ses dattes. Triste spectacle qui ridiculisa la nation entière, et nous rendit bien perplexes.
Le pauvre homme ne se remit jamais vraiment de cet évènement qu'il vécut comme une authentique humiliation. Plus jamais il ne parla de son étoile, il fit comme si tout cela n'avait été qu'un mauvais rêve. L'escalier céleste fut démonté, puis brûlé dans le désert, on renvoya les ouvriers dans leurs foyers, et l'on tâcha pour le bien de tous d'oublier ce malheureux épisode de notre histoire.




bunni


Lusine et ses crayons

Il était une fois, une petite fille, Lusine, qui vivait avec sa famille, au coeur de la forêt luxuriante de "bois d'Orille".
Depuis toujours, les bois avaient fourni le gîte et le couvert à toute la petite famille.
Lusine était trés jeune et elle aimait par-dessus tout se promener le long des chemins sinueux, bordés de jolies fleurs multicolores, s'enivre des effluves capiteux des champignons, admirer la majesté des arbres protecteurs et jouer avec toutes sortes de petits animaux nullement effrayés par sa présence.
Son meilleur ami, Willy, un espiègle petit lapin, l'accompagnait chaque jour pour d'interminables promenades. Les saisons, les années se succèdaient sans que jamais rien ne vienne perturber la tranquilité de leur univers.
Lusine était douée de la capacité de comprendre le langafe de la Nature. C'est Willy qui le lui avait appris et elle comprenanit désormais tous les êtres vivants qui l'entouraient.
Un soir, alors que le soleil était déjà presque couché, les deux compères étaient tellement éloignés de la chaumière, qu'ils n'avaient plus le temps de rentrer pour passer la nuit.
Qu'importe ! La forêt était leur amie !
Lusine demanda donc à un vieux chêne de les abriter pour la nuit. Alors qu'ils étaient blottis l'un contre l'autre entre les méandres de l'écorce du vieil arbre, ce dernier leur fît part de son souci :
-"Quelle tristesse d'être toujours ainsi ! Je m'ennui ! Mes amis le hêtre, le boulot, le cèdre et bien d'autres sont comme moi ! Nous nous languissons chaque jour ! Les fleurs, elles, sont admirées pour leurs couleurs, leurs odeurs ... Alors que nous, nous contentons de grandir ... grandir ... de sorte que plus personne ne nous remarque plus !"
Lusine fût trés touchée par le désarroi des arbres. La morosité avait envahit la forêt et Lusine était déterminée à aider ses amis à retrouver la sérénité. Elle en fît part à Willy et tous deux se mirent à chercher une solution.
Dès le lendemain, les deux complices se mirent en route pour la rivière ; Ils savaient que là, ils pourraient consulter l'Esprit de la forêt sans trop le déranger. En effet, alors que Lusine et Willy arrivaient au pied d'une jolie cascade, ils trouvèrent un lutin, tout vêtu de vert, profondément occupé à s'admirer dans l'Onde.
-"Qui me dérange ?" Fît-il en sursautant.
-"Pardonnez notre hardiesse. Je suis Lusine, et voici Willy. Nous habitons tous les deux cette jolie forêt dont vous êtes le bienfaîteur. Nous venons vous instruire du tourment des arbres et vous demander de l'aide pour y remédier."
-"Je suis au courant de tout ça ! Que crois-tu donc pouvoir faire ? Les arbres sont ce qu'ils sont ! Ils sont grands et forts ! Ne peuvent-ils pas se contenter de ça ?" Répndit le lutin courroucé.
Lusine eut une idée :
-"Ils admirent les jolies couleurs des fleurs ... Ne serait-il pas possible de varier un peu les nuances de leurs feuilles ?"
Le lutin réfléchit longuement ... frotta son menton ... se gratta sous le bonnet ... et finit par annoncer :
-"Et bien soit ! J'ai ici un coffret. Chaque année, juest avant l'hiver, tu pourras l'ouvrir et tu trouveras des crayons de couleurs enchantés. Ces crayons te permettront de colorier les feuilles des arbres des couleurs les plus flamboyantes. Ils pourront les conserver quelques semaines puis les feuilles tomberont ! C'est la condition !"
Lusine prit le coffret, remercia le lutin et s'en retourna sous les frondaisons.
L'époque était propice pour commencer son travail car l'été venait de s'achever ; Elle se mit donc à son ouvrage et commença à colorier chaque feuille dont l'arbre acceptait les conditions du lutin. Petit à petit, la forêt commença à rayonner de milles feux. Des arbres refusèrent bien sûr : Le pin, l'épicéa, l'if et quelques autres mais la plupart étaient ravis !
C'est ainsi que, chaque année, à l'automne, tous les arbres, à quelques exceptions prés, se couvrent les uns aprés les autres, de couleurs resplendissantes pendant quelques semaines puis perdent leurs feuilles.

bunni


Petit coeur au pays des roses

Il était une fois un Petit Coeur
qui cherchait l'antre du bonheur.
Il décida de se rendre au Pays des Roses
car on disait y trouver des choses grandioses.

Arrivé dans ce pays,il découvrit que les roses vivaient en clans,
il décida de faire le tour de ses groupes différents.


Le premier clan était celui des "Roses Sauvages"
on y cultivait les épines de "violence et de rage".
Leur devise était "Pique avant d'être piqué".
Petit Coeur comprit que ces roses là agissaient ainsi pour ne pas être piétinée
mais il s"apercut que leurs attitudes n'étaient pas du tout appréciées.

Petit Coeur ne s'attarda pas dans cette communauté.
En effet, comme il n'avait ni épines ni griffes
on le considerait comme un chétif.
C'est sûr que ce n'était pas là l'antre du bonheur
on y cultivait plutot le malheur et la froideur.

Il visita ensuite la communauté des "Roses Imperiales",
on y développait la perfection des feuilles et des pétales .
Leur devise était "Cultive ta beauté pour exister",
Petit Coeur saisit que ces roses là cherchaient à être admirée;
mais il s'apercut qu'a force de vouloir ainsi être acceptée,
en ne pensant plus qu'à leur beauté ,ces roses s'étaient fermées aux autres réalités.

Petit coeur ne s'attarda pas dans ce groupe
où tout son physique avait été passé à la loupe.
C'est sûr que ne se trouvait pas là l'antre du bonheur
car on ne cultivait que l'aspect exterieur ,sans plus voir la beauté interieure.

Le troisième clan était celui des"Roses Pensées"
On y développait les connaissances pour se sentir exister.
Leur devise était :
"Cultive les connaissances pour retrouver ton essence"
Petit coeur comprit que ces roses là cherchaient à leur vie un sens.

