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Poèmes et Poésies

Démarré par fleurose, 27 Mai 2011 à 19:49:46

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nordiq

Citation de: lumières le 04 Avril 2013 à 22:32:29
L'araignée




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MERCI LUMIÈRE POUR CETTE BONNE TOILE D ARAIGNÉE BIEN TISSÉE  DE  CES MOTS  QUI NOUS HANTENT   SUR  LES FACEBOOK  ET   LE NET EN GÉNÉRAL  BIEN CHOISIS  ET BIEN  EN TÊTE  NOUS VIVONS AVEC









  

delice


Petit Po Aime ...

Mignonne, allons voir si l'arthrose
Qui ce matin, tant m'ankylose
Depuis qu'a sonné mon réveil
Pour clore une nuit de sommeil
Aura perdu de sa vigueur
Après un footing d'un quart d'heure.
Las ! Voyez comme sont les choses,
Il faudrait que je me repose.
Mes maux, loin de se calmer
Las, las, ne cessent d'empirer. Ô vraiment, marâtre nature
Avec l'âge la douleur perdure !
Donc, si vous m'en croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté
Avant que ne ternisse votre beauté,
Pour assouvir toutes envies
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie !

bellparole

 
UN SOURIRE :


Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup,
Il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne,
Il ne dure qu'un instant, mais son souvenir est parfois éternel,
Personne n'est assez riche pour s'en passer,
Personne n'est assez pauvre pour ne pas le mériter,
Il crée le bonheur au foyer, soutient les affaires,
Il est le signe sensible de l'amitié,
Un sourire donne du repos à l'être fatigué,
Donne du courage au plus découragé
Il ne peut ni s'acheter, ni se prêter, ni se voler,
Car c'est une chose qui n'a de valeur qu'à partir du moment où il se donne.
Et si toutefois, vous rencontrez quelqu'un qui ne sait plus sourire, soyez généreux donnez-lui le vôtre,
Car nul n'a autant besoin d'un sourire que celui qui ne peut en donner aux autres.

de Raoul Follereau.
Ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme est un sentiment qui manque à l'amour : la certitude.

(Honoré de Balzac)

nordiq

#123










                                             
Mieux vaut n'penser à rien
Que n'pas penser du tout
Rien c'est déjà
Rien c'est déjà beaucoup
On se souvient de rien
Et puisqu'on oublie tout
... Rien c'est bien mieux
Rien c'est bien mieux que tout

Mieux vaut n'penser à rien
Que de penser à vous
Ça n'me vaut rien
Ça n'me vaut rien du tout
Comme si de rien
N'était je pense à tous
Ces petits riens
Qui me venaient de vous

Si c'était trois fois rien
Trois fois rien entre nous
Évidemment
Ça ne fait pas beaucoup
Ce sont ces petits riens
Que j'ai mis bout à bout
Ces petits riens
Qui me venaient de vous

Mieux vaut pleurer de rien
Que de rire de tout
Pleurer pour un rien
C'est déjà beaucoup
Mais vous vous n'avez rien
Dans le cœur et j'avoue
Je vous envie
Je vous en veux beaucoup

Ce sont ces petits riens
Qui me venaient de vous
Les voulez-vous ?
Tenez ! Que voulez-vous ?
Moi je ne veux pour rien
Au monde plus rien de vous
Pour être à vous
Faut être à moitié fou.

Gainsbourg.  



   
SERVEZ VOUS IL Y EN A SUFFISAMMENT ET IL EN RESTE ENCORE DES TONNES







  

bbchaton

L'Aurore boréale

La nuit d'hiver étend son aile diaphane
Sur l'immobilité morne de la savane
Qui regarde monter, dans le recueillement,
La lune, à l'horizon, comme un saint-sacrement.
L'azur du ciel est vif, et chaque étoile blonde
Brille à travers les fûts de la forêt profonde.
La rafale se tait, et les sapins glacés,
Comme des spectres blancs, penchent leurs fronts lassés
Sous le poids de la neige étincelant dans l'ombre.
La savane s'endort dans sa majesté sombre,
Pleine du saint émoi qui vient du firmament.
Dans l'espace nul bruit ne trouble, un seul moment,
Le transparent sommeil des gigantesques arbres
Dont les troncs sous le givre ont la pâleur des marbres.
Seul, le craquement sourd d'un bouleau qui se fend
Sous l'invincible effort du grand froid triomphant
Rompt d'instant en instant le solennel silence
Du désert qui poursuit sa rêverie immense.