Mais,il s'apercut qu'a force de trop rechercher et se rechercher,
ces roses étaient perçues comme des êtres très compliqués.
Petit Coeur ne s'attarda pas non plus parmi ce clan d'érudits
où on analysait et comparait en détail tout ce qu'il avait dit.
C'est sûr que ce n'est pas là qu'il trouverait l'antre du bonheur
car c'est seulement à force de connaissance qu'on prouvait sa valeur.

Décu,Petit Coeur s'apprêtait à quitter le Pays des Roses,
lorsqu'il croisa le chemin d'une étrange fée papillon qui écouta sa cause.
La fée papillon lui dit qu'il n'avait pas encore assez écouté et observé
et l'invita à s'agripper à ses ailes pleines de majesté.
Alors,ils s'envolèrent très haut dans le ciel
et Petit Coeur découvrit au loin un arc en ciel.

La fée papillon lui fit remarquer qu' ,après avoir découvert tout ce qui de grand éblouit,
il fallait maintenant observer tout ce qui semblait petit.
Petit coeur fut dépose au pied de l'arc en ciel
mais en scrutant l'horizon,il ne vit rien d'exceptionnnel.

Soudain sous ses pieds,il entendit une petite mais ferme voix
qui lui demandait de bien vouloir retirer ses pas,
car il empechait les roses de profiter de la lumière
en piétinant leur plate bandes de terre.

Il découvrit ainsi le clan des "Roses Primordiales".
On y cultivait des efflorescences joviales et cordiales.
Leur devise était "Profite de chaque instant, là est ta force et ton essence"

Petit Coeur comprit qu'ici la plus petite des expériences était vue comme un fer de lance.
Il pensa qu' enfin ,il avait trouvé l'antre du bonheur
et une profonde lumière inonda son coeur.
Au contact de ses minuscules fleurs,
Petit Coeur se remplit de couleurs.

Il observa quelques temps ces roses
et découvrit dans ce pays ce qui était grandiose:
C'était de petits gestes minuscules mais quotidiens
grâce auxquels on se sentait toujours bien.

En observant ces petites fleurs,
qui s'aimaient ,en respectant la croissance de chacun et sans peur,
Petit Coeur comprit que lui même avait en lui le bonheur
chaque fois qu'il laissait transparaitre dans sa vie certaines valeurs
qui le remplissaient lui et son entourage de chaleur.
Ainsi ,Petit Coeur devînt peu à peu un Grand Coeur
qui répandit autour de lui des coeurs de bonheur.

bellparole





L'arbre qui chantait

Il y a très, très longtemps, un vieux sorcier entreprit un long voyage.
Un jour qu'il avait tant et tant marché qu'il ne sentait plus ses pieds, il décida de chercher un endroit pour se reposer.
C'est alors qu'il entendit soudain chanter. Ce n'était pas un chant comme celui des oiseaux, ni comme celui du vent à travers les feuilles, mais une voix claire, qui prononçait des mots qu'il ne comprenait point.
Poursuivant son chemin, il arriva dans une clairière. Juste au centre, se dressait un arbre majestueux, dont les feuilles brillaient au soleil. On eût dit qu'il était en or!
Alors, le sorcier entendit à nouveau le chant, mais, cette fois, plus fort que précédemment. Regardant tout autour de lui, il ne vit personne. Il n'y avait là que les branches dorées de l'arbre, plus quelques souris grises qui couraient dans l'herbe.
Le sorcier s'assit contre l'arbre pour souffler un peu. Il songea qu'il serait sage de piquer un petit somme avant de continuer sa route.
Mais le chant le tenait éveillé! Enervé, il regarda encore autour de lui, sans rien remarquer d'anormal.
"Il faut que je trouve ce chanteur! ", se dit-il. "J'aimerais bien qu'il se taise, pour que je puisse me reposer. "
Le vieux sorcier se leva et observa les alentours à travers le feuillage de l'arbre. Ce faisant, il posa ses mains sur le tronc et sentit l'écorce vibrer. Il comprit alors que le chant provenait de l'arbre lui-même!
-"Tiens ! Cela fait bien longtemps que je n'avais plus, entendu un arbre chanter!", grommela-t-il. "Mais, par chance, je connais encore le moyen de le faire cesser! "
Il sortit de la poche de son manteau long morceau de corde et le lança en l'air tout en marmonnant une formule. La corde se tortilla quelque peu, puis s'enroula deux fois autour du tronc. Le sorcier prononça ensuite d'autres mots magiques, puis il termina en faisant un gros nœud dans la corde. Aussitôt, le l'arbre d'or cessa de chanter.
-"Je vais enfin pouvoir me reposer", soupira le sorcier avant de s'allonger dans l'herbe.
Mais il découvrit alors des rubans de fumée, qui se dégageaient des racines de l'arbre. Peu à peu, la fumée s'épaissit, jusqu'à former un gros nuage gris, qui changea progressivement de couleur. Il devint d'abord gris foncé, et puis noir.
Tout à coup... il se mit à tournoyer sur lui-même et se transforma en un hideux génie aux longues oreilles, avec un gros nez bourgeonnant de verrues, des bras démesurés et des mains larges des pelles!
-"Hahaha! Hihihi! ", ricana le génie. "Quel stupide sorcier tu es! Il y a des années, un de tes confrères m'a enfermé dans cet arbre. Mais maintenant que tu lui as cloué le bec, je suis libre! Et j'ai fort envie de te dévorer! "
Ce disant, le génie saisit le vieux sorcier par la barbe.
Heureusement, ce dernier savait que les esprits des bois sont toujours idiots! Et celui-là semblait encore plus bête que les autres...
-"Vas-tu me faire mijoter ou rôtir?", demanda-t-il au génie. "Tu sais que les vieux sorciers ne se mangent pas crus. Tu aurais des crampes d'estomac! "
L'affreux génie réfléchit quelques instants.
"Je vais faire un grand feu et t'attacher à une branche. Ensuite, je te ferai rôtir au-dessus des flammes", déclara-t-il, tout content.
-"Mais je vais m'enfuir pendant que tu allumeras le feu", insinua le sorcier.
-"C'est vrai ... ", admit le génie. "Je vais... euh ... je vais ... "
-"Pourquoi ne me ligotes-tu pas? ", suggéra le sorcier. "Ainsi, je serai incapable de fuir. "
-"Très bonne idée! ", s'exclama le génie. "Mais à quoi donc vais-je t'attacher? "
-"A cet arbre, bien sûr! ", répondit le sorcier. "Utilise donc la corde que j'avais enroulée autour du tronc pour le faire taire! "
Convaincu, l'esprit des bois alla détacher la corde.
Il commença par défaire le nœud... tout comme le sorcier l'avait espéré. En effet, dès que la corde eut été dénouée, l'enchantement se trouva rompu!
L'arbre se remit à chanter et le génie, de violet qu'il était, vira au mauve foncé. Puis, très lentement, il se transforma en fumée noire, puis en fumée grise, pour disparaître enfin en minces rubans de vapeur blanche.
Le sorcier remit alors la corde dans la poche de son large manteau. Avant de se remettre en route, il prononça quelques mots magiques et ni bête ni homme -pas même un sorcier - ne revit jamais le génie des bois.

Ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme est un sentiment qui manque à l'amour : la certitude.

(Honoré de Balzac)

bunni


Le moineau à la langue coupée

Il était une fois un grand-père et une grand-mère. Tous les jours, le grand-père allait en montagne ramasser du petit bois pour faire des fagots. Il accrochait toujours le baluchon qui contenait son repas à la branche d'un arbre pendant qu'il travaillait. Un jour, l'heure du déjeuner étant venue, il ouvrit son baluchon et fut bien surpris : un moineau dormait dedans! Il ne restait pas une miette du repas, et le grand-père comprit que c'était le moineau qui faisait la sieste qui avait tout mangé. Le grand-père emmena ce joli petit oiseau avec lui quand il rentra à la maison.

Le grand-père et le moineau devinrent de très bons camarades et étaient inséparables. Pendant son travail, pendant les repas, le moineau voletait toujours autour du grand-père, ou s'asseyait sur son épaule. Le grand-père aimait beaucoup son oiseau, et le nomma "Piou piou", le cajolant et jouant sans cesse avec lui. Un jour, grand-père partit travailler à la montagne en laissant Piou-piou à la maison. La grand-mère mit du riz à cuire pour préparer de l'amidon et partit faire la lessive à la rivière voisine. Le moineau était friand de riz, et il picora un peu dans la bouillie. Il pensait bien que grand-mère se fâcherait, mais la bouillie était si bonne qu'il ne put résister et picorant, picorant encore, finit par tout manger.

Quand grand-mère rentra de la rivière et s'aperçut que toute la bouillie de riz avait disparue, elle se mit fort en colère. Elle cria :

"Qui a mangé toute la bouillie que j'avais préparée?", et regardant l'oiseau, vit que son bec était plein de bouillie. Grand-mère était furieuse; elle criait :

"Méchant oiseau! Sale moineau!", et attrapa le moineau. Pour le punir, elle lui coupa la langue avec une paire de ciseaux et le chassa. Quand grand-père rentra le soir, il appela son oiseau, comme d'habitude :

"Piou-piou, Piou-piou, je suis rentré!"

Mais il n'y avait pas trace du moineau. Il demanda alors :

"Grand-mère, sais-tu où est Piou-piou?", et sa femme lui répondit :

"Ce méchant oiseau a mangé toute la bouillie de riz que j'avais préparée; pour le punir, je lui ai coupé la langue et l'ai chassé."

Grand-père se fâcha et lui dit :

"Quelle horreur! Tu as été bien méchante!" et partit à la recherche de son oiseau.

Grand-père marcha longtemps, et enfin arriva au bord d'une rivière. Là se trouvait un vacher. Il lui demanda :

"Vacher, as-tu vu mon oiseau, le moineau à la langue coupée?"

Celui-ci lui répondit :

"Oui, j'ai vu ton oiseau; mais si tu ne bois pas sept baquets de l'eau qui m'a servi pour laver ma vache, je ne te dirai pas où il est allé."

Grand-père se força donc à boire sept baquets de cette eau sale. Alors, le vacher lui dit :

"Continues ce chemin tout droit, et demande de nouveau au fermier que tu rencontreras."

Grand-père reprit la route, et arriva à l'endroit où se trouvait le fermier, qui lavait son cheval. Il lui demanda :

"Fermier, as-tu vu mon oiseau, le moineau à la langue coupée?"

Celui-ci lui répondit :

"Oui, je l'ai vu; mais si tu ne bois pas sept baquets de l'eau qui m'a servi pour laver mon cheval, je ne te dirai pas où il est allé."

Grand-père but donc encore une fois sept baquets d'eau sale. Le fermier lui dit alors :

"Continue ce chemin dans la montagne, et va jusqu'à la forêt de bambous; là tu trouveras la demeure de ton oiseau."

Grand-père continua donc sa marche dans la montagne, et entra dans la forêt de bambous.

Grand-père arriva enfin à la maison du moineau, et lui dit :

"Piou-piou, grand-mère a été bien méchante avec toi; pardonne-moi, je t'en prie."

L'oiseau que le grand-père aimait tant était aussi très heureux de le revoir, et lui offrit à manger, le fit se reposer de son long voyage. Tous deux étaient très gais et parlèrent de mille choses. Grand-père se préparait à rentrer et pensait emmener Piou-piou avec lui, mais le moineau refusa, lui disant :

"Je ne peux pas retourner chez grand-mère."

Grand-père était bien triste de rentrer sans Piou-piou, mais il comprenait bien que le moineau ne veuille pas revenir. Il allait donc partir quand Piou-piou apporta deux malles, une petite et une grande, et dit :

"Grand-père, je t'offre une de ces deux malles en souvenir; laquelle veux-tu, la grande ou la petite?"

Comme grand-père était âgé, il répondit que la petite était bien suffisante pour lui, et partit avec la petite malle sur son dos. Quand il fut arrivé à la maison, il ouvrit la malle, et grand-mère et lui furent bien étonnés : elle était remplie d'or, d'argent, de bijoux; c'était un véritable trésor! Au récit de grand-père, grand-mère se mit en colère :

"Mais pourquoi as-tu donc choisi la petite malle? Puisque c'est ainsi, moi je vais aller chercher la grosse!"

Grand-mère partit donc, et suivit le chemin que grand-père lui avait indiqué. Elle arriva à  l'endroit où se trouvait le vacher, et lui demanda :

"Vacher, as-tu vu le moineau à la langue coupée?"

Celui-ci lui répondit :

"Oui, je l'ai vu; mais si tu ne bois pas sept baquets de l'eau qui m'a servi pour laver ma vache, je ne te dirai pas où il est allé."

A ces mots, grand-mère se mit en colère et lui dit :

"Quoi? Tu ne penses pas que je vais boire cette eau dégoûtante! Je sais où il faut aller, je n'ai pas besoin de toi."