Tout à coup, vers le nord, du vaste horizon pur
Une rose lueur émerge dans l'azur,
Et, fluide clavier dont les étranges touches
Battent de l'aile ainsi que des oiseaux farouches,
Eparpillant partout des diamants dans l'air,
Elle envahit le vague océan de l'éther.
Aussitôt ce clavier, zébré d'or et d'agate,
Se change en un rideau dont la blancheur éclate,
Dont les replis moelleux, aussi prompts que l'éclair,
Ondulent follement sur le firmament clair.
Quel est ce voile étrange, ou plutôt ce prodige ?

C'est le panorama que l'esprit du vertige
Déroule à l'infini de la mer et des cieux.
Sous le souffle effréné d'un vent mystérieux,
Dans un écroulement d'ombres et de lumières,
Le voile se déchire, et de larges rivières
De perles et d'onyx roulent dans le ciel bleu,
Et leurs flots, tout hachés de volutes de feu,
S'écrasent et, trouant les archipels d'opale,
Déferlent par-dessus une montagne pâle
De nuages pareils à des vaisseaux ancrés
Dans les immensités des golfes éthérés,
Et puis, rejaillissant sur des vapeurs compactes,
Inondent l'horizon de roses cataractes.
Le voile en un clin d'oeil se reforme plus beau,
Lové comme un serpent, flottant comme un drapeau.
Plus rapide cent fois qu'un jet pyrotechnique,
Il fait en pétillant un sabbat fantastique,
Et met en mouvement des milliers de soleils
A travers des brouillards transparents et vermeils
Comme cristallisés dans la plaine éthérée.
Quelquefois on dirait une écharpe nacrée
Qu'un groupe de houris secouerait en volant
Dans l'incommensurable espace étincelant ;
Tantôt on le prendrait pour le réseau de toiles
Que Prométhée étend pour saisir les étoiles,
Ou pour le tablier sans bornes dans lequel
Les anges vanneraient des roses sur le ciel.

Et la forêt regarde, enivrée, éblouie.
Se dérouler au loin cette scène inouïe ;
Et l'orignal, le mufle en avant, tout tremblant,
Les quatre pieds cloués sur un mamelon blanc,
L'oeil grand ouvert, au bord de la savane claire,
Fixe depuis longtemps l'auréole polaire
Poudroyant de ses feux le céleste plafond,
Et son extase fauve en deux larmes se fond.

William CHAPMAN   (1850-1917)

Noir_Blanc



Le silence !

Le calme insolent ! De cette petite rue dans la nuit
C'est le silence dans la douceur du jour qui s'enfuit.
Il est aussi doux que le petit nuage d'un ange,
Une sensation de bien être, qui m'enchante.


Dans cette nuit dense, aucune lumière sur le chemin.
Invisible lune, peu importe j'apprivoise mon demain.
De mes souvenirs, je ne touche plus le sol
Ne sent au fond de moi que des alvéoles.


En écoutant ce silence qui m'enveloppe,
Comme le clapotis de l'eau qui chuchote
De ce silence ! Sentiment de sérénité, je ressens
Qui porte aux larmes comme un enfant.


Car c'est dans le silence
Que le bonheur s'apprécie
Je l'écoute à l'infini.

nordiq










Victor HUGO   (1802-1885)



A ceux qu'on foule aux pieds

(extrait)

...Ce n'est pas le canon du noir vendémiaire,
Ni les boulets de juin, ni les bombes de mai,
Qui font la haine éteinte et l'ulcère fermé.
Moi, pour aider le peuple à résoudre un problème,
Je me penche vers lui. Commencement : je l'aime.
Le reste vient après. Oui, je suis avec vous,
J'ai l'obstination farouche d'être doux,
Ô vaincus, et je dis : Non, pas de représailles !
Ô mon vieux coeur pensif, jamais tu ne tressailles
Mieux que sur l'homme en pleurs, et toujours tu vibras
Pour des mères ayant leurs enfants dans les bras.

Quand je pense qu'on a tué des femmes grosses,
Qu'on a vu le matin des mains sortir des fosses,
Ô pitié ! quand je pense à ceux qui vont partir !
Ne disons pas : Je fus proscrit, je fus martyr.
Ne parlons pas de nous devant ces deuils terribles ;
De toutes les douleurs ils traversent les cribles ;
Ils sont vannés au vent qui les emporte, et vont
Dans on ne sait quelle ombre au fond du ciel profond.
Où ? qui le sait ? leurs bras vers nous en vain se dressent.
Oh ! ces pontons sur qui j'ai pleuré reparaissent,
Avec leurs entreponts où l'on expire, ayant
Sur soi l'énormité du navire fuyant !
On ne peut se lever debout ; le plancher tremble ;
On mange avec les doigts au baquet tous ensemble,
On boit l'un après l'autre au bidon, on a chaud,
On a froid, l'ouragan tourmente le cachot ;
L'eau gronde, et l'on ne voit, parmi ces bruits funèbres,
Qu'un canon allongeant son cou dans les ténèbres.
Je retombe en ce deuil qui jadis m'étouffait.
Personne n'est méchant, et que de mal on fait ! [...]






  

bbchaton

A la fenêtre, pendant la nuit

Les étoiles, points d'or, percent les branches noires ;
Le flot huileux et lourd décompose ses moires
Sur l'océan blêmi ;
Les nuages ont l'air d'oiseaux prenant la fuite ;
Par moments le vent parle, et dit des mots sans suite,
Comme un homme endormi.

Tout s'en va. La nature est l'urne mal fermée.
La tempête est écume et la flamme est fumée.
Rien n'est, hors du moment,
L'homme n'a rien qu'il prenne, et qu'il tienne, et qu'il garde.
Il tombe heure par heure, et, ruine, il regarde
Le monde, écroulement.

L'astre est-il le point fixe en ce mouvant problème ?
Ce ciel que nous voyons fut-il toujours le même ?
Le sera-t-il toujours?
L'homme a-t-il sur son front des clartés éternelles ?
Et verra-t-il toujours les mêmes sentinelles
Monter aux mêmes tours ?

Victor HUGO   (1802-1885)

nordiq




Amour.

Recueil : Poèmes d'amour.

Viens avec moi, là bas dans la prairie,
Toi dont le cœur est pur ;
Viens avec moi chercher la rêverie
Sous ce beau ciel d'azur.
Jeune fille aux yeux noirs, oui, bien plus que moi-même,
O ! je t'aime, je t'aime.

La paquerette à l'aurore vermeille
A fait sécher ses pleurs.
Viens avec moi pour orner ta corbeille
Des plus tendres couleurs.
Jeune fille aux yeux noirs, oui, bien plus que moi-même,
O ! je t'aime, je t'aime.

Sous cet ormeau le rossignol qui chante
Voudrait nous retenir,
Quels doux accents, il parle à son amante,
Ah ! c'est pour l'attendrir.
Jeune fille aux yeux noirs, oui, bien plus que moi-même,
O ! je t'aime, je t'aime.

Ainsi que lui, que ma lèvre brûlante
T'exprime mes amours.
Je touche aux plis de ta robe flottante
Et te dirai toujours :
Jeune fille aux yeux noirs, oui, bien plus que moi-même,
O ! je t'aime, je t'aime.

Un doux baiser sur ta lèvre si rose ?
Ne montre point d'aigreur.
S'aimer, le dire... est une sainte chose
Qui ne porte point malheur.
Jeune fille aux yeux noirs, oui, bien plus que moi-même,
O ! je t'aime, je t'aime.


Charles Levesque.  
   

  

nordiq

#129
                            


Merci Bbchaton  pour  ton poème de Victor Hugo  que j'aime  
                                             très très fort




Un extrait du résumé de """ Les misérables """

La déchéance de Fantine

Paris, Août 1817.

Quatre étudiants, dont un certain Tholomyès, font un bon repas dans un cabaret avec quatre jeunes filles insouciantes, dont l'une, Fantine étonne par sa beauté et sa candeur. Elle vit avec Tholomyès sa première histoire d'amour. Les quatre jeunes hommes ont promis "une surprise". Au dessert, ils s'esquivent pour ... ne jamais revenir, annonçant dans la lettre d'explication qu'ils ont laissé, leur retour définitif dans leurs familles en province. Les jeunes filles s'amusent de cette farce, sauf Fantine, la plus jolie, qui est vraiment inquiète. Elle s'était offerte à Tholomyès et attend un enfant de lui.