Grand-mère se remit en route, et rencontra le fermier; de la même façon, elle refusa de boire les sept baquets et marcha jusqu'à la maison du moineau.

Une fois là, Piou-piou lui demanda :

"Grand-mère, pourquoi es-tu venue me voir?"

Celle-ci lui répondit :

"Jusqu'à présent j'ai toujours veillé sur toi, aussi je viens te rendre visite."

Le moineau à la langue coupée servit à manger à grand-mère, mais celle-ci lui dit :

"Je suis pressée, donne-moi mon cadeau, il faut que je rentre."

Piou-piou apporta alors les deux malles, et dit à grand-mère :

"Laquelle veux-tu, la grande ou la petite?"

Bien sûr, grand-mère choisit la grande malle :

"Je suis encore jeune et en forme, donne-moi la grande malle." et partit en portant la lourde malle sur son dos.

Après avoir marché quelque temps, grand-mère commença à être fatiguée, et décida de s'arrêter un instant. Elle avait également très envie de voir ce qu'il y avait dans la malle, mais Piou-piou lui avait bien recommandé de ne pas l'ouvrir avant d'être rentrée chez elle. Grand-mère voulait tellement voir quels trésors elle possédait qu'elle passa outre et souleva le couvercle. Alors des serpents, des mille-pattes et un tas d'autres bêtes et monstres sortirent de la malle, et punirent la grand-mère qui avait coupé la langue du moineau.






bunni


Momotaro

Il était une fois un grand-père et une grand-mère qui vivaient dans la montagne. Tous les jours, le grand-père allait ramasser du petit bois, tandis que la grand-mère allait à la rivière laver le linge.

Un jour, alors qu'elle faisait la lessive, une grosse pêche, descendant la rivière, flotta jusqu'à elle. Voyant ce beau fruit, la grand-mère pensa que son mari serait content de le manger, ramassa la pêche et l'emporta chez elle. Quand le grand-père rentra déjeuner et vit la pêche si appétissante, il fut très content. La grand-mère coupa la pêche en deux avec un grand couteau et, quelle surprise! Un joli petit garçon se trouvait à l'intérieur.

Le grand-père et la grand-mère n'avaient pas d'enfant, et ils remercièrent la providence de leur avoir envoyé ce petit garçon. Comme il était né dans une pêche, ils décidèrent de l'appeler Momotaro, ce qui signifie "l'enfant né dans une pêche". La grand-mère prépara un repas et fit manger l'enfant. Il mangeait voracement et grandissait à vue d'oeil. Le grand-père et la grand-mère étaient bien surpris! Momotaro devint bien vite grand et fort.

Cependant, aussi grand et fort qu'il fût, Momotaro était paresseux. Il passait ses journées à dormir et à manger. Les autres jeunes gens du village allaient à la montagne ramasser des fagots, et seul Momotaro ne faisait rien. Le grand-père et la grand-mère se faisaient bien du souci, et ils demandèrent aux jeunes gens d'inviter Momotaro à aller avec eux travailler. Ils vinrent donc inviter Momotaro :

" Momotaro, si tu venais avec nous ramasser des fagots dans la montagne? ", mais celui-ci répondit :

" Je n'ai pas de hotte pour porter le bois, je ne peux pas aller avec vous."

Le jour suivant, ils revinrent inviter Momotaro :

"Momotaro, si tu venais avec nous ramasser des fagots dans la montagne? ", mais celui-ci répondit :

" Je n'ai pas de sandales, je ne peux pas aller avec vous."

La grand-mère se fâcha devant tant de paresse, et le jour suivant Momotaro alla avec les jeunes gens du village ramasser des fagots dans la montagne.

Pendant que tous ramassaient des fagots, Momotaro fit la sieste. Quand ils eurent fini leur travail, les jeunes gens décidèrent de rentrer au village; Momotaro s'éveillant leur dit :

"Je ramasse un peu de bois et je rentre avec vous."

Mais ils lui rétorquèrent :

" Si tu commences maintenant, nous allons rentrer trop tard."

Faisant la sourde oreille, Momotaro se dirigea vers un arbre énorme, et le prenant par le tronc, le déracina. Les garçons n'en croyaient pas leurs yeux! Le grand et fort Momotaro chargea l'arbre sur son épaule, les jeunes gens leurs fagots sur leur dos, et tous rentrèrent au village. Quand ils arrivèrent, le grand-père et la grand-mère furent bien étonnés de voir Momotaro porter un arbre aussi lourd comme s'il n'était qu'une simple brindille.

Cet exploit parvint aux oreilles du seigneur, qui désira rencontrer Momotaro. Il lui parla ainsi :

" Depuis fort longtemps, une bande de vilains brigands maltraite mes paysans et rançonne les villages. Si tu es si fort qu'on le dit, punis-les et reviens."

Momotaro partit donc pour l'île des brigands.

Le grand-père et la grand-mère confectionnèrent des gâteaux de millet et les donnèrent à Momotaro pour le voyage. Chemin faisant, celui-ci rencontra un chien.

" Momotaro, où vas-tu ainsi? " lui demanda le chien.

" A l'île des brigands, les punir."

" Et qu'y a-t-il dans ton baluchon?"

" Les meilleurs gâteaux de millet du Japon."

" Donne-m'en un, et j'irai avec toi." lui proposa le chien.

Momotaro lui donna un gâteau et ils continuèrent le voyage ensemble. Ils rencontrèrent ensuite un singe.

" Momotaro, où vas-tu ainsi? " lui demanda le singe.

" A l'île des brigands, les punir."

" Et qu'y a-t-il dans ton baluchon?"

" Les meilleurs gâteaux de millet du Japon."

" Donne-m'en un, et j'irai avec toi." lui proposa le singe.

Momotaro lui donna un gâteau et tous trois continuèrent leur voyage ensemble. Un faisan vint en volant à leur rencontre.

" Momotaro, où vas-tu ainsi? " lui demanda le faisan.

" A l'île des brigands, les punir."

" Et qu'y a-t-il dans ton baluchon?"

" Les meilleurs gâteaux de millet du Japon."

" Donne-m'en un et j'irai avec toi." lui proposa le faisan.

Momotaro lui donna un gâteau.

Momotaro, le chien, le singe et le faisan partirent ensemble en bateau pour l'île des brigands, mais ils avaient beau naviguer toutes voiles dehors, ils n'apercevaient rien à l'horizon. Le faisan s'élança alors dans le ciel, et ayant repéré l'île, leur indiqua la direction. Ils accostèrent enfin.

Sur l'île se trouvait un grand château dont la porte était fermée. Le singe grimpa lestement par-dessus et ouvrit de l'intérieur. Momotaro entra alors, et s'adressa aux vilains brigands qui ripaillaient :

" Je suis Momotaro, et je suis venu vous punir de vos mauvaises actions."

Les brigands se moquèrent de lui, mais le chien s'élança et les mordit. Momotaro dégainant son sabre les combattit. Momotaro et ses compagnons, qui avaient mangé les meilleurs gâteaux de millet du Japon, étaient invincibles et n'avaient peur de rien.

Aussi les brigands demandèrent-ils grâce :

" Nous ne serons plus jamais méchants, épargne-nous."

Les brigands vaincus par Momotaro lui remirent les trésors qu'ils possédaient, et Momotaro et ses compagnons, qui grâce aux meilleurs gâteaux de millet du Japon avaient vaincu et puni les bandits, rentrèrent chex eux avec ces trésors. Le grand-père et la grand-mère, qui se faisaient bien du souci pour Momotaro, l'accueillirent avec une grande joie.

Ils vécurent ensemble longtemps et furent très heureux.





bunni


La légende d'alice

Il était une fois une fille qui se prénommait Alice. Alice possédait une force extraordinaire, elle avait le pouvoir de changer des choses en ce quelle voulait, elle détenait une incroyable beauté dont les hommes étaient fous amoureux et les femmes extrêmement jalouses. Mais elle avait aussi un défaut, ce défaut était que ces magnifiques cheveux blonds s'emparaient de tout se qui était à leur portés, que ce soit une chose ou une personne. c'est pour cela quelle ne devait plus remettre les pieds dans une ville, un pays ou encore un continent . Elle avait fait appel à une magicienne capable de la transformer en poisson, depuis elle vivait sous l'eau.

Un jour se promenant un peu trop loin de chez elle, elle se retrouvât dans un filet. Le pêcheur trouvait ce poisson très beau, il décida de ne pas le vendre et de le garder. Le lendemain c'était l'anniversaire de son fils, le pêcheur qui était si pauvre n'avait rien à lui offrir.
A l'instant ou il allait partir, il vit le poisson nager dans le récipient en terre ou il l'avait mis, il décida de l'offrir à son fils. Son fils s'appelait Jean, il avait bon coeur et il fut très content de son cadeau.
Après avoir bavardé devant une bouteille de cidre, son père s'en alla, mais avant de franchir la porte, il rappela à Jean qu'il fallait qu'il trouve une femme et qu'il fonde une famille. Le jeune homme promit à son père que dans quatre semaines il en aurait trouver une.

Deux jours plus tard, il remarqua que son poisson avait mauvaise mine, alors il décida de le relâcher en mer. Le soir même, il prit la petite barque de son père et s'en alla vers le large en pleine nuit. Mais soudain le vent se mit à souffler, à souffler très fort et la petite barque se renversa. Jean ne savait pas nager et il crut que sa dernière heure était arrivée. Quand, surgissant de nulle part une jeune fille le prit par son poignet et le tira jusqu'à la berge et elle attendit qu'il se réveille.

Quand il ouvrit les yeux et qu'il vit la jeune fille il prit peur, mais Alice lui expliqua son histoire et quand elle eut fini il ne la craignait plus. De but en blanc, une queue de poisson remplaça les jambes de la fille.

Elle le reprit par le poignet et l'entraîna dans l'eau. Tout à coup, un château de coquillage se dressa devant lui, il était émerveillé. Alice l'invita à entrer. A l'intérieur c'était encore plus merveilleux : elle poussa une porte et ils se retrouvèrent dans une grande pièce ou se trouvait aussi un homme assis sur un trône : "c'est mon père " dit Alice à Jean.

Jean se tourna vers l'homme dont parlait Alice et il vit qu'il lui faisait signe d'avancer, alors il obéit et il avança. Quand il se retrouva à la hauteur du père d'Alice, il s'inclina, et il vit qu'une couronne en or ornait sa tête, il comprit donc que c'était un roi et qu'Alice était une princesse puisqu'elle était la fille du roi. Jean se relevât mais toujours en laissant sa tête légèrement inclinée vers le bas.

Il demanda au roi la main de sa fille. Le roi soudain devint embarrassé, il regarda Alice puis Jean et d'un air grave il dit à Jean : " je ne peux pas te la donner , je l'ai promis à quelqu'un d'autre "
Après cette réponse, Jean sentit la colère monter en lui mais il se retint et s'en alla sans même dire un adieu. Quant à Alice, elle qui ne savait pas quelle était fiancée et bientôt mariée, elle s'évanouit. On la transporta dans sa chambre et depuis elle n'en sortait plus.

Jean quant à lui essayait de l'oublier, alors il aidait sa mère à la boutique. Un jour, ils eurent la visite d'un assez grand homme accompagné d'une très belle jeune fille. Jean en tomba tout de suite amoureux, et il en oublia Alice. Sa mère voyant cela fut bien contente qu'il aime enfin une fille et elle proposa à l'homme qui accompagnait la jeune fille de faire le mariage dans deux mois, car l'homme avait aussi comprit.

La jeune fille s'appelait Marina, elle avait dix-huit ans, elle était d'une grande beauté mais son coeur renfermait la méchanceté et Jean ne s'en apercevait pas .
Alice quant à elle, était promise au frère de Marina, qui n'était pas plus gentil que sa soeur .
Un jour d'été, Jean décida d'aller pêcher. Mais quand il fut au large, il aperçut au loin un petit poisson couleur or qui barbotait à la surface . Jean comprit tout de suite qu'il s'agissait d'Alice. Il nageât le plus vite qu' il pût jusqu'à elle, mais en vain, elle s'éloignait. Soudain, il fut aspiré vers le fond de l'océan. Il se retrouva devant le palais d'Alice qui semblait abandonné.

Il entra et il traversa tout les couloirs qu'il avait déjà traversé en compagnie d'Alice, mais là , il n'eut pas la même sensation de grandeur et de beauté , tout était calme, triste, sombre ...

Mais soudain, il entendit des rires qui venait du jardin. Il se précipita pour voir ce qu'il se passait et il vit Alice en robe blanche assise à coté d'un beau jeune homme qui lui tenait la main. Ils étaient à table avec d'autres personnes que Jean ne connaissait pas. Il devina que le jeune homme était le fiancé et même peut-être, mari d'Alice.
Cela le mit hors de lui et il déboula en trombe parmi les invités. Quand il arriva à la table d'Alice, il la prit par le poignet et ils remontèrent à la surface. Alice pensait qu'il était parti dans un autre pays. Mais non, il était là bien vivant la regardant de ses beaux yeux bleus. Jean l'emmena jusqu'à la plage, mais là il redécouvrit avec stupeur quelle avait une queue de poisson. Alice voyant son mécontentement, lui dit :
- Je connais une magicienne - sorcière , qui pourra me l'ôter.
Jean alla chercher chez lui des draps et il mit Alice dessus , comme ça il pourrait la porter. Peu après, ils se retrouvèrent devant une grande porte noire...