Cosette livrée "aux loups"

Printemps 1818.

Fantine quitte Paris et porte dans ses bras la petite fille qu'elle a eu de Tholomyès, et pour laquelle elle a tout sacrifié, Cosette. Elle souhaite retourner à Montreuil sur Mer, sa ville natale, où elle espère trouver du travail. En chemin, à Montfermeil, elle fait la connaissance d'un couple d'aubergistes, d'allure plutôt accommodante, les Thénardier. Très vite Cosette joue avec les petites filles des aubergistes. Fantine y voit là un signe du ciel et propose de leur confier quelque temps la garde de Cosette. Les aubergistes acceptent moyennant une pension. Cosette qui n'a que cinq ans se retrouve ainsi prise au piège d'un sinistre couple qui ne tarde pas à en faire sa servante. Tout le pays va désormais surnommer Cosette, "l'alouette", petite esclave en haillons, fragile et tremblante, soumise à la tyrannie de ces abominables aubergistes.

Jean Valjean recueille Cosette

Ayant retrouvé la liberté, Jean Valjean souhaite honorer la promesse qu'il avait faite à Fantine : libérer Cosette. Il arrive à Montfermeil la veille de Noël. Cosette est toujours en haillons. Alors que la petite servante se fait réprimander par La Thénardier, Jean Valjean prend sa défense. Puis la terrible mégère envoie Cosette, à la nuit tombée, chercher de l'eau à la fontaine, là-bas dans la forêt. Corvée que Cosette redoutait, d'autant que la nui est glaciale et le seau plus grand qu'elle.

Cosette part seule dans cette nuit de Noël. Elle jette un regard devant une somptueuse poupée, exposée dans l'une des baraques dressées pour Noël . Puis elle s'enfonce dans la nuit noire. Le seau rempli, il lui faut vaincre la fatigue, la peur et le froid et se dépêcher car sa patronne a horreur d'attendre. Soudain, elle sent que le seau devient de plus en plus léger. Une grosse main s'est saisie de l'anse. Cosette se sent protégée par cet homme très fort qu'elle ne connaît pas et qui pourtant la rassure. En échangeant quelques mots avec la jeune servante, Jean Valjean reconnaît la fille de Fantine et l'aide à porter le seau jusqu'à l'auberge.

Il lui fait cadeau de la poupée tant admirée, indemnise les affreux aubergistes et emmène Cosette avec lui.






  

bellparole

Ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme est un sentiment qui manque à l'amour : la certitude.

(Honoré de Balzac)

bbchaton



Antoine de HAMILTON   (1646-1720)



Chanson

Celle qu'adore mon coeur n'est ni brune ni blonde ;
Pour la peindre d'un seul trait
C'est le plus charmant objet
Du monde.

Cependant de ses beautés le compte est bien facile ;
On lui voit cinq cents appas,
Et cinq cents qu'on ne voit pas
Font mille.

Sa sagesse et son esprit sont d'une main céleste ;
Mille attraits m'ont informé
Que les grâces ont formé
Le reste.

Du vif éclat de son teint quelles couleurs sont dignes ?
Flore a bien moins de fraîcheur
Et sa gorge a la blancheur
Des cygnes.

Elle a la taille et les bras de Vénus elle-même ;
D'Hébé la bouche et le nez ;
Et, par ses yeux, devinez
Qui j'aime.

nordiq

#132



LE VASTE MONDE

par Louis Aragon
Où faut-il qu'on aille
Pour changer de paille
Si l'on est le feu

À moins qu'il ne faille
Si l'on est la paille
Fuir avec le feu

La paille est si tendre
Mais vouloir l'étendre Étendra le feu
Qu'on tente d'étreindre

Or il faut l'éteindre

Le long pour l'un pour l'autre est court
II y a deux sortes de gens
L'une est pour l'eau comme un barrage et l'autre fuit comme l'argent

Le mot-à-mot du mot amour à quoi bon courir à sa suite
Il est resté dans la
Dordogne avec le bruit prompt de la truite
Au détour des arbres profonds devant une maison perchée
Nous avions rêvé tout un jour d'une vie au bord d'un rocher