Après un temps d'hésitation, ils entrèrent. Un long couloir se dressait devant eux , il était sombre, des toiles d'araignées pendaient sur les murs du couloir. Ils commencèrent à marcher .
Une heure plus tard, ils arrivèrent devant une pièce qui était dans le même état que le couloir. Une vieille dame, vêtu de noir, les cheveux en bataille, le teint blanc, les yeux livides, les regardait tout en marmonnant. Alice et Jean, effrayés, n'osaient plus bouger.

Après les avoir examinés, la vieille femme leur dit :
- Bonjour! entrez donc, je suppose que vous avez besoin de mes dons magiques.
Alice décida de parler la première et elle dit :
- Pouvez me mettre des jambes à la place de cette queue de poisson ?
La sorcière lui répondit :
- Non ! mais par contre je peux donner une queue de poisson à ton mari.

Jean accepta, et il se retrouvèrent tous les deux sur la plage et Jean en baissant la tête vit qu'il avait une queue de poisson , mais cela ne l'étonna pas.
Ils plongèrent dans la mer. Quelques minutes plus tard, ils étaient dans le jardin impérial.

Mais dès que le roi aperçu Alice, il se mit dans une grande colère ; il l'attrapa par le bras, et alla l' enfermer dans sa chambre. Quant à Jean, le roi l'enferma dans un cachot ... les oubliettes.

Un an plus tard ...

Le roi était gravement malade. Ses sujets avaient fait appel à tout les médecins du monde, mais en vain ...
Quant à Alice, son père ne voulait plus la voir, il l'avait fait rejoindre Jean, dans les oubliettes.
Mais un jour, Jean demanda à un garde :
- J'aimerais voir le roi ! J'ai su qu'il était malade. J'ai quelques diplômes de médecine.
Le garde lui répondit qu'il allait voir le roi pour lui demander une audience une demi-heure plus tard ...
le garde revint essoufflé, et il lui dit :
Le roi veut bien vous accorder une dernière chance d'être libre, suivez moi.
Quelques instants plus tard , ils entrèrent dans une grande chambre blanche, c'était la chambre du roi quand il était malade. Jean s'approcha et dit au roi :
Malgré tout ce que vous m'avez fait subir, je vais essayer de vous guérir.
Et il sortit de sa poche un petit flacon qui renfermait un sirop bleu. Il dit au roi de le boire et le souverain s' exécuta. Puis, Jean ajouta :
Maintenant, il faut que vous attendiez jusqu'à demain matin et, il se retira.

Le lendemain matin ...
Jean avait dormi une fois de plus dans le froid en compagnie d'Alice en espérant que son sirop marcherait. Puis, ce fut l'heure du pain sec et de l' eau ; mais à la place du garde habituel, le roi en personne vint les inviter à déjeuner en sa compagnie.
Jean était fou de joie !

Plus tard... Après avoir mille fois remercié Jean, le roi proposa un dimanche pour fêter les noces. Alice regarda Jean et Jean regarda Alice dans le blanc des yeux .

Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants




bellparole




Légende des États-Unis

Cette histoire est réellement arrivée; il y a bien des années...
En ce temps là, les caravane de pionniers quittaient les côtes de l'Atlantique pour traverser le Mississippi et les grandes plaines de l'Amérique du Nord. Ils circulaient dans des chariots couverts, traînés par des chevaux, et, après bien des peines, parvenaient en haut des Montagnes Rocheuses et descendaient dans les vallées. Ils faisaient encore beaucoup de chemin et finissaient par arriver dans une grande vallée entourée de hautes montagnes. C'était une plaine de sable blanc, dans un pays où la pluie ne tombait presque jamais; mais les neiges éternelles, sur le haut des hautes montagnes, envoyaient de jolis et nombreux petits ruisseaux qui descendaient le long des pentes et venaient se jeter dans un beau lac bleu, au milieu de la plaine de sable, une petite mer intérieure, salée comme la grande mer.

C'est là que certains pionniers s'arrêtèrent ; au Lac Salé. Ils bâtirent des cabanes pour passer l'hiver. Ils avaient mis tant de mois pour faire ce terrible voyage que beaucoup d'entre eux étaient morts en cours de route, à cause du froid, de la fatigue, de la maladie; et une fois sur place, beaucoup d'autres moururent encore pendant l'hiver. Leurs provisions étaient presque épuisées, et leur vie dépendait de la récolte qui allait mûrir.

A force de courage et de travail, ils avaient rendu le pays fertile en faisant des canaux pour l'eau des ruisseaux - ce qu'on appelle irrigation et ils avaient semé du maïs, du blé et des légumes verts pour se nourrir, ainsi que leur bétail. A présent, ils attendaient...

Le printemps vint, et le blé poussa, le maïs poussa aussi, et tous les légumes. La terre brune de la plaine était couverte de petites tiges vertes et tendres, qui grossissaient à vue d'œil. La joie était dans tous le cœurs ; les pionniers étaient récompensés de tous leurs sacrifices. Une vie nouvelle et prospère s'ouvrait à eux quand soudain, une chose terrible arriva...

Un matin, les hommes qui veillaient à l'irrigation virent un grand nuage noir passer sur la colline et s'avancer vers la plaine. D'abord ils eurent peur que la grêle ne fasse périr leurs récoltes, mais ils entendirent bien vite un bruit dans l'air, comme un roulement, et quand le nuage fut plus près, ils virent que c'était des sauterelles! Elles s'abattirent sur les champs, et commencèrent à dévorer les plantes. Les hommes tentèrent de les tuer, mais, plus ils en tuaient, plus il en venait! Ils allumèrent des feux, creusèrent des fossés. Rien n'y faisait. De nouvelles armées de sauterelles arrivaient pour remplacer celles qui étaient détruites! Epuisés, malheureux, les gens tombèrent à genoux en pleurant et en criant, quelques-uns priant pour la délivrance.

Tout à coup, là-bas, dans le ciel, au-dessus du lac bleu, on entendit un bruit d'ailes et de petits cris sauvages. Le bruit devint plus fort, et les gens levèrent la tête. Etait-ce encore des sauterelles ? Non. C'était un bataillon de mouettes qui arrivait. Rapides, battant l'air de leurs ailes blanches, les mouettes arrivaient par centaines, par milliers.
- Les mouettes! les mouettes! crièrent les gens. Qu'est-ce que cela veut dire ?
Les mouettes planaient au-dessus de leurs têtes, avec de petits cris aigus, puis, tout d'un coup, comme un merveilleux nuage blanc, elles s'abattirent sur le sol.
- Malheur! malheur! crièrent les pauvres gens. Nous sommes perdus! Tout ce que les sauterelles ont laissé, les mouettes vont le manger!
Mais soudain, quelqu'un s'écria :
- Regardez ! Les mouettes mangent les sauterelles!
Et c'était bien vrai. Les mouettes dévoraient les sauterelles par milliers. Elles s'en gorgeaient jusqu'à n'en pouvoir plus, puis s'envolaient alourdies vers le lac d'où d'autres revenaient avec une nouvelle ardeur.
Et quand, à la fin, elles reprirent le chemin de leurs nids, il ne restait plus une sauterelle dans les champs, et le peuple fut sauvé.

Depuis ce jour, dans la colonie du Lac Salé, on apprend aux enfants à respecter les mouettes. Et lorsque les écoliers commencent à dessiner et à écrire, bien souvent, leur tout premier dessin est l'image d'une mouette

Ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme est un sentiment qui manque à l'amour : la certitude.

(Honoré de Balzac)

bunni

#162

Le frene

Dès que la neige commence à fondre et que le soleil réchaufffe la terre, les habitants de la forêt célèbrent la venue du printemps. Les jacinthes et les jonquilles se mettent à fleurir, dans leur jolie robe bleue, rose ou jaune. Les oiseaux sortent de leur nid et chantent gaiement en voletant de branche en branche. Les loirs se réveillent et sortent du long engourdissement de l'hiver.

Les arbres aussi se préparent. Ils revêtent leur nouvelle parure pour être élégants lors de cette grande fête.Les plus impatients et les premiers à bourgeonner sont les saules et les joncs qui poussent au bord de l'eau. Ainsi, ils peuvent se mirer à loisir et jouer les dandies. Puis viennent les bouleaux au corps mince et élancé comme celui des danseuses. Leur feuillage argenté les distingue des autres arbres; on dirait des jeunes filles poudrées impatientes d'aller valser.

Il fallut un peu plus de temps au vieux chêne centenaire pour se préparer. Il hésita longtemps avant de choisir la tenue qui le flatterait le plus. Enfin, il se fit faire par un tailleur habile un feuillage dentelé, qui le faisait ressembler à un respectable académicien.

Il n'y a qu'un arbre qui ne s'était occupé de rien. Il continuait à dormir, comme si la neige tombait encore, ou que le brouillard régnait en maître. C'était le frêne, que n'avaient réveillé ni le gazouillis des oiseaux, ni le bourdonnement des abeilles. Il continua même à dormir lorsque la douce pluie de mars entreprit de rafraîchir la forêt. Il fallut que la brise tiède aille chercher du renfort auprès d'un vent énergique pour que le frêne sorte de sa léthargie. Alors, il ouvrit timidement un oeil, et s'étonna de voir, tout autour de lui, les arbres qui avaient verdi.

Déjà ? Nous sommes au printemps ?

Et oui, grand paresseux ! répondirent les bouleaux.

Nous sommes tous prêts, habillés, pomponnés. Dépêche-toi, ou tu ne trouveras rien à te mettre. Tu ne peux pas rester ainsi, nu comme un ver !

Et les bouleaux se mirent à rire, bientôt suivis par les joncs et le chêne.

Alors le frêne, de peur de ne rien trouver, se prépara à la va-vite. Tellement vite, qu'il ne prit pas le temps de faire des essayages, ni même de choisir des feuilles à sa taille. Elles étaient petites, peu découpées et le feuillage n'était pas assez touffu pour dissimuler sa nudité.

Les joncs, les bouleaux et le chêne se moquèrent de lui :
On dirait que tu n'es qu'à moitié habillé !
Il te manque des feuilles ! On aperçoit ton tronc et presque toutes tes branches !
Hou ! Hou ! Il est presque nu !

Mécontent, le frêne reconnut que sa tenue laissait à désirer. Aussi, il résolut de se débarrasser très vite de ses feuilles lorsque viendrait l'automne.

Et en effet, à la fin de l'été, au moment où les jours raccourcissent, mais alors que le soleil est encore chaud et que les vendanges commencent à peine , le frêne s'impatienta.

Est-ce l'automne ? Ne sentez-vous pas souffler le vent du nord ?

Attends un peu, lui répondirent les autres arbres.Laisse-nous profiter encore du beau temps, et de notre belle parure. L'hiver est si long, nous aurons si froid, et plus de feuillage pour nous tenir chaud.

Mais le frêne s'en moquait. Au contraire ! Trop content de se défaire de son vêtement raté, il perdit toutes ses feuilles et se dressa tout droit dans la forêt, attendant l'hiver. Autour de lui, les joncs, les bouleaux et le chêne luttaient de toutes leurs forces contre la bise pour garder le plus lontemps possible toutes leurs feuilles.

Mais le frêne, étourdi, n'avait tiré aucune leçon de son expérience. L'année suivante, à la fin de l'hiver, il dormait encore et il oublia de se préparer à temps. Encore une fois, il resta mal habillé tout l'été, et fut le premier à se déshabiller lorsque les jours raccoucirent.




bbchaton

    Le rat de ville et le rat des champs
    (Selon La Fontaine).


        Autrefois le rat de ville
        Invita le rat des champs,
        D'une façon fort civile,
        A des reliefs d'ortolans.
        Sur un tapis de Turquie
        Le couvert se trouva mis.
        Je laisse à penser la vie
        Que firent ces deux amis.
        Le régal fut fort honnête ;
        Rien ne manquait au festin :
        Mais quelqu'un troubla la fête
        Pendant qu'ils étaient en train.
        A la porte de la salle
        Ils entendirent du bruit :
        Le rat de ville détale ;
        Son camarade le suit.
        Le bruit cesse on se retire :
        Rats en campagne aussitôt,
        Et le citadin de dire :
        « Achevons tout notre rôt.
        - C'est assez, dit le rustique ;
        Demain vous viendrez chez moi.
        Ce n'est pas que je me pique
        De tous vos festins de roi ;
        Mais rien ne vient m'interrompre :
        Je mange tout à loisir.
        Adieu donc : fi du plaisir
        Que la crainte peut corrompre !

bunni


Les petites graines de bonheur

Il y a très très longtemps, dans un pays baigné par la mer et le soleil, vivait un riche seigneur très puissant. Son peuple lui était fidèle et le respectait ou plutôt il le craignait. Ce seigneur possédait tout ce qu'un seigneur peut posséder et pourtant, il n'était pas heureux. Son malheur venait de son mauvais caractère. Il se mettait en colère pour des riens, n'était jamais satisfait, n'aimait rien et ne désirait rien. Bien plus, il terrorisait ses domestiques et se montrait souvent sans cœur pour son bon peuple.
Mais en plus d'être colérique, il était belliqueux et il attaquait ses voisins sans raison. Un matin, il décida de partir en guerre contre son voisin du Sud. Ses troupes étaient nombreuses et bien armées et elles eurent tôt fait de gagner la bataille et d'agrandir la terre du seigneur qui n'en avait pourtant pas besoin. Malgré cette victoire, le seigneur n'était toujours pas heureux.