La barque à l'amarre
Dort au mort des mares
Dans l'ombre qui mue

Feuillards et ramures
La fraîcheur murmure
Et rien ne remue

Sauf qu'une main lasse
Un instant déplace
Un instant pas plus

La rame qui glisse

Sur les cailloux lisses
Comme un roman lu

Si jamais plus tard tu reviens par ce pays jonché de pierres
Si jamais tu revois un soir les îles que fait la rivière
Si tu retrouves dans l'été les bras noirs qu'ont ici les nuits
Et si tu n'es pas seule alors dis-lui de s'écarter dis-lui
De s'é-car-ter le temps de renouer ce vieux songe illusoire
Puis fais porter le mot amour et le reste au brisoir

On a beau changer d'horizon
Le cœur garde ses désaccords
Des gens des gens des gens encore
De toute cette déraison
Il n'est resté que les décors

Elle amenait à la maison
Des paltoquets et des pécores
Je feignais lire
YInprekor
Comme un jour fuit une saison
Il n'est resté que les décors

On a beau changer de poison
Tous les breuvages s'édulcorent
Toutes les larmes s'évaporent
Des fièvres et des guérisons
Il n'est resté que les décors

On a beau changer de prison
On traîne son âme et son corps
Les mois passent marquant le score

De tant d'atroces trahisons
II n'est resté que les décors

Le cœur ce pain que nous brisons
Que les sansonnets le picorent
J'aurais dû partir j'avais tort
Aux lueurs des derniers tisons
Il n'est resté que les décors

À chaque gare de poussière les buffles de cuir bouilli

Les gardes qui font un remuement d'armes et bottes noires

Devant les buffets de piments et d'orgeat

Des femmes sur leurs ballots sombres

Yeux d'olive visages d'huile

Quel est donc ce pays de soif et de bucrânes

Nous roulons sur la terre cuite.
Où sommes-nous

Il n'y a sur la toile énorme qu'un âne et qu'un homme

Une cruche d'ombre un pain bis un oignon

Et le vallonnement uniforme où nous nous éloignons

Le train s'en va comme un caniche
Sous le couchant drapeau de
Catalogne

Primo de
Rivera

En ce temps-là dans les hôtels les domestiques

Surveillaient les voyageurs par le trou de la serrure

Afin que tout fût bien selon l'Église

Dans les premiers froids de
Madrid
J'habitais la
Puerta del
Sol
Cette place comme un grand vide
Attendait quelque nouveau
Cid
Dont le manteau jonchât le sol
Et recouvrît ces gueux sordides
Qu'on jette aux mendiants l'obole
Montrez-moi le peuple espagnol

Primo de
Rivera

Il y avait au
Prado ce qui ne se montrait pas dans
J'ai reconnu le garçon d'hôtel espionnant à la porte
Dans un dessin de
Goya

Ce peintre apprend mieux que personne
L'Espagne et son colin-maillard
Mais par-dessus tout il m'étonne
Me serre le cœur et lui donne
Le secret de ce cauchemar
Par cette épouvante d'automne

Dans un tableau fait sur le tard
Le grand goudron de
Gibraltar

Primo de
Rivera

J'ai parcouru les sierras
Où la procession des villes se lamente
Tolède
Ségovie
Avila
Salamanque
Alcala de
Henarès

Passant les bourgs de terre cuite
Les labours perchés dans les airs
Sur un chemin qui fait des huit
Comme aux doigts maigres des jésuites
Leur interminable rosaire
Le vent qui met les rois en fuite
Fouette un bourricot de misère
Vers l'Escorial-au-Désert

Primo de
Rivera

Une halte de chemin de fer à mi-route entre l'hiver et l'été

Entre la
Castille et l'Andalousie

À l'échiné des monts à la charnière sarrasine

Un jeune aveugle a chanté

D'où se peut-il qu'un enfant tire
Ce terrible et long crescendo
C'est la plainte qu'on ne peut dire
Qui des entrailles doit sortir
La nuit arrachant son bandeau
C'est le cri du peuple martyr
Qui vous enfonce dans le dos
Le poignard du cante jondo

Primo de
Rivera
Primo de
Rivera
Primo de
Rivera

ô bruit des wagons dans la montagne bruit des roues
Et tout à coup c'est le mois d'août
Un souffle sort on ne sait d'où
L'odeur douce des fleurs d'orange