Les troupes revinrent au pays. Elles furent acclamées par la foule. Les rues avaient été décorées de guirlandes de fleurs et de papier pour l'occasion. Les fanfares jouaient au coin de chaque rue. Les femmes et les enfants dansaient sur les places. Et le soir, un immense feu d'artifice fut tiré depuis les hauteurs de la ville. C'était le plus beau feu d'artifice qu'on n'ait jamais vu de mémoire d'homme. Le peuple était heureux. Mais le seigneur, loin de se réjouir gardait la mine renfermée et n'était toujours pas heureux.

Le peuple se posait bien des questions sur son seigneur triste. A force de le voir, le visage fermé et d'entendre ses soupirs, chaque habitant se sentit lui aussi gagné par la tristesse. Le seigneur s'en redit compte et il ne comprenait pas pourquoi ses sujets affichaient des regards tristes. Il fit seller son plus beau cheval et parcouru toutes les rues de la ville. Chaque fois qu'il rencontrait quelqu'un, il lui demandait : "- Dis-moi : qu'est-ce qui ne va pas ? Parle, je te l'ordonne."

L'homme courbait le dos mais n'osait avouer la cause de sa tristesse. Ils craignait la colère du seigneur s'il lui disait la vérité. Tout les gens étaient fatigués de se battre sans raison, d'attaquer sans être provoqué, de vaincre des voisins qui quelques temps plus tôt étaient des amis et de trembler à chaque instant dans la peur de ne pas satisfaire le seigneur.

Irrité par le silence de son peuple, le seigneur cravacha son cheval et s'en fut dans la campagne. Il galopa longtemps, longtemps, quand soudain, il entendit un bruit étrange. Ce bruit ressemblait au clapotis de l'eau mais il n'y avait pas d'eau à cet endroit. Intrigué, il arrêta sa monture et tendit l'oreille pour mieux percevoir le frémissement sonore.

A quelques pas de lui, un petit garçon aux cheveux châtains foncés et à la peau matte était agenouillé sur le sol. Il était tellement occupé par son travail qu'il ne remarqua même pas la présence du seigneur. Une à une, le petit garçon plantait des petite graines qu'il sortait d'un petit sac en jute. Il chantonnait une chanson très douce qui ressemblait à l'eau qui caresse les pierres.

En le voyant ainsi affairé, le seigneur sentit monter en lui une grosse colère. C'était bien la première fois que quelqu'un ne faisait pas attention à lui. Il se contint cependant car il était intrigué par la chanson. Au bout de quelques minutes, le seigneur qui n'était pas patient, se mit à toussoter et le petit garçon le regarda un sourire sur les lèvres. Ses grands yeux croisèrent ceux du seigneur qui sous le poids du regard de l'enfant sentit fondre sa colère comme par enchantement. Le petit garçon s'inclina respectueusement et tendit au seigneur son petit sac de jute contenant les graines. Il s'en empara et sans même le remercier cravacha son cheval et s'en retourna vers son palais.

Quand le soir arriva, il posa le sachet de graines à côté de son oreiller et s'endormit. Au matin, il s'éveilla plein de force et d'énergie comme les matins où il décide de partir à la guerre. Mais aujourd'hui, pas de guerre ! Il avait une bien meilleure idée. Il descendit dans son jardin et se mit à labourer la terre.

Vous imaginez sans peine la surprise de ses sujets. Le seigneur travaillait dans les jardins du palais en suant sous le soleil. Jour après jour, mois après mois, par tous les temps, la pluie, la neige, le gel, il laboura, sema, nettoya les jardins en ne ménageant pas ses efforts.

Un matin, le printemps apparu. L'air embaumait d'une senteur nouvelle. Les oiseaux dans le ciel chantaient des mélodies aux accents inconnus. Dans les rues, sous les rayons du soleil, les gens se parlaient en riant. Mais le seigneur ? Où était le seigneur ? Pourquoi ne se réjouissait-il pas avec ses sujets ?

Il se tenait tout seul, à l'écart de tous. Dans sa main, il tenait un petit bouquet de fleurs et de grosses larmes coulaient le long de ses joues. Il était triste de ne pas savoir pourquoi il était triste. Partout autour de lui, ce n'était que joie et bonheur mais dans son cœur, la peine était encore plus grande qu'à l'habitude. Il avait tant travaillé pour donner un superbe jardin au palais. Il avait cru qu'en se dépensant sans compter, il trouverait enfin la clé qui mène à la joie. Hélas ! Mille fois hélas !

Il se désespérait lorsqu'il vit arriver à ses côtés le petit garçon. Il avait bien un peu grandi depuis le jour où il l'avait rencontré dans la campagne mais il le reconnut sans peine à ses grands yeux et ses cheveux foncés.

- "Bonjour, dit l'enfant. Je m'appelle Jeremy. Regarde autour de toi, Seigneur. Regarde avec ton cœur : l'herbe, les fleurs, les oiseaux, les papillons, les gens. Tu sais, c'est là le secret du bonheur".

Il ouvrit les yeux et pour la première fois de sa vie, le seigneur vit les choses et les êtres comme jamais il ne les avait vus auparavant. Il remarqua les couleurs, entendit les chants, sentit les odeurs et la joie emplit son cœur. Il éprouva à cet instant un amour sincère pour son peuple et il se dit qu'il était grand temps de songer à se marier et à fonder une famille. En regardant Jeremy, il pensa que ce serait merveilleux d'avoir un petit garçon comme lui. Il lui prit la main et l'emmena dans son palais.

Quelques temps plus tard, le seigneur se maria et on raconte qu'il a eu de nombreux enfants et a vécut très heureux car il avait compris que le bonheur vivait dans les choses les plus simples qu'on a bien souvent à portée de la main.