Le grand soir maure de
Cordoue

Qu'au son des guitares nomades
La gitane mime l'amour
Les cheveux bleuis de pommade
L'œil fendu de
Schéhérazade
Et le pied de
Boudroulboudour

Il se fait soudain dans
Grenade
Que saoule une nuit de vin lourd
Un silence profond et sourd

Primo de
Rivera

Le verre est par terre
Un sang coule coule
Dommage le vin
Du bon vin
Lorca
Lorquito
Lorca c'était du vin rouge
Du bon vin gitan

Qui vivra verra le temps roule roule
Qui vivra verra quel sang coulera
Quand il sera temps
Sans parler du verre
Qui vivra verra

Il se fait soudain dans
Grenade
Que saoule une nuit de sang lourd
Une terrible promenade

Il se fait soudain dans
Grenade
Un grand silence de tambours


  

nordiq

#133


BON VIN ET FILLETTE

par Pierre-Jean de Béranger
L'amour, l'amitié, le vin,
Vont égayer ce festin ;
Nargue de toute étiquette !
Turlurette, turlurette,
Bon vin et fillette !

L'amour nous fait la leçon ;
Partout, ce dieu sans façon,
Prend la nappe pour serviette.
Turlurette, turlurette,
Bon vin et fillette !

Que dans l'or mangent les grands,
Il ne faut à deux amants
Qu'un seul verre, qu'une assiette.
Turlurette, turlurette,
Bon vin et fillette !

Sur un trône est-on heureux ?
On ne peut s'y placer deux ;
Mais vive table et couchette !
Turlurette, turlurette,
Bon vin et fillette !

Si pauvreté qui nous suit
A des trous à son habit,
De fleurs ornons sa toilette.
Turlurette, turlurette,
Bon vin et fillette !

Mais que dis-je ? Ah ! dans ce cas,
Mettons plutôt habit bas :
Lise en paraîtra mieux faite,
Turlurette, turlurette,
Bon vin et fillette !

  

bbchaton

Après les vents, après le triste orage

Après les vents, après le triste orage,
Après l'yver, qui de ravines d'eaux
Avoit noyé des boeufs le labourage,

Voicy venir les ventelets nouveaux
Du beau printemps : desja dedans leur rive
Se vont serrer les éclarcis ruisseaux.

Mon Dieu, pour moy cette saison n'arrive.
Le triste yver dure tousjours pour moy.
Si bien Amour de mon printemps me prive !

Bien que tout rit, rien de gay je ne voy :
Bien que de pleurs le ciel serein s'essuye,
Donner la fin à mes pleurs je ne doy.

Sans fin mes yeux versent leur triste pluye,
Et quand chacun se montre plus joyeux,
C'est quand plus fort plus triste je m'ennuie.

Sous la fraicheur des bois delicieux
Venus la gaye, et les Graces compagnes,
Et ses Amours font un bal gracieux.

Les Satyreaux aguetans des montagnes,
Courent après : le gentil patoureau
De son flageol éjouit les campagnes.

Dans les bosquets sur le verd arbrisseau
On oit chanter en son caquet sauvage
Et plaindre Ityl le Daulien oyseau.

Le ciel en rit, la prée et le bocage :
Et semble encor la Naiade en ses flots
Trepignotant dancer au doux ramage.

Mes chants plus gays ce sont tristes sanglots,
Et mon bal c'est de mille pas la perte,
Tous mes plaisirs mille espoirs vains et sots :

Le triste noir, c'est ma couleur plus verte :
D'infinis maux je sen le renouveau,
Des biens je per toute fleur entrouverte.

Rien de printemps je n'ay, sinon le beau,
(Ains mon yver, et printemps de Madame)
Dont je reçoy tousjours yver nouveau.

Doux son printemps : mais bruslante est la flâme,
Du chaud yver, qui me transist le coeur,
Par contréffort me martyrant mon ame.

A ta beauté du printemps la vigueur
Je parangonne, et les fleurs à tes graces,
A la saison de ton âge la fleur.

Mais en beauté le printemps tu surpasses :
A sa douceur cede ta cruauté :
Ta cruauté de douceur tu effaces.

Quand m'attirant de douce privauté
Tu me contreins de te sentir rebelle,
Et t'éprouver contre ma loyauté
Par ton refus ingratement cruelle.

Jean-Antoine de BAÏF   (1532-1589)